Mia passa quelques temps
à l'hôpital après son l'agression de Fred. Elle eut le temps de
réfléchir. Elle fut prise en charge par un urgentiste compétent
qui fit des prouesses. Une légère chirurgie esthétique et son
corps résorba les marques des coups de cutter.
Lorsque la police lui
apprit que Matt était mort carbonisé dans l'incendie de la vieille
bâtisse, mille et une questions l’effleurèrent. Son imagination
travaillait à la vitesse de la lumière, écouter en même temps
Groovy un LP de Chet Baker la stimulait mais elle ne comprenait pas
pour autant les motivations de cet incident.
Fred était à l'hôpital
psychiatrique. L'enquête conclut à l'homicide volontaire mais le
jeune homme retrouvé dans le cercueil de son ami Vince perdit la
raison. Les experts plaidèrent l'irresponsabilité, il fut enfermé
dans un asile psychiatrique, gavé de neuroleptique au cas où
l'envie lui prendrait de récidiver.
Mia criait vengeance,
Fred l'avait mutilée et tué Matt. Elle retrouva sa trace par
hasard. Le médecin chef refusa de lui accorder un permis de visite
dans un premier temps puis finit par lui délivrer une autorisation.
La première fois qu'elle
le vit dans cette espèce de tenue informe particulière aux aliénés
elle eut presque pitié de lui. Sa tête dodelinait comme un
métronome marquant le tempo, il murmurait quelque chose qu'elle ne
comprenait pas. C'est en s'approchant qu'elle reconnut les mots qu'il
répétait inlassablement "I'm so lucky to be loving you."
tout droit sorti d'un morceau de Chet.
L'émotion la saisit ,
une larme coula même mettant son rimmel à rude épreuve. Il
connaissait sa passion pour le trompettiste et malgré son état
essayait de communiquer.
Pourquoi ?
Fred l'avait agressée.
Il avait sans aucun doute trucidé Matt. Bien sûr qu'elle lui en
voulait, qu'elle le détestait mais le voir dans cet état la
peinait. La dualité de ses sentiments la troublait.
Au fur et à mesure de
ses visites, elle sentit l'agitation du garçon. Si elle n'en eut pas
conscience auparavant, elle comprit enfin qu'il était amoureux
d'elle. Cependant cette découverte n'excusait rien.
Seuls au fond du parc,
elle se livra à lui derrière le grand chêne, justicière sans
doute moins équitable que Saint-Louis. C'est là qu'elle comprit que
son propre corps le réclamait depuis longtemps.
Elle aimait à voir ses
yeux se révulser. En proie aux tranquillisants, il la désirait
néanmoins pour preuve son enthousiasme à provoquer ses attentions.
Le médecin chef de
l'hôpital s’étonnait des progrès de son patient sans les
expliquer. Et ce n'était ni Mia qui allait épiloguer ni Fred
incapable de mettre des mots sur ses sensations.
Dans un premier temps les
conclusions du médecin semblaient de bon augure. La santé de Fred
s'améliorait, il lui semblait évident que Mia en était l'auteure.
Puis s'ensuivirent fièvres, céphalées, douleurs musculaires ou
rougeurs que personne ne détecta. Même Fred sous médicaments ne
réagit pas à ces changements.
Mia continuait ses
visites, entretenait ses relations intimes avec lui, parfois avec des
larmes plein les yeux. Elle se donnait avec dévotion, il la
possédait avec amour.
Les symptômes d'une
maladie quelconque disparurent. Fred était enthousiaste aux visites
de celle qu'il vénérait depuis toujours.
C'est lors de son
hospitalisation qu'elle sût qu'elle était séropositive. Elle
reconnût les premiers symptômes sur Fred, fière de sa vengeance
elle pouvait enfin disparaître, sans regret, sans émotion. La
nature ferait son œuvre.
Lorsqu'elle quitta
l'hôpital ce jour-là les écouteurs du smartphone sur les oreilles,
la mélancolie de Kind of blue de Miles Davis la submergeât.
Peut-on souhaiter ce genre de vengeance à quelqu'un?
RépondreSupprimerBien sûr que non !
SupprimerJ'étais dans la démesure au 1er épisode , je n'avais pas d'autres choix que d'amplifier, elle ne pouvait pas pardonner.