jeudi 25 janvier 2018

Marité - Faire le tour de soi

A chacun son excursion. 

- Que fais-tu, là, dans le noir avec un bandeau sur les yeux ? Tes migraines ne te lâchent toujours pas ?
Marie enlève son turban et se redresse dans son fauteuil. Elle me semble bizarre aujourd'hui et émerger de je ne sais où.
- Non, ça va. Je faisais le tour de moi.
- Le tour de quoi ?
- Tu n'as pas lu la phrase de Gandhi qui dit quelque chose du genre : on apprend plus en faisant le tour de soi qu'en faisant le tour du monde. Je ne me lasse jamais d'apprendre alors aujourd'hui, je fouille...mon moi intérieur. Cela ne t'arrive jamais ?
- Moi ? tu veux rire. Si je tourne sur moi-même je ne saurai plus où je suis et qui je suis. J'aurai le tournis quoi.
- Pfffiou ! Que t'es bête quand tu t'y mets. Fais semblant de ne pas comprendre...
- Si, je vois tout à fait et je me demande quel intérêt tu trouves à t'auto-analyser. Sauf à ruminer toujours les mêmes questions.
- Il faut que je sache ce qui cloche en moi. Quand je l'aurai découvert, je saurai enfin pourquoi Claude est parti.
- Rien du tout. Claude a foutu le camp et bon vent. Tu devrais plutôt applaudir au lieu de regretter ce macho jamais content et qui te trompait en plus.
- Tu te moques de tout. Même de l'amour. Je ne sais pas comment tu t'y prends pour te comporter de façon aussi je-m'en-foutiste.
- Loin de moi l'idée de vouloir te faire du mal Marie mais je te répondrai que je ne cherche pas midi à quatorze heures. Je prends la vie comme elle vient et je me dis carpe diem. Essaie de ne plus perdre ton temps à te sonder. Bouge. Et tu verras que tout ira mieux.
- Tu ne t'es jamais interrogée sur ton passé : ton enfance, ton adolescence, ce qui a été ta vie jusque là, en somme ? Moi si. J'ai trouvé des explications à des problèmes que je pensais insolubles surtout concernant certaines blessures.
- Qui ne porte pas en lui des blessures jamais cicatrisées ? Mais ce n'est pas en grattant que les plaies guériront. Bien au contraire à mon avis. Pour panser ses blessures, il vaut mieux éviter de trop en chercher les causes.
- Je ne suis pas d'accord. Du tout. Il faut, au contraire extraire de son subconscient - ou du moins tenter de comprendre - ce qui réveille en nous de mauvais souvenirs nous faisant réagir de façon souvent exagérée. Il faut les exorciser et la meilleure façon de le faire est de les regarder en face.
- Des bêtises, tout ça ! On se croirait chez un psy et moi, tu sais, les psys, je les fuis.
- Nous sommes suffisamment proches pour que je te dise le fond de ma pensée : tu te comportes en indécrottable orgueilleuse et pour ne pas ternir ton ego, tu pratiques la politique de l'autruche.
- Mouais ! Mais bon, tu remarqueras que l'on se penche justement sur son ego souvent parce que quelque chose ne tourne pas rond.
- Normal. Cela permet d'avancer. Mais non, tu as tort : on peut aussi puiser des forces à se remémorer des moment de bonheur et tu ne peux pas savoir le bien que l'on éprouve.
- Laissons-là cette philosophie à deux balles. Chausse tes baskets et va te promener dans les bois.
- Cela ne m'aidera pas à résoudre mes difficultés.
- Écoute le vent dans les arbres, le chant des oiseaux, les murmures de la forêt. Écoute même le silence, il parle. Observe la nature. Tu vas relativiser. Pour moi, c'est la meilleure thérapie qui soit.
- Parce que tu penses que la nature est un baume ?
- Est-ce que les animaux se posent des questions existentielles ? Ils vivent tout simplement. Il serait bon que nous apprenions à utiliser notre intelligence de façon moins futile.
Tu seras surprise, au bout du chemin de constater que tu n'as pensé à rien, absolument rien. Je t'assure, on se sent lavé, ressourcé.
- Peut-être mais je ne saurai jamais pourquoi Claude m'a quittée.

15 commentaires:

  1. Mais je ne t'ai pas quittée, regarde autour de toi !!

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  2. Hihi ! C'est Marie qui va être contente...de retrouver son Claude, grâce aux Impromptus.
    Claude, es-tu là ?

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    1. Deux coups pour oui, un coup pour non.
      -TOC TOC
      -Et TOC ... ?
      Normal Claude est Normand. ];-DE

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  3. Si c'est Claude François, il ne faut pas chercher trop loin : il avait une ampoule à changer.

    Un de perdu, dix de retrouvés, ça ne marche pas au féminin ?

    https://youtu.be/4NCN-1K0n9w

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  4. Parce que Claude est un con :D Au suivant !

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    1. Tu crois ? Mais attention Tomtom : il se cache chez les Impromptus !
      :-)))

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  5. en fait les deux personnages ont tous deux raison : il est intéressant de comprendre ce qui s'est passé, surtout si ça nous a fait souffrir, afin d'en comprendre les enseignements et évoluer différemment, mais il est indispensable de vivre aussi pleinement et de continuer à avancer tout en même temps

    par ailleurs, les psy, même si on les fuit, ils s'invitent à la discussion, comme je suis entrain de le faire à présent :)
    ce qui est loin d’être évident, j'en conviens
    la plupart des personnes faisant soit l'un soit l'autre

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    1. Tisseuse, tu as bien compris que j'ai voulu caricaturer. Y suis-je seulement arrivée ? Ce n'est, bien entendu, qu'un exercice d'écriture. Loin de moi l'idée d'abonder dans un sens ou dans l'autre en ce qui concerne les avis des deux antagonistes.
      Et, pour ta gouverne, je suis actuellement bien placée pour savoir que les psys sont indispensables à certaines personnes à certains moments. ;-)

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    2. c'est très bien vu, je te rassure, car c'est très souvent que ces 2 types de position s'opposent :)

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  6. Très bien vu ce dialogue ! Joli tour de soi, en somme...

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  7. Tisseuse, tu es la bienveillance même. Merci à toi.
    Mais sois tranquille : je ne regrette pas mon texte. ;-)

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  8. Introspection nécessaire, fuite en avant arbitraire ? Faire le tour de soi, ou pas, n'est jamais vraiment salutaire puisque'on hésite encore à l'intersection de ces deux chemins !!! ;-)

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  9. C'est souvent ce que l'on entend autour de soi quand on a décidé de faire une introspection...
    Et ce dialogue est remarquablement réaliste.
    Et très éclairant sur les rouages compliqués de la nature humaine...
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  10. J'aime bien la thèse et l'antithèse; les deux points de vue se défendent.

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