SALOPERIE FORESTIÈRE
Il avait plu, et dru, la matinée durant. À présent, dans la lumière moins pâle et l’air plus doux de cette forêt inconnue, Cattleya marchait parmi les arbres édentés qui grinçaient des mâchoires sans toutefois désengourdir les rares nichées d’oiseaux demeurés là pour l’hiver.
Toute à sa joie nouvelle, marchait Cattleya, les cuisses caressées par les plis de sa jupe de laine pure, cherchant çà et là, dans le sous-bois, où se défaire de ses trophées acquis la nuit dernière. Une belle étendue de mousse, brillante encore, comme étoilée, lui offrit l’écrin parfait pour la lame rougie qu’elle extirpa du ballot informe et odorant jeté sur son épaule. Au moyen de quelque linge qui le constituait, elle prit soin d’essuyer à nouveau le manche de corne, avant déposer le katana, pointé vers l’est, dans la molle verdure.
Quelques pas plus avant, elle avisa un entrelacs de basses branches et résolut d’y loger, à l’extrémité de celle qui s’élevait, torse, plus haut que les autres, la montre brisée marquant à jamais l’heure de son méfait libérateur, commis prestement et sans hésitation aucune, au terme d’une nuit qui n’avait plus vu poindre l’aube depuis une douzaine d’années, sept mois, quatre jours et presque trois heures.
Tout ce temps perdu en questions laissées sans réponses, en appels pour fin de non-recevoir, auprès de cet homme « ...brillant ! Brillant ! Il est juste brillant, quoi » aux yeux de tous, mais terriblement humiliant, dégradant et insidieusement pervers, envers elle, sitôt qu’il l’eut épousée et parée de tous les attributs de la femme soumise, de la mère accomplie, de la compagne accessoire…
Dans le terrier d’un petit mammifère rongeur, elle fourra l’agenda au blason gaufré. Avant de poursuivre, elle orna sa chevelure de fleurs de bulbes, pour leur audace précoce autant que leur éclat diaphane au parfum capiteux.
Un fossé profond, où stagnait une mare boueuse, lui permit de se débarrasser de son ballot, à l’exception d’un linge chiffonné, roulé autour d’un organe massacré, ainsi que de « son » vieux jeans de marque. Peu après, des croassements surexcités lui indiquèrent l’endroit où des corbeaux se disputaient une charogne. Cattleya jeta, dans la mêlée sauvage, la chair fraîche encore, histoire d’ajouter au carnage !
Revenue à l’aire d’autoroute qu’elle avait quittée, Cattleya entra dans le local WC, y quitta sa jupe en laine qu’elle jeta avec le chiffon ensanglanté dans une poubelle en sortant, après s’être chichement recoiffée et lavé les mains.
Quand elle prit le volant, la mèche rebelle et l’œil triomphant, Cattleya pu jouir du confort chaleureux conjuguant l’assise en cuir du siège conducteur et la souplesse de la toile de jeans, trop large pour elle, une tâche de sang séché à l’entrejambe.
Pour démarrer, souriant à sa fortune, la jeune femme prit tout bonnement le double des clés dans la poche avant gauche du pantalon de Paul.
Où prendre Tiniak par l'une ou l'autre de ses bretelles
Il avait plu, et dru, la matinée durant. À présent, dans la lumière moins pâle et l’air plus doux de cette forêt inconnue, Cattleya marchait parmi les arbres édentés qui grinçaient des mâchoires sans toutefois désengourdir les rares nichées d’oiseaux demeurés là pour l’hiver.
Toute à sa joie nouvelle, marchait Cattleya, les cuisses caressées par les plis de sa jupe de laine pure, cherchant çà et là, dans le sous-bois, où se défaire de ses trophées acquis la nuit dernière. Une belle étendue de mousse, brillante encore, comme étoilée, lui offrit l’écrin parfait pour la lame rougie qu’elle extirpa du ballot informe et odorant jeté sur son épaule. Au moyen de quelque linge qui le constituait, elle prit soin d’essuyer à nouveau le manche de corne, avant déposer le katana, pointé vers l’est, dans la molle verdure.
Quelques pas plus avant, elle avisa un entrelacs de basses branches et résolut d’y loger, à l’extrémité de celle qui s’élevait, torse, plus haut que les autres, la montre brisée marquant à jamais l’heure de son méfait libérateur, commis prestement et sans hésitation aucune, au terme d’une nuit qui n’avait plus vu poindre l’aube depuis une douzaine d’années, sept mois, quatre jours et presque trois heures.
Tout ce temps perdu en questions laissées sans réponses, en appels pour fin de non-recevoir, auprès de cet homme « ...brillant ! Brillant ! Il est juste brillant, quoi » aux yeux de tous, mais terriblement humiliant, dégradant et insidieusement pervers, envers elle, sitôt qu’il l’eut épousée et parée de tous les attributs de la femme soumise, de la mère accomplie, de la compagne accessoire…
Dans le terrier d’un petit mammifère rongeur, elle fourra l’agenda au blason gaufré. Avant de poursuivre, elle orna sa chevelure de fleurs de bulbes, pour leur audace précoce autant que leur éclat diaphane au parfum capiteux.
Un fossé profond, où stagnait une mare boueuse, lui permit de se débarrasser de son ballot, à l’exception d’un linge chiffonné, roulé autour d’un organe massacré, ainsi que de « son » vieux jeans de marque. Peu après, des croassements surexcités lui indiquèrent l’endroit où des corbeaux se disputaient une charogne. Cattleya jeta, dans la mêlée sauvage, la chair fraîche encore, histoire d’ajouter au carnage !
Revenue à l’aire d’autoroute qu’elle avait quittée, Cattleya entra dans le local WC, y quitta sa jupe en laine qu’elle jeta avec le chiffon ensanglanté dans une poubelle en sortant, après s’être chichement recoiffée et lavé les mains.
Quand elle prit le volant, la mèche rebelle et l’œil triomphant, Cattleya pu jouir du confort chaleureux conjuguant l’assise en cuir du siège conducteur et la souplesse de la toile de jeans, trop large pour elle, une tâche de sang séché à l’entrejambe.
Pour démarrer, souriant à sa fortune, la jeune femme prit tout bonnement le double des clés dans la poche avant gauche du pantalon de Paul.
Où prendre Tiniak par l'une ou l'autre de ses bretelles
et voilà un texte dense (un peu poétique aussi dans la forme) mais avec une héroïne orchidéenne maniant adroitement un sabre japonais et qui vit presque treize ans avec un homme insupportable qu'elle éradiqua, laissant enfin sa vraie liberté et une nouvelle vie fortunée (et une belle voiture) ... bravo l'ami !!
RépondreSupprimerC toujours un plaisir d'entendre... ton regard, l'Ami ;)
SupprimerUn texte en suspens, et en suspend, la fin appartient à chacun... ];-D
RépondreSupprimerBen... peux pas m'empêcher de demeurer "poLétique" et laisser tout un chacun libre d'interpréter ce qu'ici je pro'prose (hin hin), mais, comme dans un polar, ce texte est parsemé d'indices que la fin rend évidents, non ?
SupprimerUne méticulosité qui fait froid dans le dos et à l'entrejambe aussi...
RépondreSupprimeril y a bien longtemps que je n'avais goûté ta prose, l'ami !
T'rappelles Poupoune ?...
SupprimerC'est un peu elle que je plagie, ici; que j'invoque, en tout cas ;)
Quel plaisir!
RépondreSupprimerServiteur :)
SupprimerC'est bien l'enjeu de ce lieu que de partager les plaisirs de lire et d"écrire, et ce, depuis bientôt 13 ans, quand même ! grâce à la permanence bienveillante des administrateurs et à la participation fidèle des membres que nous sommes.
VIVE LA CULTURE !! VIVENT NOS ECHANGES !!
J'ai cru d'abord à une histoire venue d'ailleurs dans le temps avec ses rituels : "katana pointé vers l'est" fleurs dans la chevelure et "l'organe massacré" auxquels s'ajoute le prénom peu commun Cattleya. La fin ramène à notre époque. Une audacieuse disparité, intrigante, troublante, habile. Bravo.
RépondreSupprimerMerci, Marité :)
Supprimer... d'être ici pour un plaisir partagé ♥
Gloups ! Ton texte fait froid dans le dos ... La vengeance s'étalant sur la mousse, et les pensées sanglantes semées comme les cailloux d'un petit Poucet désespéré ....
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