Martin
26 Mars 2008. Naissance de mon premier petit-fils et première visite.
26 Mars 2008. Naissance de mon premier petit-fils et première visite.
Bonjour
mon petit bonhomme, te voilà donc invité au grand festin de la Vie,
te voilà donc une nouvelle étoile brillante dans le ciel préparé
juste pour toi, te voilà donc investi de la mission de vivre pour le
bonheur de toute ton ascendance qui te contemple.
Ton
berceau est bien ton trône. J’ai vu défiler les rois mages et
puis tous les autres et j’ai vu aussi leurs larmes de joie, ces
perles de cristal, ces rivières de diamants, qu’ils t’offrent
humblement pour te parer de tout leur Amour. A tes pieds, ils
t’admirent, ils prient le bonheur de ton existence toute neuve.
Quand tu bailles ou quand tu penches ta petite tête à la recherche
de la chaleur du sein ou pour un simple rictus, une esquisse de
sourire, ils voient un Ange. Ils voient leur Ange en vrai. Je crois
qu’ils se voient en tout ce qu’ils ont de bon. Tu es le
réceptacle du Bonheur qu’ils te gardaient. Tu es le creuset de
l’or qu’ils te fondent.
Tu
accapares les foules admiratives de ta présence au soleil des
premières heures de ta vie. Ton public est conquis et pour une larme
fondue au brouillard de tes yeux bleus, c’est ton auditoire qui
pleure ton jeune tourment. Tu as mis dans leurs poches leurs plus
beaux mouchoirs car ces larmes sont la plus grande fortune de ces
gens que tu rends heureux.
On
est venu de loin pour te connaître et prendre tes trois petits kilos
dans les bras et si tu ne pèses pas bien lourd, tu as mis tout ton
poids dans les cervelles alanguies et tu prends toute la place. Tu as
deux jours et tu as comblé, déjà, toutes les mémoires.
Tu
es tout neuf et tu fabriques nos souvenirs. Tu en réveilles
d’autres, bien plus lointains…De ces souvenirs qu’on croyait
éteints parce que les années savent bien enrouler les heures du
temps. On regrette, l’instant d’un éclair, ceux qui ne te voient
pas et ceux qui ne te verront jamais, pour leur faire partager le
bonheur de ta venue. On a une pensée pour eux et puis, on s’aperçoit
qu’on est à leur place, à la première place. On devient la
mémoire du passé, témoin du présent et confiant dans le futur,
simplement parce que tu es là. Tu resitues les générations, tu
organises leur emploi du temps à venir, tu planifies des fêtes, des
rires, des joies, des chansons, tu es la Vie. Tu as ta place décorée
dans le calendrier du Bonheur pour tous les trois cent soixante cinq
jours à venir.
Tu
es capital, tu es le futur qu’il me fallait pour bien vieillir au
présent. Tu es l’invité permanent dans mon Pays de j’aime à
dire. Tu dors et tu éclaires les visages penchés sur toi. Tu es
bien l’attraction et le centre de ton nouveau monde. Tu viens de
fabriquer en naissant, des oncles, des tantes, des papys, des mamys,
des parrains, des marraines, tu es le plus petit et tu bouscules
toute ta famille. Tu distribues sans condition à la hiérarchie
piétinante, toutes les priorités. Du haut de tes quarante neuf
centimètres, tu mets tout le monde à ta hauteur, tu mets tout le
monde en ordre de marche, presque à ton pas.
Tu
vas apprendre à tes parents tout ce qu’il n’y a pas dans les
livres, tu vas leur donner ce qu’ils espéraient le plus au Monde.
Quelle belle aventure, tu vas vivre. Tu fabriques des cannes pour les
anciens, celles qui ne dérangent pas pour marcher parce qu’elles
ont de la valeur, parce qu’elles portent plus facilement et
qu’elles font des compagnes utiles et qu’on n’oublie pas…
Auprès
de toi, chacun reconnaît ses gènes. On te trouve des airs d’untel
ou les cheveux d’unetelle. Tes longs doigts sont les miens ;
ceux d’un pianiste qui n’a jamais trouvé sa partition mais qui
sait déjà te bercer avec des refrains devenus, maintenant, anciens.
Ton
nez est à la grand-mère, tes fossettes à la tante, tes cheveux
bouclés à ton père, mais tes oreilles sont sourdes à toutes ces
rumeurs. Tu es unique et tu ressembles à toute ta Famille. Tu es le
fruit d’un arbre, aux longues racines, bien planté dans cette
terre et c’est l’Amour seul, qui t’a fait pousser.
Tu
es l’apothéose de notre patrimoine, le bien le plus précieux,
inestimable à tous nos yeux, le fleuron des années à venir, le
flambeau repris, la continuité bienheureuse, le chaînon qui
manquait, le sourire en coin du Papy… Tout le monde te veille et te
surveille. On te couve des yeux et tu remplis l’espace de force
vitale. Chacun te dessine un avenir à la hauteur de ses propres
ambitions.
Un
hoquet ? Tout le monde se tait et retient sa respiration pour le
faire passer. Une toux ? Toute l’assistance se racle la gorge.
Un éternuement ? Il faut vite fermer cette fenêtre entrouverte
et te couvrir avec la belle couverture saumon que Mamy a tricotée !
Tout le monde encore, est suspendu à tes borborygmes comme une
assemblée de spécialistes attentifs. Tu têtes ta maman et nous
tétons tous, avec une application admirative, l’ambiance feutrée
de la chambre. Quand un Ange vient dans le monde et qu’il se pose
si près, on a l’impression que le Bonheur est palpable.
Et
puis, ta petite main m’a attrapé le doigt et je n’ai plus été
capable de penser à l’endroit. J’ai senti la chaleur de ta
menotte agrippée et je n’osais plus respirer. Ton premier message
générationnel a fait taire mon discours intime. J’ai avalé ma
salive, reniflé doucement et j’ai posé un baiser sur ton front,
le premier, le plus fort, le plus concentré, celui qui vient du plus
loin… celui de la région du cœur…
Bientôt dix ans et une belle preuve d'amour à un "grand" !
RépondreSupprimerLorsque l'enfant paraît...
RépondreSupprimerFélicitations au papi !
RépondreSupprimerOn fond de bonheur pour le premier, puis le second...C'est chaque fois le même émerveillement. Tu le dis si bien Pascal !
RépondreSupprimerjoli billet tendre, en reconnaissance à la petite pousse de la nouvelle génération :)
RépondreSupprimeret combien ils nous attrapent le cœur ces petits là !
Quel bonheur pour l'enfant qui lira ces mots ! ;-)
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