Ils se rencontrèrent au bois.
De lui on pouvait dire qu'il était fort bien bâti, quant à
elle, pour sûr, c'était un beau châssis ! Point l'une de ces planches corroyées
à la varlope, blanchies et rabotées de toute part; elle, elle était tout en
galbe, en courbes joliment cintrées, chevilles fines, pieds de biche, le tout
assemblé sans tenons ni mortaise, et sur sa dentelle au point de Hongrie, pas
de ces colifichets dont se parent ces sauterelles et autres gouges qu'on lui
présentait trop souvent ; juste un éventail blanc d'Espagne qu'elle
agitait de temps en temps, faisant danser sur son front une fine mèche en
vrille.
Dès qu'il la vit, il se sentit cloué au plus profond de son
aubier: il aima son astragale, ses moulures, son noyau, ses ravissantes
inouchettes; elle ne fut pas insensible à son larmier, son riflard, ses
goberges...
Ciel, pensa-t-il, que j'aimerais biseauter ces petits-bois,
chantourner ces feuillures, dégauchir ces dormants!
Elle depuis toujours rêvait de celui qui viendrait l'élégir,
effleurant son écoinçon, pour enfin l'emboîter à l'Anglaise: sans nul doute ils
étaient destinés l'un à l'autre!
Ce fut ainsi que par un beau soir de printemps, sous une
porte cochère...
De la poétique à l'état.. brut de bois de chêne !
RépondreSupprimerSciée !!!!!
Belle prose.
RépondreSupprimerSaint Exupéry en parlant du tranquille contentement du menuisier qui vient de polir une belle planche: «Voilà, c'est fait.»
RépondreSupprimerAlors polissons !!
Ça donne envie d'être un bout de merisier!
RépondreSupprimerUN amour qui promet des noces à fêter durablement... jusqu'aux noces de chêne...
RépondreSupprimertout cela n'est que rabotage heu, je veux dire radotage...
RépondreSupprimerles amoureux font flèche de tout bois :)
RépondreSupprimerJe vais prendre garde de ne raboter aucun mot de ce langage si bien ajusté.Bravo!
RépondreSupprimerBeau travail d'artisan
RépondreSupprimer