mardi 19 février 2019

Pascal - Au Chili

Gonny 180219

Dimanche, d’un coup de vélo, je suis allé rendre visite à Gonny ; ils l’ont mis dans l’aile B du bâtiment « Le Grand Sud » ; c’est là qu’il se fait soigner. Normalement, c’est Gonzalez Nino, son nom et son prénom mais, nous, on l’appelle Gonny, ça va plus vite.
La semaine dernière, il a emprunté la mob de son père, celle dont il se servait pour aller au boulot. Tu parles, au premier virage, il a glissé ! Il s’est retrouvé par terre, avec la jambe coincée entre la bordure du trottoir et le moteur ! Jambe cassée ! Plâtre, poulies et tout le toutim !...

Son père, c’est le chilien de l’immeuble et, peut-être, même de la cité. Il ne rigole pas ; personne ne sait comment il a atterri ici ; c’est sûr, lui, il n’est pas en France avec un passeport touristique. Il bosse chez Renault ; du soir au matin, il travaille de nuit, il emboutit des tôles ou je ne sais quoi dans l’usine. Et, comme il murmure : « Siempre es mejor que Pinochet y su sangrienta milicia... »*. Depuis, au petit jour, à pied, il rentre chez lui, il rase les murs, il a sommeil…

Comme il n’avait pas de casque, il est un peu boursouflé ; il a une tête comme un moaï, notre Gonny, avec des bosses un peu bleues et un peu rouges ! Il a un beau pansement en forme d’étoile sur son front tout blanc ! Sur le bras, il a une estafilade, longue comme la Cordillère des Andes !...

Son père n’est pas encore venu le voir, à cause de son boulot mais, je crois qu’il va lui parler du pays… Santiago, Valparaiso, Linares, il va lui souffler toutes les grandes villes du Chili dans les bronches ! S’il était tombé au cours d’un rodéo, dans une « madialuna », passe encore, mais en mobylette !...

Sa mère, quand elle prépare ses « empanadas », ça embaume tout l’escalier ! Quand je reviens de l’école, j’ai presque envie de taper à sa porte pour qu’elle m’en donne une petite part !... Aussi bien, ils vont le renvoyer chez sa grand-mère, là-bas, en Terre de Feu ; il y retrouvera ses pumas, ses chinchillas, ses alpacas, ses lamas. Il est malheureux en France, je le comprends ; quand il voit les gilets jaunes défiler dans les rues, il dit que c’est comme chez lui, quand ils fêtent le nouvel an, en sous-vêtements jaunes !...

Oui, je crois qu’il s’ennuie chez nous, notre Nino ; le Cap Horn, le glacier Perito Moreno, la péninsule Valdès lui manquent. Oui, dimanche, je suis allé voir la patte à Gonny…

*C’est toujours mieux que Pinochet et sa milice sanguinaire…

7 commentaires:

  1. Espérons que ce ne soit pas une jambe agonie (c'est plus drôle avec patte)

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  2. Ce midi j'essaie les empanadas !

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  3. Mais parfois c'est El Niño qui met à la Gonny les côtes du Chili

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  4. Si au lieu d'une mob, il était monté sur un lama, ça ne lui serait pas arrivé!

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  5. alors depuis, Gonny, et sa patte folle, écoute en boucle à la radio Florent Pagny :)

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  6. Ton chili incarné par Gonny est plus vrai que nature. ;-)
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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  7. Un petit bout de Chili dans le quartier ;-) Mieux qu'un voyage en terre de feu , en ce qui me concerne ;-)

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