A chacun son excursion.
- Que fais-tu, là, dans
le noir avec un bandeau sur les yeux ? Tes migraines ne te lâchent
toujours pas ?
Marie enlève son turban
et se redresse dans son fauteuil. Elle me semble bizarre aujourd'hui
et émerger de je ne sais où.
- Non, ça va. Je faisais
le tour de moi.
- Le tour de quoi ?
- Tu n'as pas lu la
phrase de Gandhi qui dit quelque chose du genre : on apprend plus en
faisant le tour de soi qu'en faisant le tour du monde. Je ne me lasse
jamais d'apprendre alors aujourd'hui, je fouille...mon moi intérieur.
Cela ne t'arrive jamais ?
- Moi ? tu veux rire. Si
je tourne sur moi-même je ne saurai plus où je suis et qui je suis.
J'aurai le tournis quoi.
- Pfffiou ! Que t'es bête
quand tu t'y mets. Fais semblant de ne pas comprendre...
- Si, je vois tout à
fait et je me demande quel intérêt tu trouves à t'auto-analyser.
Sauf à ruminer toujours les mêmes questions.
- Il faut que je sache ce
qui cloche en moi. Quand je l'aurai découvert, je saurai enfin
pourquoi Claude est parti.
- Rien du tout. Claude a
foutu le camp et bon vent. Tu devrais plutôt applaudir au lieu de
regretter ce macho jamais content et qui te trompait en plus.
- Tu te moques de tout.
Même de l'amour. Je ne sais pas comment tu t'y prends pour te
comporter de façon aussi je-m'en-foutiste.
- Loin de moi l'idée de
vouloir te faire du mal Marie mais je te répondrai que je ne cherche
pas midi à quatorze heures. Je prends la vie comme elle vient et je
me dis carpe diem. Essaie de ne plus perdre ton temps à te sonder.
Bouge. Et tu verras que tout ira mieux.
- Tu ne t'es jamais
interrogée sur ton passé : ton enfance, ton adolescence, ce qui a
été ta vie jusque là, en somme ? Moi si. J'ai trouvé des
explications à des problèmes que je pensais insolubles surtout
concernant certaines blessures.
- Qui ne porte pas en lui
des blessures jamais cicatrisées ? Mais ce n'est pas en grattant que
les plaies guériront. Bien au contraire à mon avis. Pour panser
ses blessures, il vaut mieux éviter de trop en chercher les causes.
- Je ne suis pas
d'accord. Du tout. Il faut, au contraire extraire de son subconscient
- ou du moins tenter de comprendre - ce qui réveille en nous de
mauvais souvenirs nous faisant réagir de façon souvent exagérée.
Il faut les exorciser et la meilleure façon de le faire est de les
regarder en face.
- Des bêtises, tout ça
! On se croirait chez un psy et moi, tu sais, les psys, je les fuis.
- Nous sommes
suffisamment proches pour que je te dise le fond de ma pensée : tu
te comportes en indécrottable orgueilleuse et pour ne pas ternir
ton ego, tu pratiques la politique de l'autruche.
- Mouais ! Mais bon, tu
remarqueras que l'on se penche justement sur son ego souvent parce
que quelque chose ne tourne pas rond.
- Normal. Cela permet
d'avancer. Mais non, tu as tort : on peut aussi puiser des forces à
se remémorer des moment de bonheur et tu ne peux pas savoir le bien
que l'on éprouve.
- Laissons-là cette
philosophie à deux balles. Chausse tes baskets et va te promener
dans les bois.
- Cela ne m'aidera pas à
résoudre mes difficultés.
- Écoute le vent dans les
arbres, le chant des oiseaux, les murmures de la forêt. Écoute même
le silence, il parle. Observe la nature. Tu vas relativiser. Pour
moi, c'est la meilleure thérapie qui soit.
- Parce que tu penses que
la nature est un baume ?
- Est-ce que les animaux
se posent des questions existentielles ? Ils vivent tout simplement.
Il serait bon que nous apprenions à utiliser notre intelligence de
façon moins futile.
Tu seras surprise, au
bout du chemin de constater que tu n'as pensé à rien, absolument
rien. Je t'assure, on se sent lavé, ressourcé.
- Peut-être mais je ne
saurai jamais pourquoi Claude m'a quittée.
Mais je ne t'ai pas quittée, regarde autour de toi !!
RépondreSupprimerHihi ! C'est Marie qui va être contente...de retrouver son Claude, grâce aux Impromptus.
RépondreSupprimerClaude, es-tu là ?
Deux coups pour oui, un coup pour non.
Supprimer-TOC TOC
-Et TOC ... ?
Normal Claude est Normand. ];-DE
Si c'est Claude François, il ne faut pas chercher trop loin : il avait une ampoule à changer.
RépondreSupprimerUn de perdu, dix de retrouvés, ça ne marche pas au féminin ?
https://youtu.be/4NCN-1K0n9w
Parce que Claude est un con :D Au suivant !
RépondreSupprimerTu crois ? Mais attention Tomtom : il se cache chez les Impromptus !
Supprimer:-)))
en fait les deux personnages ont tous deux raison : il est intéressant de comprendre ce qui s'est passé, surtout si ça nous a fait souffrir, afin d'en comprendre les enseignements et évoluer différemment, mais il est indispensable de vivre aussi pleinement et de continuer à avancer tout en même temps
RépondreSupprimerpar ailleurs, les psy, même si on les fuit, ils s'invitent à la discussion, comme je suis entrain de le faire à présent :)
ce qui est loin d’être évident, j'en conviens
la plupart des personnes faisant soit l'un soit l'autre
Tisseuse, tu as bien compris que j'ai voulu caricaturer. Y suis-je seulement arrivée ? Ce n'est, bien entendu, qu'un exercice d'écriture. Loin de moi l'idée d'abonder dans un sens ou dans l'autre en ce qui concerne les avis des deux antagonistes.
SupprimerEt, pour ta gouverne, je suis actuellement bien placée pour savoir que les psys sont indispensables à certaines personnes à certains moments. ;-)
c'est très bien vu, je te rassure, car c'est très souvent que ces 2 types de position s'opposent :)
SupprimerTrès bien vu ce dialogue ! Joli tour de soi, en somme...
RépondreSupprimerLira, merci ! :-)
SupprimerTisseuse, tu es la bienveillance même. Merci à toi.
RépondreSupprimerMais sois tranquille : je ne regrette pas mon texte. ;-)
Introspection nécessaire, fuite en avant arbitraire ? Faire le tour de soi, ou pas, n'est jamais vraiment salutaire puisque'on hésite encore à l'intersection de ces deux chemins !!! ;-)
RépondreSupprimerC'est souvent ce que l'on entend autour de soi quand on a décidé de faire une introspection...
RépondreSupprimerEt ce dialogue est remarquablement réaliste.
Et très éclairant sur les rouages compliqués de la nature humaine...
¸¸.•*¨*• ☆
J'aime bien la thèse et l'antithèse; les deux points de vue se défendent.
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