mercredi 19 octobre 2016

Fleur de Bruyère - Ce matin trois cheveux blancs

Janice au miroir

Ce n'était pas vraiment trois cheveux blancs qu'elle s'était découverts dans le miroir ce matin...
Ce stade, elle l'avait déjà dépassé.

Elle se regarda longuement. Tout comme une jeune fille, là-bas, au pays, se regardait aussi dans le miroir, se demandant anxieusement si elle pouvait plaire.

Toutes deux se posaient la même question. A mille kilomètres de distance.
Et pour le même enjeu.
Pourraient-elles lui plaire ?

Janice dans le fond, se préoccupait peu de plaire. Ou non. Comment savoir? Qu'est-ce qui fait qu'on plaît ou ne plaît pas? En tout cas, elle avait le bon âge. Presque trente ans. La situation. Une bonne situation. Le dynamisme. La petite Volkswagen blanche. Comme sa chevelure. L'humour à froid. Un certain "je m'en foutisme". Et elle était sportive. Elle avait de l'appétit. Même maigre, même anguleuse, même "laide" au sens commun du terme – ou de la mode, bref, de l'apparence. L'appétit de vivre. Donc. De séduire. Et elle y arrivait. C'était l'un ou l'autre: elle repoussait ou elle séduisait. Jamais de demi-mesures. Cette fois, elle y arriverait encore.

Alors, trois cheveux jouaient-ils leur partie dans ce concerto? Qu'importait? Dans quelques heures, Son amie-collègue et elle partiraient à bord du catamaran, en équipe, pour filer sur la mer. La Loire-Inférieure brillerait de tous ses feux, mer et campagne brûlantes sous l'été, et les gouttes d'eau de mer iriseraient sa chevelure filetée de blanc, à la coupe nette et courte.

Et cette nuit, cette nuit... Et les autres nuits. Elles auraient le lit, l'amour, le couple, les membres enlacés, tout. Et même l'alliance, un jour lointain.

***
Plus loin, beaucoup plus loin, la jeune fille aux longs cheveux châtains, à la féminité hésitante, perdait son premier amour, son amour de jeunesse, son rêve irréalisable. Dix-huit ans dans un mois. Et l'étoile qui brille toujours au firmament. Bien sûr, ce n'était qu'un premier amour. Qu'un amour de jeunesse, qu'un rêve irréalisable. Des tonnes de pages écrites et jamais révélées. Des portraits, des poèmes, des rêves à en pleurer. Alors quoi ?

La morale de cette histoire, c'est que trois cheveux blancs ne sont pas un obstacle à l'essentiel, quand on a près de trente ans.

C'est-à-dire le bon âge. Au bon moment. Au bon endroit.

Bref, la vie devant soi.

4 commentaires:

  1. Trente ans...tu nous fais rêver là...
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  2. Je pense sincèrement qu'ils ne sont pas plus un obstacle à l'essentiel lorsqu'on a moins de 30 ans :-).
    J'aime beaucoup Janice. C'est un joli texte.

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  3. Arpenteur d'étoiles20 octobre 2016 à 16:06

    tu as tout à fait raison Fleur de Bruyère, c'est le bon âge au bon moment, au bon endroit. La vie est là, à fleur de peau et quelques cheveux blancs n'ont pas de gravité ...
    j'aime bien ce prénom "Janice"

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  4. Merci pour ces commentaires qui rendent justice à un personnage que je n'ai pourtant pas toujours gâté(e) ... Elle pourrait devenir un personnage à part entière.

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