mardi 23 octobre 2018

Mister K - Clair le notaire ?

L’atmosphère glauque gluait. 
Les pavés luisants regorgeaient d’une crasse propre à vous dégoûter. 
La nuit, bien nocturne à présent, finirait-elle ?  Et le jour s’en relèverait-il ?

Toute l’affaire défilait dans sa mémoire.

Dès le début, c’est peu dire qu’il avait eu du mal à trouver l’affaire Clary nette.Comment avait-il pu passer à côté de tels indices, pourtant si évidents, si …élémentaires.

Imaginez un peu. 
En plein Festival International du Pain au Noix de Grenoble, il s’était retrouvé, lui, le grand Charles Loquosme, le célèbre commissaire surnommé « l’infaillible » à faire équipe avec Marc Yoneth, le gentil policier bête manipulé par Karl Hage (le chef facho qui veut des résultats). Coincé. Et voilà qu’il s’était vautré dans les grandes largeurs.

Mauvais départ déjà, avec la découverte de corps en cascade. 
Le premier mort après Clary, Théo Fondutrou, retrouvé dans un fossé, avait obstinément refusé de répondre à ses questions. Il avait fallu se rabattre sur les interrogatoires de routine, les enquêtes de voisinage.
Jaime Trenez le passant 1, par ailleurs espagnol, n’avait rien compris. Mais c’était un génie à côté de Rod Walker, le passant 2. Et mieux vaut oublier Luce Tucru, l’épouse d’un témoin pas fiable dont il avait oublié le nom. Ah, si, Charles Hattan, ça lui revenait. 
Bref, rien de concret, et bien sûr, grande incertitude.

Avant un coup de théâtre, la découverte d’un 2e corps, sans tête cette fois-ci, Guy Headless.
Cela correspondait et l’avait immédiatement mis sur la piste d’un tueur en série. 
Le lien ? 
Ben tiens, il manquait toujours quelque chose : car maître Clary, retrouvé dans le Rhône et pas dans l’Isère, une écrevisse dans la narine droite et, important, pas mort noyé, avait été retrouvé sans son maillot de bain.

Là encore, même difficulté pour l’interrogatoire, pratiqué cette fois-ci stratégiquement par Oscar Paccio, le légiste.
Mutique, Headless ne lâchait rien. Surprenant qu’un mec sans tête s’entête. Ah, il méritait des baffes celui-là.

Tout ceci ne pouvait pas être une coïncidence et, peu à peu, la théorie d’un complot politique émergea.Et le b-a ba reprit ses droits par a + b. 
Les interrogatoires de routine, les enquêtes de voisinage, les interrogatoires d’enquête, les voisinages de routine… De fonte en comble.

Charles Mars, un gauchiste bien connu, fut placé en garde à vue, sans résultat. 
Le voisinage, de nouveau… Les passants 3 et 4, Igor et Grishka Bogdanoff, par ailleurs festivaliers, furent incapables de témoigner clairement avant qu’on s’aperçoive qu’ils n’avaient rien vu. Le même constat s’imposa pour Whitney Blind, le témoin aveugle. Par ailleurs réfugié. 

Mais le comble de la confusion fut atteint avec Alain Vendu, un témoin payé pour faux témoignage, qui ne révéla rien mais confirma par défaut la thèse du complot. 
L’explication de textes et de gravures qui s’ensuivit dans le bureau d’Edmond Cucédupoulé, l’enfoiré des RG, qui avait tout monté, fut mémorable.

"On repart à zéro".
Tels furent les mots de Karl Hage. "Et on bosse ensemble". 
Charles Loquosme et Mario Nette s’y collèrent. A fond de train.   

Lénine 2, le chien du gauchiste fut passé à la moulinette. Il ne fallait négliger aucune piste. On l’enterra derrière les bureaux. 
Roger Delile, un musicien louche au sang impur, n’apporta rien de plus, malgré les tests AD-haine.Même la fausse coupable, Manon Cépahel, s’en sortit in extremis (mais à contrecœur) en avouant que le jour du meurtre elle aidait son amant (un plâtrier) à faire disparaître la tête du mort dans la chaux vive. Ce qu’on appelle un alibi en béton.

Et puis… Les choses se tassèrent pendant de longues semaines.
Impasse. Enquête qui piétine, qui patine. 

Charles Loquosme oubliait les morts en reprenant goût à la vie. Il passait du bon temps avec Ella De Belmich, le bon coup super canon de l’enquêteur dans les polars.
Il en oubliait qu’il n’avait toujours pas retrouvé le maillot de bain du notaire quand, nouveau coup de théâtre, un certain Eddy Cépassinié adressa une lettre anonyme à la police. 
Malheureusement, insaisissable, introuvable, on ne put l’interroger. 
(D’ailleurs, Eddy, si tu nous lis…)
Eddy indiquait que les morts étaient reliées. 
Charles fit fouiller toutes les imprimeries, en vain.
Mais cela permit la troisième macabre découverte : Lucas Davre, le corps au fond du lac. Et c’est à ce moment que la thèse du tueur en série refit surface. 
Branle-bas de combat, les enquêteurs et les fins limiers allèrent sur les lieux du crime. 
On allait voir ce qu’on allait voir, même de nuit. 
Il était grand temps de se montrer ingénieux à Grenoble.

Davre resta impénétrable sous le feu nourri de leurs questions, mais ça …ils avaient l’habitude. 
Ils interrogèrent les cendres dans la cheminée, Sam Brull, avec force soufflets. Motus.
Chez un vétérinaire, ils recoupèrent une piste et dénichèrent Médor 1, le chien du passant 2,par ailleurs festivalier, qui ne desserra point les dents.Bouche cousue.
Ils poursuivirent le quadrillage et Roger DeMonaco, un faux prince, fut même inquiété - sur dénonciation - au casino voisin, mais sans suite, même s’il avait tellement les jetons qu’il révéla tout de son trafic de fausses princesses venues de l’Est.

Enfin, l’humiliation ultime survint quand le coupable, Serge Yalkiller, fut interrogé, mais tint bon, et fut relâché malgré les preuves qu'il apporta et l'ensemble de ses aveux détaillés. 
On est toujours trop bon, et personne ne vous croit, pas vrai Serge ? 

Quelle leçon amère.
- Décidément, une enquête à oublier bien vite, pensa Loquosme. Pas vraiment de quoi redorer mon blouson.

14 commentaires:

  1. Va ouvrir Loquosme, le Docteur Watt sonne.
    Je me suis bien marré, avec tes à peu près, une enquête et des explications claires comme l'eau du Rhône... (à suivre)

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  2. ils n'auraient pas un peu abusé du beaujolais par hasard ?
    ou alors trop vu, enfants, Guignol courir après Gnafron :)))

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  3. Même la thèse du tueur en série a refait surface ! C'est fort :)

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  4. Merci! Mes courbatures se sont réveillées.. tellement j'ai ri ;-))

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    1. C'était le but !
      La rigolade, pas les courbatures !!!

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  5. Muahaha ! Excellent tout ça. cette flopée de personnages hauts en couleurs semblent tout droit sortis d'un feuilleton radiophonique que n'aurait pas renié le Maître (soixante-quatre)
    Autant dire qu'en tant que Célestine Troussecotte, secrétaire du Colonel De Guerlasse, je me suis franchement bidonnée.
    « on allait voir ce qu'on allait voir, même de nuit » J'adore !
     •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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  6. Ah merci chère amie !
    Je me suis effectivement appuyé sur mes fondamentaux, mi Pierre Dac mi Monty Python mi Marx Brothers !

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  7. Que les frères Bogdanoff n'aient rien vu ne me surprend pas. Pour une fois, ils ne regardaient pas dans la même direction.
    Bien emberlificotée cette enquête tout de même. Mais qu'est-ce que j'ai ri. J'en ai mal au ventre, tiens !

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    1. Alias les Bogdanouille.
      Bon, remets-toi, s'il y en a une, je promets que la prochaine enquête sera plus basique !

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    2. Ah non ! Dans le même registre siouplé ! :-)

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    3. Bon, ben si tu le dis, on verra qu'est-ce qu'on peut faire !
      ;-)

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