— Il m’aimait, c’est évident. Il ne voulait pas se l’avouer mais
il était fou amoureux de moi. Il me regardait toujours avec cette envie de
m’arracher et de baisser mon pantalon pour me faire l’amour jusqu’à ce que nos
deux corps n’en puisse plus. c’était un notaire très apprécié. Je vous ai déjà
dit qu’il était notaire ? oui, certainement. Et puis vous devez l’avoir lu dans
la presse. Il aimait ses clients, il aimait ses amis, sa famille, il aimait
tout le monde. Et tout le monde l’aimait. Vous comprenez ma surprise quand j’ai
appris qu’il avait été retrouvé dans le ...
Rémi
s’interrompit. Il ravala ses larmes, renifla profondément une fois, souffla
avec insistance, renifla une deuxième fois. Et il s’écroula en pleurs.
Le psychologue,
Édouard Kyriez, soigneusement habillé d’une chemise claire à rayures, un homme
de forte corpulence, limitant ses paroles à quelques «mmh mmh» et d’autres
«hum, continuez», termina de mâchonner son crayon et griffons sur une feuille
blanche. Il se pencha pour attraper des mouchoirs et tendit la boîte à son
client.
Rémi se leva,
prit un mouchoir et se rassit sur le canapé en s’essuyant les yeux. Il n’était
pas très confortable mais pourtant, il l’aimait. Il avait confié tant de
secrets de sa vie sur ce sofa, et il en restait tant à dire encore.
— Il était tout pour moi ! Tout ! Chaque mot de sa bouche était
une symphonie, son parfum un cadeau. Je m’oubliais à lui comme jamais.
Rémi se tut un
moment et se mordant la lèvre :
— Mais Il n’assumait pas! hurla-t-il. Il refusait de croire
qu’il m’aimait. Pourquoi ? A cause de sa grognasse de femme et des putains
d’enfants.
Il marqua une
pause, sentant la rage l’envahir et regarda son psy comme s’il voulait en
obtenir l’aval.
— Qu’est-ce que je suis pour lui ? Hein ! Une pomme qu’il
grignote et jète son trognon une fois repu ? Un vase en cristal qu’il remplit
de belles fleurs et qu’il casse une fois qu’il s’en lasse ? Non je vaux plus
que ça !
Il se rendit
compte qu’il s’était levé et lancé en l’air tout ce qu’il avait pu trouver :
livres, feuilles de papiers, crayons, ciseaux, enveloppes, presse-papier... se
partageaient le sol un peu partout. Il savait que dans cet état, il était
capable des pires tortures, que rien ne pouvait l’arrêter dans ses pulsions.
Son psychologue s’en était même replié au fond de son siège et se protégeait la
tête de ses bras.
— Bien, répliqua le psy alors que Rémi reprenait ses esprits,
nous continuerons dans deux jours. Je vous laisse voir avec ma secrétaire pour
la facture.
Rémi savait
qu’il valait mieux en rester là pour cette séance et que la désinvolture de son
psy lui permettait de se calmer et de revenir à la réalité. Il se leva en
levant Le Bras pour le remercier.
— Vous me croyez, non ? Vous l’avez connu vous aussi, dans sa
sympathie, son entraide et sa générosité.
On frappa à la porte. Personne ne bougea.
— Vous a-t-il fait défaut dans vos séances avec lui? Vous a-t-il
fait défaut pendant tous ces rendez-vous tardifs durant lesquels vous échangiez
jusque tard dans la nuit?
On frappa une nouvelle fois avec plus d’insistance et une petite
voix inaudible se fit entendre a traversé la lourde porte.
— Moi, il ne m’a jamais fait défaut, sauf de n’avoir avoué qu’il
m’aimait.
La porte s’ouvrit par la force et cogna contre l’étagère en
chêne. Le bois d’encadrement vola en éclats tandis que trois hommes en bleu
Marine pénétraient en criant :
— Monsieur Kyriez. On vous arrête pour le meurtre de Maître
Clair.
très certainement pas clair le psy !
RépondreSupprimeret bon retour en ces lieux, Suzaku :)
Curieux Kyriez, finalement !
RépondreSupprimerEt bien joué !
Le meurtrier est Kyriez ? Amen :)
RépondreSupprimerHé, hé ! Te revoilou ! Et en mode superbe, merciche ;)
RépondreSupprimerJe ne sais pas qui est le plus inquiétant de Rémi ou de Kyriez??
RépondreSupprimerOn frémit rétrospectivement : Rémi aurait pu être la deuxième victime de cet homodrame passionnel...
RépondreSupprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Même sur le sofa, il faut garder la tête froide. La consultation aurait pu mal finir pour Rémi. Mais peut être se doutait-il de quelque chose ?
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