samedi 11 février 2017

Dib - L'art de perdre son temps


Une journée comme tant d’autres

Cristine s’était levée, comme à l’accoutumée. Elle aimait se lever juste avant le soleil. C’était comme un rituel qui se décalait de quelques minutes, de jours en jours. Elle aimait cette osmose avec les minutes calculées. Ainsi, de bon matin, dans la pénombre, elle se préparait un café. Puis, sa tasse à la main, elle prenait place dans sa chaise-longue préférée. Ça aussi, elle aimait bien : se caler au fond de sa chaise, laquelle était positionnée juste où il faut pour prendre part au réveil des couleurs dans le ciel. Ecouter l’absence de bruit tout d’abord, puis une voiture au loin, une porte qui grince, un chien qui manifeste son désaccord au départ de son maître, la dame de la rue du port, qui passe à bicyclette, les étudiants, qui rentrent de boîte. Ce réveil de la ville observé depuis sa chaise longue l’enchantait. Un peu comme lorsque l’on contemple une tempête depuis un abri sec et au chaud. « Allez ! Allez ! Petites fourmis ! Allez donc ! », se disait-elle, en sirotant son café.

Cristine ne quittait son siège d’observation que lorsque la toile bleue était solidement retendue dans le ciel.

Après la course du soleil, c’était le ballet des heures égrenées. Tout allait si vite... 

Cristine ne savait jamais où passaient les heures et les minutes. Le sablier géant avait certainement sa logique. Un moment de lecture, et il était dix heures, un passage dans le jardin à observer les pousses et les insectes, à retirer quelques herbes envahissantes de ci, de là, et c’était la fin de la matinée. Venait ensuite le repas, suivi d’une course à faire – en prenant son temps, il faut bien socialiser – et c’était déjà le milieu de l’après-midi.

Jamais Cristine ne perdait son temps, pourtant. Elle lisait, marchait, écoutait une émission radio en épluchant les légumes, discutait de ce qu’elle avait appris à la radio, s’inquiétait de ses voisins, rendait service. A faire et à défaire, on ne reste pas sans rien faire. Puis elle allait se coucher, sereine, après avoir déplacé de quelques millimètres sa chaise longue, pour le lendemain matin. Ainsi passait la vie. Cristine la savourait.

14 commentaires:

  1. Arpenteur d'étoiles11 février 2017 à 09:29

    un belle vie tranquille et utile aussi, et le temps qui ne compte pas ... joli texte !!

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    1. Merci Arpenteur d'étoiles (un joli nom d'auteur aussi :))

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  2. Une vie qui coule comme un long fleuve tranquille... c'est calme, serein et bien écrit

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  3. stouf
    Vers 11h15 arrive stouf et son cabat remplit de légumes frais du marché, Christine aime bien aussi boire un petit verre de Chianti avec stouf avant qu'il se mette aux fournaux. Ils mangerons sur la terrasse en se souriant dans les yeux et le gros (chien Bulldog du prénom de Thierry) aura ses restes à attrapper au vol. Puis... christine et stouf feront une légère sieste sur le même gazon frais et Thierry ronflera gentiment.
    J'aime bien ton texte dib (muad dib de la série de bouquins "Dune" ?).

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    1. Excellent l'intrusion dans la vie de Cristine :)
      Bienvenue Stouf ! Ravie que tu aies partagé cette journée !
      Pour Dib, pas de lien avec Dune... !

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  4. Christine avait tout compris de la vie

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    1. Tout à fait ! Et c'est exactement ce que je fais rarement... Vive l'écriture pour nous rappeler les fondamentaux aussi :)

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  5. Voilà quelqu'un qui se contente simplement de Vivre...
    Sans se poser de questions, ce qui n'est déjà pas si mal !
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. C'est sûr.... Peut-être pas de tracas non plus... !

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  6. stouf
    Trotro ne veut pas faire la sieste.
    https://youtu.be/QQCGbF0ISK4?t=1279

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  7. Un gentil rituel de Vie, sans vague, sans clameur, sans espoir mais sans inquiétude ; j'aime bien le : "il faut bien socialiser..." pour garder un brin de dépendance humaine.

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    1. Une vie contemplative, sans vague en effet...
      Mais peut-être que Cristine s'endort le soir avec le stress d'une pluie torrentielle de nuit, qui détremperait sa chaise-longue et annihilerait son premier rituel de la journée... Sait-on jamais... :)

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