La course
Les hommes, quand ils courent, ils ne pensent pas, et c’est pour cela qu’ils courent.
Les hommes, quand ils courent, ils ne pensent pas, et c’est pour cela qu’ils courent.
Tout gamin, ça commence dans la cour de récré ; c’est après un ballon, puis c’est après les filles, puis c’est après un emploi, puis c’est après les vacances et c’est après la retraite. Toute leur vie, ils courent après la réussite et la fortune. Certains de leur auréole, ils courent après la coupe, la victoire, le challenge, la gloire, les lauriers. Ils courent sur les champs de bataille, ils courent les soldes, ils courent les expositions, les cinémas, les boulevards, les alcôves. Ils courent deux lièvres à la fois, ils courent le guilledou, ils courent à perdre haleine. Ils courent après une augmentation, après des illusions, après des chimères ; ils courent après un Dieu, après le bus, après la gueuse, après tout ce qui brille. Ils ne tiennent plus, ils courent ; ils ne partent pas à point, ils courent ; dératés, ils courent. Autour du monde, ils courent à l’aventure, et quand ils retournent à leur point de départ, ils repartent en courant à la conquête des étoiles ; ils courent en avant pour ne pas tomber en arrière.
C’est une course contre la montre pour rattraper le Temps, comme s’ils voulaient le doubler, comme s’ils voulaient le dominer de leur éphémère place de premier. Vieux, ils regardent courir les autres, au stade, à la télé, aux champs de course, au cimetière. Toute leur vie durant, les hommes, ils courent à leur perte, ils trébuchent, et ils meurent en courant.
A bout de souffle, comme des fugitifs dans la prison du Temps et de la planète, ils courent pour dépasser l’Ennui, celui qui les ramènerait indubitablement à leur condition précaire d’illusoire passager terrestre. Comme des acharnés, ils font l’Amour en courant, ces volages ; ils courent, inlassablement ils courent, et leur seule empreinte temporelle est leur descendance, elle-même se mettant naturellement à courir après le jour, la naissance, le sein, la cour de récré, le ballon, et tout recommence …
Ils inspirent et un jour ils expirent... c'est mécanique :)
RépondreSupprimerAutrefois j'ai couru, maintenant je me hâte lentement, et bien même comme ça, un jour je serai à bout de souffle, PFUUU, PFUUU, PFUUU. ];-D
RépondreSupprimerça nous ramène terriblement à l'art de perdre son temps, tout ça
RépondreSupprimerbien sur les hommes courent tout le temps enfant, adolescent, adulte et parfois un peu vieux ... mais en vélo ou en marche rapide, ou en jogging, on pense tout le temps à l'ancien temps et à l'avenir ...
RépondreSupprimerFaire l'amour en courant ? C'est vrai que les gens n'y pensent pas, c'est un remarquable gain de temps... :-P
RépondreSupprimerMais ça ne doit pas être facile !
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Je vois que tu n'as gardé que cette phrase pour ton commentaire. :) Ce doit être le printemps qui arrive... à grands pas...Pour répondre à ta question, tout est une question de rythme, chère Célestine. La cadence est mère de sûreté... :)
SupprimerComme ouf ouf je suis ouf ouf d'accord!
RépondreSupprimer"Les hommes, quand ils courent, ils ne pensent pas, et c’est pour cela qu’ils courent". J'aime bien cette idée. Enfant, j'aimais si peu courir que je courais très vite, pour que l'épreuve cesse. Je suis devenu champion d'académie...
RépondreSupprimermerci Pascal, car tu viens de donner des réponses à une des nombreuses questions qui me traversent la tête : pourquoi les gens courent ?
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