jeudi 24 janvier 2019

Tisseuse - Vie de château !


« Moi, Hugues de Mérindol, je réclame Justice ! »

« La justice de Dieu à défaut de celle des hommes: celle-là n’est que pauvre simulacre servant les intérêts de quelques grands de ce monde.
Je crie Vengeance, et je crierai jusqu’à mon dernier souffle, dussé-je y perdre mon âme.
Mais je ne connaîtrais pas de répit tant que les assassins resteront impunis
Je défierais, s’il le faut, chaque homme responsable de ce carnage, jusqu’au Roi lui-même, le maître de ces chiens enragés. Il ferme les yeux sur leurs agissements, il est donc complice !
Ces mercenaires, âmes damnées du royaume, assoiffés d’or et de sang, ont ravagé mes terres, massacrant et pillant. Ils ont tué mes gens, incendié mon château, violé et égorgé ma jeune épouse.
Honte sur moi qui guerroyait naïvement, laissant les miens sans défense…
Honte sur Dieu qui tolère ainsi le triomphe du mal sur cette terre qui se sent orpheline, comme abandonnée de son créateur.
Je te somme, Dieu, de me rendre Justice, une vie contre chaque vie prise, c’est le prix à payer !
M’entends-tu ? »


Semblant ponctuer la fin de sa phrase, comme unique réponse menaçante, le ciel soudain se zébra d’un éclair de colère.

Par une fin de journée sans âme du mois d’avril de l’an de grâce 1137, Hugues de Mérindol, hobereau du Luberon, vient ainsi de défier le pouvoir céleste d’une voix rauque et forte.
Dans ce pays d’oc épuré par le mistral, sa silhouette solitaire se dresse, immobile, face aux ruines encore fumantes de son donjon.
Comme s’il voulait une dernière fois se nourrir d’une vision humaine paisible, il appuie durant un long moment un regard fiévreux sur la plaine riche et verdoyante de la Durance qu’il surplombe des premiers contreforts de la montagne.
Puis, tournant résolument le dos à la vallée, il enfourche son cheval, resté son seul compagnon, et s’enfonce dans le maquis épais et broussailleux.

Durant deux jours, l’homme sillonne le pays, cherchant se dit-il quelques traces des ribauds. Mais il chevauche en fait hors des chemins de la raison.
Sans manger, ni dormir, buvant dans les ruisseaux, se laissant mener par sa tourmente, Hughes a pratiquement perdu toute réalité humaine.

Au matin du troisième jour, titubant de fatigue, ivre de fièvre, il talonne son cheval dans l’idée folle de retrouver le Roi et d’en découdre avec lui.

____________

- Hé ! Hé !
Réveille-toi ! Ça n'a pas l'air d'aller !
Tu gesticules, tu te débats....qu'est-ce qui t'arrive ?
C'était peut-être pas une bonne idée finalement cette sieste à l'ombre de cette ruine.
Viens, on va reprendre la voiture, et on va poser nos affaires à la Chambre d'hôte, et puis on piquera une petite tête dans la piscine.
- C'est étrange...ça avait l'air tellement réel...
Tu ne trouves pas que ça sent le brûlé ici ?

9 commentaires:

  1. Voilà ce que l'on appelle des rêves agités, ou des lieux habités... ;-)

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  2. vegas sur sarthe24 janvier 2019 à 16:13

    Il y a des siestes réparatrices … et puis d'autres plus éreintantes !

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  3. Enguerrand admit qu'il s'était sans doute laissé aller !

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  4. Alors chez toi aussi il y a des média... euh des médiums ?

    Merci pour la balade en pays de Durance !

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  5. Chevauchant son blanc palefroi
    Il chemina de donjons en beffrois
    A le queste de sa doulce à frais minois
    Dring Dring Bertrand réveille toi ! ];-D

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  6. Près de 1000 ans après les ruines étaient encore fumantes...

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  7. Ah oui, en effet, c'est un texte onirique mais qui semble très réel !
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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  8. Il paraît que certains soirs, sur les contreforts qui dominent la vallée, on aperçoit l'ombre d'un chevalier errant; on raconte que le songe d'une rêveuse l'aurait fait revenir d'entre les morts, et qu'il continue de crier vengeance à travers le pays...

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