Lorette - Avec le langage de

Le langage de la danse

- Pschtt ! Pshtt ! On arrête de parler, les filles, et on s’étire.

Je me retourne, et il semble bien que la prof de danse s’adresse à nous, ma copine et moi ! Comment veut-elle que mon corps se réveille si je n’échauffe pas ma langue, la partie du corps que j’utilise le plus dans la journée ?

Mais ce matin, la prof ne semble pas d’humeur à rire car elle me dit :

- Lorette, ferme-la !

Me voyant choquée, elle précise, amusée :

- Ta main, c’est ta main que tu dois fermer !

Je suis rassurée, mais pas pour longtemps car elle continue :

-  Allez ! On s’étire comme des grandes frites.

Moi, je veux bien m’étirer, mais ça ne fonctionne pas bien sur les petites patates comme moi ! Je n’aurai jamais la ligne d’une belle et grande frite… En revanche, j’ai la frite, n’est-ce pas le principal ?

Après les étirements, place aux chorégraphies, et là, je soupçonne ma prof de venir d’une autre planète, car elle utilise un vocabulaire vraiment étrange avec des phrases du type :

- Ancrer vos pieds au sol !

Quelle idée saugrenue ! Mes pieds sont toujours au sol !

- On respire par les côtes.

Là, le mystère demeure car je respire par la bouche et j’ai beaucoup de mal à visualiser mes côtes en train de respirer, et pourquoi pas aussi de papoter ?

- On se tient comme un lézard !

Moi, je sais très bien me faire dorer la pilule au soleil sans bouger, mais ce n’est pas le mouvement qu’elle semble attendre…

- Laissez vos cerveaux au vestiaire !

Moi, je suis partante, mais il faut qu’elle installe des casiers spéciaux pour les cerveaux car le risque, c’est qu’après le cours quelqu’un me pique le mien !

- Lorsque vous dansez, faites marcher votre imagination en racontant une histoire et laissez-vous aller.

Et c’est ainsi que grâce à elle, nous nous retrouvons dans une forêt à lâcher un oiseau qui va récupérer l’énergie du soleil pendant que mes bras s’agitent, telles des branches d’arbre. Je me remplis de cette énergie pour lancer des confettis tout en chantant « Libérée, délivrée » de La Reine des neiges.

Bon, tout ceci est très poétique, mais le problème, c’est que je me retrouve régulièrement à faire les mouvements à l’envers ! Et ce qui est génial chez ma prof, c’est qu’elle continue de me proposer de participer au spectacle de fin d’année ! Franchement, elle n’a pas peur que j’accepte et que je transforme son ballet en un spectacle de cirque !