Pan
sur les doigts.
«
Passe-moi le marteau. »
« Tu
l’as laissé où ? »
«
Là, juste derrière toi. »
Je
saisis le marteau. Pour cela, il faut que je lâche l’échelle,
celle que l’on a voulu brûler cent fois, parce qu’elle a un pied
trop court, qu’il lui manque trois barreaux, rafistolés avec du
fil de fer ; qu’elle est appuyée sur le bord du toit qui a
une gouttière qui fuit…pas colmatée, parce que quand il pleut,
c’est pratique de récolter l’eau de pluie, ça fait des
économies.
Voilà
Jeannot, accroché à la gouttière, tentant de se rétablir, mais
son autre pied est retenu par les barreaux de l’échelle.
C’est
à ce moment-là, qu’on sonne à la porte. C’est le voisin :
« Madame Joulard. Comment avez-vous deviné ? J’ai
justement besoin d’un marteau. Merci. Je vous le rapporte de
suite. »
On
resonne. Le voisin; « Il s’y connaît en horloge, votre
mari ? J’arrive pas à avancer l’heure. »
Pendant
ce temps, Jeannot a réussi à se débarrasser de l’échelle ;
rampe sur le toit glissant, tellement il a plu et il pleut encore.
« C’est
vrai, c’est cette nuit qu’on change d’heure. »
A
ce moment-là, on entend : « Janine, redresse l’échelle. »
«
Jeannot, le voisin voudrait savoir si tu t’y connais en horloge. »
«
Pas le temps ! Surtout que cette nuit, on va perdre une
heure. »
« Désolée,
monsieur. Il ne peut pas maintenant. »
Je
veux redresser l’échelle. Elle ressemble à un pantin désarticulé.
« Jeannot,
ya l’échelle qui est fichue. »
« Va
emprunter celle du voisin. »
La
voisine ouvre.
«
C’est moi, pourriez-vous me prêter votre échelle ? »
« Désolée,
je n’en ai pas. »
« Jeannot,
ils en ont pas. Je te fais la courte échelle ? »
« … »
«
Jeannot, ça va ? »
Voilà
qu’il dégringole, se redresse tant bien que mal.
« Appelle
police secours. »
«
Vite, je te dis. C’est pas moi ! C’est à côté. L’horloge,
elle saigne ! »
« C’est
rien, tu as eu peur quand l’échelle est tombée. C’est
juste une hallucination !»
« Je
suis pas fou ! Je te dis que l’horloge saigne ! »
Je
resonne chez les voisins.
La
voisine ouvre, un marteau à la main, toute souriante : « Vous
venez chercher votre marteau. Merci, il nous a bien rendu service. »
« Votre
mari a pu arranger l’horloge, comme il voulait ? »
« Oui,
oui, merci beaucoup. »
« On
devrait tout de même appeler les pompiers. »
«
Les pompiers, maintenant ? Tu as mal vu, il y avait la
pluie.»
« Tu
as sans doute raison.
Dans
la nuit, je me réveille, en sueur
« Jeannot,
réveille-toi ! »
« Si
c’est pour avancer l’heure, ça peut attendre. On n’est pas
obligé de le faire à deux heures du matin. »
« C’est
pas ça, je viens de me rappeler que la voisine avait des gants ! »
J'aurais pu rire plus fort si je n'étais tombé moi-même du toit il y a quinze jours!
RépondreSupprimerJ'ai bien noté quelques belles expressions comme prendre des gants ou remettre les pendules à l'heure :)
tout ceci est des plus étranges et mériterait une enquête des plus approfondie :)
RépondreSupprimerj'aime bien ta façon d'amener tout ça, l'air de pas y toucher, à la burlesque
c'est un vrai script de film burlesque, ce texte ; burlesque et policier. Mort de rire (forcément :o))
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