Le service à café.
N'ayant pas eu beaucoup de cadeaux
durant mon enfance, j'ai toujours par la suite apprécié le geste. Il m'est
arrivé bien sûr qu'un présent me plaise plus ou moins mais j'ai fait contre
mauvaise fortune bon cœur sachant combien il est difficile de faire plaisir
sans se tromper. Non, je n'ai jamais reçu de cadeau empoisonné au sens propre
du terme. Mais, cet été, j'ai été le témoin involontaire d'une altercation
faisant suite à un cadeau de Noël.
Alors que je déambulais entre les
étals d'un vide-grenier près de mon domicile j'ai été attirée par des soucoupes
et tasses à café joliment disposées sur un napperon de dentelle. Je m'approchai
du stand tenu par une jeune femme qui, visiblement se débarrassait de choses qui
ne lui convenaient pas ou plus puisque certains objets n'étaient même pas
totalement déballés.
J'ai cru un moment avoir découvert
la perle : un service Royal Albert. Je tenais à la main une tasse pour en
examiner l'origine quand une jeune femme, arrivée derrière moi m'a arraché la
porcelaine. Stupéfaite, je me tournai pour lui dire ma façon de penser quand je
la vis soudain brandir la tasse sous le nez de la vendeuse.
- Comment oses-tu te débarrasser
du cadeau de Noël de maman ? Si elle voyait ça....J'en suis malade !
- Pas de quoi te rendre malade.
Après quelques instants de gêne,
la vendeuse se détourna pour couper court mais sa sœur revint à la charge en
constatant que la vente englobait aussi d'autres objets offerts.
- Tu ne manques pas d'air ! Tu revends
tous tes cadeaux ? C'est comme ça que tu remercies ceux qui veulent te faire plaisir ?
- Assez. Ils te plaisent tous, toi, les cadeaux que tu
reçois ? Je suis désolée mais maman cherchait d'abord à se faire plaisir à
elle. Elle savait que je trouve toute la vaisselle à fleurettes kitch. Et toi
aussi, tu le sais. Je me demande depuis le temps pourquoi tu ne la dissuadais
pas. Puisque vous vous entendiez si bien elle et toi. Cadeau de Noël ou pas, je
ne vais plus me forcer à garder ces horreurs. Que je me croyais obligée de
sortir quand elle venait à la maison.
-
Mais le service à café, c'est son dernier cadeau de Noël quand même ! Tu
pourrais au moins le garder en souvenir. Je ne te comprendrais jamais. Tiens,
tu es sans cœur.
Voyant la vendeuse blémir et me
lancer un regard peu amène, je m'empressai de les laisser à leur dispute.
D'ailleurs, le service à café n'était qu'une pâle copie d'un Royal Albert.
tu montres bien, dans cette anecdote, de quoi le cadeau est constitutif et à quelle interprétation relationnelle il amène : comment suis-je aimé ? quelle place je tiens dans la famille ou le groupe d'amis ? est-ce qu'on tient à moi ? est-ce que l'autre me connait réellement, dans mes besoins, mes goûts, mes passions ?
RépondreSupprimeril y a les cadeaux qui montrent le niveau de richesse de l'un, qui marque une empreinte sur l'autre, qui tyrannise le 3ème...
et bien heureusement il y a les cadeaux affectueux, touchants, choisis avec cœur et sensibilité :)
dans ton introduction par contre tu nous dis "j'ai toujours par la suite apprécié le geste", montrant que l'intention de faire plaisir pour toi surpasse tout le reste :)
Tisseuse : je suis toutes les fois impressionnée par la façon que tu as d'interpréter mes textes avec tellement de justesse. On dirait que tu me connais sur le bout des doigts et ça me touche parce que c'est l'expression d'une très grande sensibilité.
Supprimerj'adore faire plaisir, encore là tu ne te trompes pas alors j'imagine, sans doute bien des fois à tort - que tout le monde est comme ça. ;-)
C'était à Brive la Gaillarde sans doute ? Un récit que n'aurait pas désavoué l'ami Georges ! ];-D
RépondreSupprimerAndiamo : sais-tu qu'il existe ici une vraie légende concernant Brassens ? Est-il venu à Brive ? Il semblerait que oui. Mais au moment de donner son nom à la Halle Brassens, lieu d'un très beau marché, tout le monde en mairie a pesé le pour et le contre : il ne fallait pas se mettre la gendarmerie à dos...
SupprimerC'est amusant, je les comprends ces deux soeurs... l'une comme l'autre finalement... car même si leur point de vue est différent, il y a un sujet, un vrai sujet derrière ces tasses à café. ;-)
RépondreSupprimerMapie : cette histoire est vraie. J'étais tellement stupéfaite par la violence de la dispute que je restais là, "pinquée" comme on dit ici.
SupprimerAlbert aurait pu intervenir royalement en médiateur décaféiné pour calmer le jeu !
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