Une
ordure ?
En
même temps qu'elle apportait solennellement la bûche,
Maman coupa la lumière.
Instant
magique : la pièce n'était plus éclairée que par les flammes du
poêle à bois et la lueur bleutée intermittente de la guirlande de
leds sur le sapin en plastique ignifugé.
Par
précaution la crèche était momentanément enfouie sous du papier
rocher, pour éviter les habituelles diatribes de Papy Robert, libre
penseur canal historique.
Au
pied du sapin, un grand carton rouge affichait la touchante prière
de Miss France, que Léa avait soigneusement calligraphiée à
l'encre dorée :
Merci
la vie
Paix
sur la terre aux hommes de bonne volonté
Que
chacun mange à sa faim, boive à sa soif !
Sous
laquelle une main sacrilège avait ajouté subrepticement au feutre
noir :
AVEC
MODERACION
Le
père Noël pouvait entrer.
Il
entra, l'échine courbée sous un gros sac mou qui s'appelait "la
hotte".
Jojo
nota qu'il n'avait pas recousu la fourrure qui pendouillait déjà de
sa capuche l'an dernier.
-
Voilà les cadeaux
! dit le père Noël avec la voix rocailleuse de Nounours dans bonne
nuit les petits,
mais joyeuse malgré la fatigue qui devait être la sienne.
Il
s'assit sur le fauteuil préféré de Papa et renversa le sac sur le
tapis.
Après
distribution on fit le constat :
-
pour papy Robert, un chapelet en bois brut dans un pochon de commerce
équitable.
-
pour Tante Adèle, fervente vegan, la réédition à tirage limité
de "83
façons de cuisiner le bœuf".
-
Maman et Tonton Boule, l'une souffrant d'insomnies, l'autre d'un
excès de poids, avaient droit respectivement à "apnées
fatales" et
"manger
tue", de la
collection "DANGERS MORTELS" du docteur Lajoie.
-
Léa, qui occupait deux chaises à cause du gros plâtre sur sa jambe
droite, avait reçu une corde à sauter.
-
Jojo, qui, par pure curiosité scientifique, avait soigneusement
pilonné au marteau celui de l'an dernier, écopa d'un Rubik’s
Cube.
Devant
tant de cruauté, chacun n'était pas loin de penser que le père
Noël était vraiment une ordure.
Sauf
bébé Mathis dans sa chaise haute, apparemment ravi de sa perceuse
visseuse sans fil.
C'est
alors que le père Noel s'écria "surprise
! ", en
ouvrant sa houppelande qui cachait dans sa doublure pressionnée une
grande boîte économique de Ferreros, comme dans les réceptions de
l'ambassadeur, et un sachet d’œufs Kinder, qui auraient ressuscité
les fastes de Fabergé s'il y avait eu des érudits.
La
joie avait chassé l'amertume.
Et
je me hâtai de poster la vidéo sur YouTube.
Emma j'adore ton Père Noël aussi pourri que le mien qui avait offert des planches de surf aux sinistrés du tsunami. J'espère toutefois que le mandrin de la perceuse offerte au bébé, était muni d'une mèche !
RépondreSupprimerIl est terrible ce père Noel ! Voilà surement pourquoi je n'y ai jamais cru!!! Cela dit, je dois reconnaitre qu'il ne manque pas d'humour :-)
RépondreSupprimerCe père Noël a oublié un cadeau: "Jeu de Massacre", ce qui ne l'empêche pas d'y jouer tout seul sans le dire.
RépondreSupprimerAmusant et inattendu !
Wouah ! Tout le monde a été pourri, gâté ! :-)
RépondreSupprimerhumour grinçant à souhait garanti :)
RépondreSupprimerUn sacré garnement ce père Noël finalement !
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