Le temps perdu
Tout ce temps perdu à murmurer des « je t’aime », à toi qui n’entends rien, toutes ces heures sous ton balcon sans écho, toutes ces distances parcourues à tombeau ouvert, toutes ces courses à perdre haleine, tous ces films que je me passe en boucle, toutes ces rimes alignées dans des pauvres madrigaux, tout cet éblouissement que je ne peux vider de ma tête, toutes mes pensées au garde-à-vous, tout ce futur qui n’attend qu’une étincelle pour exploser en feu d’artifice, tous ces cauchemars à ta seule effigie, toutes ces marguerites effeuillées, ces un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, tous tes nuages maquilleurs, tous tes orages hypocrites, tous tes cinémas précieux, tous tes arcs-en-ciel frauduleux tendus à l’infini, et tous tes troncs d’arbres au cœur fléché sans nos initiales, et tous tes hypocrites atermoiements, ces « à plus tard », ces « à demain », ces « peut-être », ces « pas envie », ces « jamais », ces « adieu », et toute ton ignorance, et toute ta désinvolture, et tous tes caprices, et toute ta frivolité et toute mon insignifiance…
Et le nonchalant ressac de la mer pour t’apprivoiser, et la vague sirupeuse bousculant la plage comme seules réponses, et le sable contondant pour regarder mes seules empreintes, et le fourbe parfum des forêts pour soupirer tes effluves, et le goût du silence pour écouter mes battements de cœur comme un bourdonnement solitaire, et tous ces coquelicots sans bouquet, ces bleuets sans bluette, et tous ces ponts sans soupir, tous ces fleuves qui ne vont pas jusqu’à la mer, et toutes mes larmes comme des pluies salées, et toutes mes vérités qui ne servent à rien, et tous mes châteaux en Espagne bâtis au ciment d’absurde, et tous ces Saints d’église qui n’écoutent jamais les vraies prières, et ce Jésus indifférent à la Détresse et au véritable Amour, et tous ces Dieux trompeurs appelés à la rescousse, et Allah, et Bouddha, et Krishna, et se convertir en messes noires, en prêtre païen, en offrandes occultes, en sublimes sacrifices…
Et tous ces pas de chance, et tous ces secrets sans importance, et tout l’Ennui accumulé comme un monstre apprivoisé, et toutes ces cigarettes grillées, et tous ces bêtes tatouages alignés, et toutes ces boules de cristal sans reflet, et toutes ces lignes de la main qui ne parlent jamais de ton prénom, et toutes ces gares sans oubli, et tous ces horaires de défaite, et toute cette salive sans baiser, toutes ces caresses sans peau, et tous ces bouquets de fleurs sans parfum, et toutes ces flammes d’Enfers qui brûlent dans mon ventre, et caché dans la torture, et engoncé dans mon pauvre costume d’épouvantail, te regarder fuir devant mes grimaces de misérable…
Et toutes ces nuits clandestines à recompter les pépites du ciel, attendre ton étoile filante pour y accrocher mes convoitises, m’endormir et, confus, mortifié, me réveiller en sursaut et me dire que je t’ai laissée passer, et tout recommencer la nuit suivante comme si c’était la première fois. Compter les secondes, les minutes, les heures, les jours et les semaines et apprendre sur le bout du cœur mes meilleurs discours ; renier mes amis, ma famille, ma raison, tout abandonner pour repartir sur tes barricades, à l’assaut de ton cœur. Et tous mes supplices, ces charbons ardents, et toutes mes auto flagellations, ces coups de fouet revenant, et toutes mes privations, ces disettes sans fin, et toute cette pénitence, ce temps, comme une chape de plomb, que je traîne en solitaire…
Mais rêver, rêver des heures et des heures, des jours et des nuits, te voir en double, allongée et dansante, alanguie et aimante, superbe et généreuse ! Guetter tous tes silences, tes moues, tes sourires, tes rires, les traduire au dictionnaire des Illusions ! Apprendre par cœur toutes mes adaptations intimes, tous mes mensonges inutiles, tout ce que je veux seulement comprendre, tout ce qui m’anime encore aujourd’hui, tout ce qui me donne la force de respirer !...
Catastrophe surnaturelle, falbala de mes parties érectiles, faiseuse de mes cheveux blancs, jardinière de ma folie, vil sablier enlisant, esclavagiste de mon cœur, cancer de mon âme, tu me ronges assidûment ; bible de ma religion, vierge souillée, icône vandale, je connais tous tes évangiles, du chapitre le plus inquisiteur au sermon le plus servile. Métronome de mon palpitant, tu bats les secondes assassines aux tic-tac de ton horloge dédaigneuse, négligente, tyrannique, moqueuse, insolente, perverse, avilissante…
Tout ce temps perdu à murmurer des « je t’aime », à toi qui n’entends rien, toutes ces heures sous ton balcon sans écho, toutes ces distances parcourues à tombeau ouvert, toutes ces courses à perdre haleine, tous ces films que je me passe en boucle, toutes ces rimes alignées dans des pauvres madrigaux, tout cet éblouissement que je ne peux vider de ma tête, toutes mes pensées au garde-à-vous, tout ce futur qui n’attend qu’une étincelle pour exploser en feu d’artifice, tous ces cauchemars à ta seule effigie, toutes ces marguerites effeuillées, ces un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, tous tes nuages maquilleurs, tous tes orages hypocrites, tous tes cinémas précieux, tous tes arcs-en-ciel frauduleux tendus à l’infini, et tous tes troncs d’arbres au cœur fléché sans nos initiales, et tous tes hypocrites atermoiements, ces « à plus tard », ces « à demain », ces « peut-être », ces « pas envie », ces « jamais », ces « adieu », et toute ton ignorance, et toute ta désinvolture, et tous tes caprices, et toute ta frivolité et toute mon insignifiance…
Et le nonchalant ressac de la mer pour t’apprivoiser, et la vague sirupeuse bousculant la plage comme seules réponses, et le sable contondant pour regarder mes seules empreintes, et le fourbe parfum des forêts pour soupirer tes effluves, et le goût du silence pour écouter mes battements de cœur comme un bourdonnement solitaire, et tous ces coquelicots sans bouquet, ces bleuets sans bluette, et tous ces ponts sans soupir, tous ces fleuves qui ne vont pas jusqu’à la mer, et toutes mes larmes comme des pluies salées, et toutes mes vérités qui ne servent à rien, et tous mes châteaux en Espagne bâtis au ciment d’absurde, et tous ces Saints d’église qui n’écoutent jamais les vraies prières, et ce Jésus indifférent à la Détresse et au véritable Amour, et tous ces Dieux trompeurs appelés à la rescousse, et Allah, et Bouddha, et Krishna, et se convertir en messes noires, en prêtre païen, en offrandes occultes, en sublimes sacrifices…
Et tous ces pas de chance, et tous ces secrets sans importance, et tout l’Ennui accumulé comme un monstre apprivoisé, et toutes ces cigarettes grillées, et tous ces bêtes tatouages alignés, et toutes ces boules de cristal sans reflet, et toutes ces lignes de la main qui ne parlent jamais de ton prénom, et toutes ces gares sans oubli, et tous ces horaires de défaite, et toute cette salive sans baiser, toutes ces caresses sans peau, et tous ces bouquets de fleurs sans parfum, et toutes ces flammes d’Enfers qui brûlent dans mon ventre, et caché dans la torture, et engoncé dans mon pauvre costume d’épouvantail, te regarder fuir devant mes grimaces de misérable…
Et toutes ces nuits clandestines à recompter les pépites du ciel, attendre ton étoile filante pour y accrocher mes convoitises, m’endormir et, confus, mortifié, me réveiller en sursaut et me dire que je t’ai laissée passer, et tout recommencer la nuit suivante comme si c’était la première fois. Compter les secondes, les minutes, les heures, les jours et les semaines et apprendre sur le bout du cœur mes meilleurs discours ; renier mes amis, ma famille, ma raison, tout abandonner pour repartir sur tes barricades, à l’assaut de ton cœur. Et tous mes supplices, ces charbons ardents, et toutes mes auto flagellations, ces coups de fouet revenant, et toutes mes privations, ces disettes sans fin, et toute cette pénitence, ce temps, comme une chape de plomb, que je traîne en solitaire…
Mais rêver, rêver des heures et des heures, des jours et des nuits, te voir en double, allongée et dansante, alanguie et aimante, superbe et généreuse ! Guetter tous tes silences, tes moues, tes sourires, tes rires, les traduire au dictionnaire des Illusions ! Apprendre par cœur toutes mes adaptations intimes, tous mes mensonges inutiles, tout ce que je veux seulement comprendre, tout ce qui m’anime encore aujourd’hui, tout ce qui me donne la force de respirer !...
Catastrophe surnaturelle, falbala de mes parties érectiles, faiseuse de mes cheveux blancs, jardinière de ma folie, vil sablier enlisant, esclavagiste de mon cœur, cancer de mon âme, tu me ronges assidûment ; bible de ma religion, vierge souillée, icône vandale, je connais tous tes évangiles, du chapitre le plus inquisiteur au sermon le plus servile. Métronome de mon palpitant, tu bats les secondes assassines aux tic-tac de ton horloge dédaigneuse, négligente, tyrannique, moqueuse, insolente, perverse, avilissante…
Wouaou !
RépondreSupprimerVoilà pourquoi on craque parfois, à force... ;-)
¸¸.•*¨*• ☆
quel texte !!
RépondreSupprimerj'aime particulièrement les "nuits clandestines" et les rêves d'amour ...
En voilà une qui a le don d'occuper ton temps "libre"
RépondreSupprimerEt bé... Tu ne fais pas les choses à moitié, j'admire...
RépondreSupprimerAh tu as oublié le "pas ce soir j'ai la migraine" ];-D
J'ai l'impression que tu parles à la vie plutôt qu'à une femme - c'est mon ressenti hein :-) - Mais de quelle façon magistrale tu le fais ! Bravo Pascal.
RépondreSupprimerBravo Roméo :)
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