– Ton histoire je m'en balance tu
le sais bien ! Il hurle en frappant du poing sur la table.
Elle le toise de toute sa
hauteur :
– Pour qui te prends-tu ?
T'as écrit un petit livre minable qui t'a rapporté trois francs six sous pour
solde de compte et tu te prends pour un Lévy ou un Musso qui eux remplissent
les caisses. Descends de ton piédestal, reprends ta plume. Aujourd'hui personne
ne fera de crédit à tes petites histoires. Secoue-toi non de dieu !
– Je pensais que je tenais une
bonne idée avec ces prémices de roman noir qui me trottaient dans la tête. Ce
coffre inviolable, cette fille énigmatique, pour moi ce sera un grand livre.
– Pour ça il faudrait déjà que tu
l'écrives. Que tu en traces un peu le canevas. Que tu viennes avec quelque
chose dans les mains. Comment veux-tu que je te fasse une avance sans
contrepartie ? Si je fais le total de ce que tu me dois, de ce que tu dois
à Edito la somme est rondelette. D'ailleurs le comptable m'a demandé de cesser
mes conneries.
– Tu ne me fais plus
confiance ?
Il la foudroie, jette des éclairs
mais elle lui tient tête, ne baisse pas les yeux, elle enchaîne :
– Te faire confiance
pourquoi ? Tu veux qu'on fasse le bilan de notre collaboration ? Les
associés demandent des comptes maintenant, je n'ai pas le choix. Ils émettent
des réserves quant à ta capacité à écrire un livre et je n'ai plus d'argument à
leur opposer.
Il s'énerve, donne un coup de
pied dans le mobilier comme un gamin puis hurle sa douleur. Elle n'a même pas
envie de sourire. Elle jette un coup d’œil à son adjoint, derrière la vitre, il
est passif, un sourire au coin des lèvres.
– Mais j'ai besoin d'argent
pleurniche-t-il.
Calmement elle lui répond :
– Vas à la banque, prends un
emprunt moi je ne peux plus rien faire pour toi.
– Mais je suis à découvert. C'est
parce que le banquier m'a mis un ultimatum que je suis là. Je dois rembourser
mes dettes sous huit jours.
– Et c'est pour ça que tu viens
me voir ? Vas te faire foutre. Vas écrire. Vas suer. Rapporte quelque
chose d'excellent et nous pourrons peut-être faire des transactions. Pour
l'instant casse-toi où j'appelle la sécurité.
– S'il te plaît rappelle-toi
comme je t'ai bien baisée.
– Crois-le pauvre mec. J'ai fait
semblant et le résultat est que ça a flatté ton ego.
– Salope murmure-t-il.
– Tu n'aurais jamais dû dire ça.
Il va falloir régulariser ta situation ici. Je vais faire comme la banque. Je
t'accorde un délai de cinq jours.
Ensuite je te poursuis en justice.
– Sale pute grogne-t-il.
– En fait tu es un raté. J'ai
pris tous les risques avec toi par amour. Mais t'es trop con. Retourne à ton
boulot de bibliothécaire. Imprègne-toi de ce que les autres écrivent. Lis de la
littérature érotique, regarde des films de cul, t'es aussi maladroit avec ton
organe qu'avec ton stylo. Et puis suicide-toi si le cœur t'en dit t'es trop
con !
Bien compté, le compte est bon!....
RépondreSupprimerBien conté, le conte n'est plus de fée...
Bien triste, Monsieur le Comte...
;)))
Tous les homonymes semblent être au rendez-vous, rien à ajouter donc !
SupprimerJe ne sais plus qui a dit :"Ce ne sont pas les poètes ni les romanciers qui ont inventé l’écriture : ce sont les comptables.” alors je comprends qu'il y ait de l'eau dans le gaz
RépondreSupprimerLes comptables ont inventé les écritures...
SupprimerC'est du gaz de lac ?
Dans Le Défunt, de René de Obaldia, Madame de Crampon, à moins que ce ne soit Julie, se demande à propos d'un jeune homme, qui est comptable, si ce sont les chiffres qui lui donnent ces yeux rêveurs...
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