Soleil, je t'adore
Soleil, je t'adore comme les sauvages à plat ventre sur le rivage.
Je gisais, à moitié assommée. Les lèvres blanchies par le sel, la peau déjà brûlée. Pourtant, cette balade en goélette avait bien commencé. Une bande de copains, un anniversaire à fêter, les réjouissances s'annonçaient plus belles que jamais. Les soirs d'escale, le vin coulait à flot, les lumières chaudes altéraient peut-être la robe du vin mais pas ses arômes divins.
J'étais la seule femme à bord, déguisée, pour l'occasion en gentil moussaillon. Les regards effleuraient parfois, un peu goguenards, mon épaule dénudée.
Pour tous, la bonne marche du bateau était la priorité . De temps à autre, l'un des nôtres chantait à tue-tête et dans le vent, rien que pour le « ma », la célèbre cavatine rossinienne : « Una voce poco fa”. D'autres se sentaient l'humeur italienne et bramaient “O sole mio” tout en choquant ou bordant les voiles.
Là-bas, cria l'un de nous, montrant la côte, les “Cinque Terre”. Quelques instants plus tard, nous entendîmes sonner le tocsin. Nul ne sut jamais pourquoi. Nous, nous imaginions un drame aussi sombre que Colomba, où, cette fois, ce serait l'amant qui serait sacrifié.
Nous mîmes le cap sur la Corse. Dans la nuit magnifique, les étoiles jetaient leurs étincelles comme si une main géante éparpillait les fragments d'un miroir dans l'immensité.
Terre! Terre!
Nous étions redevenus des enfants, nous sautions de joie sur le pont, tels des bichons devant leur platée de croquettes 5 étoiles. Qui de nous s'est pris les pieds dans les écoutes? Qui n'a su manipuler la barre correctement? Allez savoir!
Hélas, trois fois hélas, aucun de nous n'avait pensé à souscrire à une assurance anti-naufrage.
A plat ventre sur le rivage, je fus la première, à adorer le soleil levant, comme une sauvage.
Entre Italie et Corse, une beuverie qui se termine au sec...
RépondreSupprimerje me suis laissé porter par le récit... jusqu'à la chute
RépondreSupprimerJ'espère que tu as retrouvé, dans la même position que la tienne, tes compagnons, qui, s'ils furent d'abord de félicité, ont partagé ton infortune
RépondreSupprimerChute inattendue d'une belle promenade en bateau...et excellent texte!
RépondreSupprimerJ'adore moi aussi !
Supprimerah oui, excellente interprétation, alors je te donne une friandise , à laquelle ton super texte m'a fait penser https://www.youtube.com/watch?v=Nln_l4YFyRc
RépondreSupprimerA bord, tu sauras désormais qu'il ne faut pas plus dire cavatine que prononcer le mot lapin...
RépondreSupprimerEmma... "Encore heureux... " Merci pour le lien!
RépondreSupprimerNounedeb... je savais pour "lapin", mais pas pour cavatine....
Et à tous et toutes, merci pour vos messages aux saveurs délicieuses!
En voilà une croisière arrosée !
RépondreSupprimerj'espère que vous avez sauvé le breuvage...
tu m'as emmenée sur les flots avec ta plume.J'ai aimé ce récit et j'ai aussi apprécié le ''soleil levant'' qui a salué ton sauvetage!:o)
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