Politiquement incorrect.
Ah, cette fois ma sébile
déborde ! Je vais leur dire exactement ce que depuis trois ans
j'évite de mettre sur le tapis pour garder de bonnes relations de
voisinage. Je prends la ferme résolution - bonne ou mauvaise selon
que l'on se cache (ou pas) derrière un paravent d'hypocrisie ce que
j'ai sur le cœur, aux habitants de mon petit village. Je constate
que plus je fais preuve d'indulgence pour leurs divers méfaits plus
ils en profitent pour se payer ma tête. Il faut en finir.
Ça tombe bien : c'est
mon tour d'organiser la dégustation de la galette. Débile cette
façon de vouloir à tout prix se réunir pour fêter...n'importe
quoi. J'évite ces rassemblements - qui me barbent - autant que
possible. Ou il faut impérativement se montrer de bonne humeur,
enjoué et pourquoi pas un tantinet vulgaire pour faire comme tout le
monde. Parce que balancer des grivoiseries ou en rire à gorge
déployée est de bon ton. Depuis trois ans, je n'arrête pas
d'acheter des fleurs, des alcools, des dvd, des niaiseries pour
filles ou garçons et que sais-je encore. On ne vient pas les mains
vides voyons pour un anniversaire, les succès aux examens, la fête
des voisins... Chaque fois, je prends ma crise devant ces
imbécillités.
Donc, aujourd'hui je vais
leur dire carrément que pour moi, c'est terminé. Ils seront gentils
à l'avenir de ne plus m'inviter. Oui, c'est ça, je fais bande à
part. Oui, je déteste les joies forcées au village. Qu'on me laisse
tranquille chez moi. Je suis venue habiter à Puy les Noix pour fuir
les gens. Ben oui, je n'aime pas les gens.
Je pense que devant leurs
yeux ronds et leurs mines contrites qui me feront encore davantage
monter la moutarde au nez, il me sera facile de continuer sur ma
lancée.
D'abord Léon Chabasse.
Son gros cerisier dont les branches tombent sur mon parterre
d'hortensias les empêchant de fleurir. - Léon, je ne le répèterai
plus. Taillez votre cerisier ou je le ferai moi-même et votre arbre
ne sera plus tout à fait rond je vous l'affirme. Pas la peine de me
seriner tous les ans que les cerises qui mûrissent chez moi sont
pour moi. Les cerises, comme par hasard, je n'en ai jamais vu à
maturité. Du moins de mon côté. Il y en a mais elles disparaissent
à peine prennent-elles le rouge. Non, non les merles ne les mangent
pas. Je vous soupçonne de franchir la haie pour les cueillir
tellement vous êtes radin. Et, de plus, à l'automne, je dois
balayer vos feuilles. Ça va comme ça : assez de me prendre pour une
andouille.
La mère Lefranc : -
Louise, je vous demande de ne plus pénétrer chez moi comme dans un
moulin pour aller ramasser de la verdure pour vos lapins dans votre
champ. Ma pauvre Louise, ce chemin de servitude dont profitait votre
famille n'existe plus depuis longtemps. Inutile de se gargariser de
ce droit de passage d'un autre siècle. J'ai acheté toute la
parcelle et je ne tolérerai plus ces intrusions dans ma propriété.
Tenez-vous le pour dit !
Les Jaquet : - Paul et
Lucette, à partir de maintenant, faites en sorte que votre chien ne
vienne plus déféquer sur ma pelouse. Il se précipite dès que vous
ouvrez votre portail. Il faut voir avec quelle aisance il saute ma
murette. Surveillez-le que diable ! Je sais que l'herbe est toujours
plus verte chez le voisin et votre Bill en profite pour l'ensemencer
grassement. Elle n'en a pas besoin. Vous le nourrissez bien parce que
ses étrons sont conséquents. Des pleines pelles puantes dont je ne
sais que faire. Merci mais de l'engrais de cette sorte, je m'en
passe. Dorénavant, quitte à ramasser les excréments de votre
clébard, je les transporterai devant votre porte. Vous pourrez
apprécier la teneur du cadeau.
La veuve Dufaure : -
Janine, il serait temps de changer les rideaux de votre cuisine.
Désolant pour vous mais à mon avis ils s'usent et comme vous n'êtes
pas transparente, je constate que vous vous tenez longuement derrière
pour épier mes faits et gestes toute la journée. Ma chère
Janine, il faudra vous y habituer : vous ne verrez entrer chez moi
que des femmes. Pas la peine de prendre cet air offusqué. C'est bien
ça Janine je suis lesbienne. Et alors ? Je ne me préoccupe pas moi
de savoir qui vous préférez de Léon Chabasse ou de Paul Jaquet.
Les Briaud et les Lenoir
: - Je suis un peu sourde mais vous hurlez tellement après vos
gamins ou entre mari et femme que j'en prends plein les oreilles. Vos
histoires ne m'intéressent pas même si quelquefois, elles ne
manquent pas de piquant je l'avoue. Quant aux étés, je n'en parle
même pas. Je dois changer de chambre pour pouvoir dormir tant les
soirées dans vos piscines se prolongent jusqu'au petit matin.
Quant-à ce qui s'y passe, je ne tiens pas à le savoir. Je veux bien
être cool mais il y a des limites tout de même.
Ça me fait un bien fou
de penser que cet après midi, je vais pouvoir enfin me défouler.
Quel idiot a dit que les débuts d'année étaient faits pour prendre
de bonnes résolutions ? Et les mauvaises alors ? C'est tellement
plus jouissif ! Tellement plus réjouissant que je n'hésite pas à
concocter à mes chers voisins de belles galettes dorées et pour une
fois - la dernière - ce sera champagne pour tout le monde.
Une histoire de voisins très...piquante, mais qui se termine bien !
RépondreSupprimerBien observé,Marité !
Terribles les problèmes de voisinage! Peut être qu'une petite mauvaise résolution une année sur deux pourrait effectivement remettre les pendules à l'heure ;-)
RépondreSupprimerDire les quatre vérités à tous ses voisins, ça à l'air marrant...bonne idée pour avoir la paix...quoique, pas si sûre...! :)
RépondreSupprimerÇa va être la fête aux voisins !
RépondreSupprimer:)
Et moi qui croyais qu'à la campagne, on vivait tranquille!
RépondreSupprimerL'idiot et ses débuts d'année, encore un voisin sûrement !
RépondreSupprimerK : idiot - mais pas hypocrite - ça fait du bien de se lâcher quelquefois ! Ceci dit je n'ai pas de voisins proches pour le moment et c'est mieux comme ça parce que je n'attendrais sûrement pas trois ans pour mettre les choses au clair si besoin était ;-)
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