En 2013, la révolution
porte mon nom
En l’an deux mille treize de notre ère, parmi
de nombreux autres événements,
Barack Obama prête serment pour son second
mandat à la Maison Blanche,
la diplomatie russe fait un retour en force
au premier plan de la scène internationale,
François premier chamboule la description de fonction du métier de Pape,
le monde arabe est embrasé par de nombreux
conflits,
la loi autorisant le mariage pour tous est
votée en France,
Angela Merkel atteint les plus hauts sommets,
tandis que Silvio Berlusconi ne cesse de dégringoler,
sans oublier que l’immense
Nelson Mandela tire sa révérence.
Un jour de juin de cette année-là,
je regarde, tout à fait par hasard, « Le
journal de la santé », une émission
animée par Michel
Cymes ; les chroniqueurs vantent les mérites des capteurs d’activité connectés,
et donnent des conseils aux téléspectateurs pour
qu’ils fassent le bon choix, parmi les nombreux modèles présents sur le marché.
Je retiens que, pour contrôler son poids,
marcher dix mille pas par jour est un minimum et, avec la ferme intention de me
remettre en mouvement, je me suis rapidement équipée de ce bracelet.
Jamais je n’aurais imaginé qu’un aussi
petit objet soit assez puissant pour me quantifier !
Le premier était horrible ; celui que je porte aujourd’hui est
nettement plus esthétique et plus performant.
Il enregistre le nombre de pas que je
marche chaque jour, la vitesse moyenne, la distance parcourue ; il établit même une série de beaux graphiques pour analyser l’évolution de toutes ces données.
La férue de chiffres que je suis a tout
pour être heureuse !
Il me stimule, aussi ; il me gronde quand je mange trop, me dit
quand je dois me lever, respirer profondément, me mettre à bouger ; il me félicite
quand la journée a été bonne ou quand j’ai perdu quelques centaines de grammes.
Ce n’est pas tout ! L’engin vibre quand le téléphone sonne ou que je reçois
un message ; si je le portais pendant la nuit, il enregistrerait même mon sommeil et me dirait chaque matin si j’ai ronflé mais, pour cela, je n’ai pas besoin du du moindre capteur, je reçois l’information directement de Monsieur Turquoise.
« C’est très bien, ma p’tite dame, me
soufflent des voix bienveillantes, mais vous
semblez oublier certaines choses ! »
— Est-ce bien prudent de confier toutes ces données personnelles à l’homme
de la Pomme ? Quelle peut en être l’utilisation
?
— Avez-vous déjà calculé le nombre de fois que vous consultez votre écran pendant une journée
? Vos interlocuteurs pensent systématiquement que vous regardez l’heure,
et que vous vous ennuyez avec eux. Est-ce bien cela que vous souhaitez ?
— Savez-vous que l’hyper-connectivité est une addiction ?
— Vous qui pratiquez le yoga, mangez bio chaque fois que vous
en avez l’occasion, êtes très proche de la nature, ne
trouvez-vous pas paradoxal d’accepter d’être interrompue en permanence par la vibration de ce parasite ?
Je partage toutes ces objections, et bien d’autres encore ; pour le moment,
je les balaie toutes d’un revers de la main.
L’an deux mille treize de notre ère a été celui
de ma révolution personnelle !
J’avais vécu les vingt-cinq années précédentes
en pesant plus de cent kilos, et la balance en affichait près de cent vingt
quand ce bracelet est entré dans ma vie.
Dès réception, j’ai enfilé le
capteur d’activités, pris l’habitude de marcher avec mon chien plusieurs fois
par semaine, puis au moins une fois par jour, en allongeant progressivement la
promenade ; j’ai ensuite garé ma voiture de plus en plus loin, complété la
marche par du vélo ; depuis quelques mois, j’ai même entamé un programme de
course à pied, en me fixant l’objectif de participer au « woman race »
de Liège le quatre mars prochain.
Quand j’ai commencé à encoder tout ce que
je mangeais, ce coach virtuel m’a tout de suite invitée à supprimer la
plupart des extras pour me focaliser sur des aliments plus nutritifs ; j’ai ensuite découvert la magie de voir le nombre de calories autorisées
augmenter avec l’activité physique. Intellectuellement, je connaissais toutes ces
évidences depuis fort longtemps. Le voir
sur un écran, et agir consciemment sur le phénomène, a eu sur moi un effet déclencheur.
C’était le début du cercle vertueux.
Une fois que la balance a commencé à être
sympa, la persévérance a rejoint la motivation, et j’ai perdu quasi
cinquante-cinq kilos en trois ans.
Pourtant, je n’ai pas encore atteint le
Graal.
Je sais comment prendre du poids.
Je sais aussi comment en perdre.
Je n’ai pas encore trouvé le mode d’emploi
pour le maintenir à long terme.
Et si, maintenant, j’utilisais
mon intuition pour essayer de stabiliser cet équilibre,
toujours fragile, entre l’alimentation
et le mouvement ? Je ne consulterais plus la balance que de temps en temps, et en remplacerais le bracelet
connecté par une montre qui se contenterait d’afficher l’heure.
2013, année diététique... ;)
RépondreSupprimer... et dynamique !
SupprimerIl faut bien que la modernité serve à quelque chose ! Je suis confiante : tu sais relativiser. ;-)
RépondreSupprimerHeureusement !!!
Supprimerplus branché, tu meurs ! pétillante chronique d'une addict aux diktats des nouveaux gourous !
RépondreSupprimer:-)
SupprimerOrwell était un petit, un tout petit ! Regarde où nous en sommes...
RépondreSupprimerQuant à ce Cymes, il me gonfle sévère, faut il vraiment qu'on nous rebatte les oreilles avec des fais pas ci... Fais pas ça ?
Juste prendre ce qui est utile, puis jeter le reste !
SupprimerPour moi qui ai jeté ma montre aux orties quand j'ai pris ma retraite, il y a de quoi être impressionné par ce "coach" au poignet !
RépondreSupprimerProfite en bien, Turquoise... avec modération
Je ne vais pas garder ce coach au poignet jusqu'à la fin de mes jours !!!
Supprimerje n'aurais jamais pensé que ça puisse si efficace :)
RépondreSupprimermais probablement que ça ne suffit pas, encore faut-il être motivé et prêt à modifier toutes ses habitudes
Peu importe le moyen, la méthode est universelle : trouver, pour soi-même, le meilleur équilibre entre l'alimentation et le mouvement... en tenant compte des émotions du moment... tout un programme !!!
Supprimerbien évidemment, tu as raison sur la notion d'équilibre à trouver, quel que soit le problème de vie d'ailleurs...
Supprimeret c'est un excellent témoignage sur cette interrogation là
J'ai une amie qui me fait marrer, avec son podomètre... Elle me parle aussi des 10.000 pas par jour. Un jour, on a fait une expérience, partir de chez moi à pied pour le tour de mes courses classique : pharmacie, éventuellement, marchand de journaux, grande surface, courses, retour, de porte à porte. Je ne sais plus le nombre de pas, mais il n'y en avait quand même pas mal. Ceci dit, nous ne sommes pas d'accord. Elle dit que je marche plus qu'elle (parce que je n'ai pas de voiture), mais elle fait des marches sportives !
RépondreSupprimerBon ceci dit, je sais que tout ça n'est pas facile. Il y a quelques années, j'ai perdu beaucoup de poids, mais un moment donné, lors de certaine difficultés, j'en ai repris beaucoup - pas tout, mais quand même. Donc, il faut recommencer (pour une question de santé). Et ce n'est pas facile ..........................