mercredi 10 janvier 2018

TomTom - 13 desserts

On regrettera 2007


 Ah cette année 2007 ! Par où commencer ? Certainement pas dans l’ordre, mais dans le désordre. Sacré bordel qu’ils nous ont foutu ces deux jeunes de la politique, j’ai nommé Ségo et Sarko. Arrivés comme deux petites pièces de porcelaine dans un paysage d’éléphants, ils ont passionné le pays et fait exploser le taux de participation aux élections. Un débat de premier tour qui restera dans les annales, le néologisme de « peoplitique » pour désigner la mise en avant de la vie privée des femmes et hommes politiques, sans compter les déclarations chocs – « ordre juste » et « bravitude » contre « droite décomplexée » qui « redonnera du pouvoir d’achat aux Français »...Décidément, ces deux nouvelles têtes que beaucoup considéraient à l’époque comme bas de gamme et novatrices nous paraissent bien sérieuses et classiques au vu du spectacle offert en 2017. Résultat : victoire nette de Sarko. L’amie Ségo, en larmes le soir de sa défaite, a pu tranquillement retourner suivre le conseil d’un charmant éléphant aux défenses bien incisives et « s’occuper des gosses ».

En ce lendemain de défaite face à un personnage trop agressif et mauvais en syntaxe, nous, jeunes gauchistes littéraires aux petites têtes encore remplies d’idéaux, sommes arrivés aux couleurs du deuil pour composer notre dissertation d’histoire. Le professeur, vieux loup de mer qui ne manquait pas d’humour, nous balance un « Bon ! Y a des fois comme ça...Ça vous tombe dessus ! Paf ! Bon ! J’avais pourtant préparé ce sujet il y a longtemps... », avant d’annoncer la couleur : « la déliquescence de la gauche entre les deux guerres ». Éclats de rire malgré la pression du devoir.

Trêve de plaisanterie. En 2007, ça rigole plus : interdiction de fumer dans les lieux publics. Soudain, on respire dans les bars et l’odeur de transpiration envahit les dance-floors de discothèques, jusqu’ici plus habitués à celle de la clope. Heureusement, les gérants paniqués équipent rapidement les lieux de diffuseurs de parfums pour tenter – en vain – de cacher cette misère olfactive inopinée.

Mais le grand événement qui a changé un paquet de choses pour nous cette année n’a rien à voir avec les clopes, même s’il fume aussi. J’ai nommé le TGV-Est qui nous a rapproché de la capitale. À peine plus de 90 minutes séparent désormais Paris la Blanche de la cité ducale. Ils en ont de la chance, les Parisiens ! Nous au final, en s’en fout, on est bien ici. Et puis, le Corail c’était tellement moins cher. 

Et puis en y repensant on n’était pas malheureux nous, à consacrer tout notre temps aux lettres, à cette chose que la société dans son ensemble considère comme sans valeur. Un luxe qu’on regrettera dix ans plus tard. On regrettera 2007 car sa crise des subprimes qui éclate en septembre ne laisse encore rien présager du chômage de masse qui allait nous toucher une fois le diplôme en poche. On regrettera 2007, avec sa blague de menace terroriste matérialisée par des sonorités enfantines - le « Plan Vigipirate » -, quand l’Europe vivra dix ans plus tard au rythme des incessants attentats islamistes. Bref. On regrettera 2007 quand on repensera à l’insouciance de notre jeunesse à la fois studieuse et fofolle, nous les adultes responsables, prisonniers d’un monde de plus en plus violent et anxiogène.

10 commentaires:

  1. Tom Tom : Il est toujours joli le temps passé... Ce que je regrette ça n'est pas l'année 1959, 50 à 60 heures par semaine dans une usine, ma moto, mes jolies fiancées en robes juponnées à carreaux vichy, Los Machucambos, Little Richard, Le King... Non ce que je regrette de 1959 ce sont mes vingt berges. ];-D

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    1. C'est exactement le propos:) D'où la dernière phrase. Même si objectivement, on ne peut nier l’aggravation du contexte, c'est d'abord une nostalgie de la jeunesse. Être encore passionné de politique, aller en boîte de nuit, etc.
      "MES jolieS fiancéeS" ah ben on a bien profité !

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  2. J'avais 20 ans en mai 68. Et j'étais à Paris. Et tout le reste. Mais "non, rien de rien, je ne regrette rien." Car j'ai fait ce que j'ai pu...

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    1. Comme mes parents !! Mais ils étaient à la campagne et très gaullistes, donc bon^^

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  3. En 2007 j'avais arrêté de fumer depuis 25 ans et s'il y a bien une chose que je ne regrette pas c'et celle-ci...

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  4. non, je ne regrette pas 2007, année où la période de chômage, puis d'intérim épouvantable de mon conjoint commençait...année où j'apprenais le cancer avancé de ma mère le jour de mon anniversaire, et alors que mon père sombrait dans la sénilité...

    mais une des choses importantes qui m'a permis de tenir dans ces temps là a été mon investissement sur le site des Impromptus, mais aussi d'écrire chaque jour en publiant un texte par jour sur un des 2 blogs d'écriture que je tenais alors :)

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    1. Sale année oui.

      Ah l'écriture...Qu'est-ce qu'on ferait sans elle ?

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    2. Ça c est vrai je te connais depuis ce temps là.

      J aime beaucoup le texte de TomTom

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  5. Chaque année apporte son lot de souffrance et de bonheur, j'espère en vivre encore beaucoup... :)

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