Gonny
180219
Dimanche,
d’un coup de vélo, je suis allé rendre visite à Gonny ; ils
l’ont mis dans l’aile B du bâtiment « Le Grand Sud » ;
c’est là qu’il se fait soigner. Normalement, c’est Gonzalez
Nino, son nom et son prénom mais, nous, on l’appelle Gonny, ça va
plus vite.
La
semaine dernière, il a emprunté la mob de son père, celle dont il
se servait pour aller au boulot. Tu parles, au premier virage, il a
glissé ! Il s’est retrouvé par terre, avec la jambe coincée
entre la bordure du trottoir et le moteur ! Jambe cassée !
Plâtre, poulies et tout le toutim !...
Son
père, c’est le chilien de l’immeuble et, peut-être, même de la
cité. Il ne rigole pas ; personne ne sait comment il a atterri
ici ; c’est sûr, lui, il n’est pas en France avec un
passeport touristique. Il bosse chez Renault ; du soir au matin,
il travaille de nuit, il emboutit des tôles ou je ne sais quoi dans
l’usine. Et,
comme il murmure : « Siempre es mejor que Pinochet y su
sangrienta milicia... »*. Depuis,
au petit jour, à pied, il rentre chez lui, il rase les murs, il a
sommeil…
Comme
il n’avait pas de casque, il est un peu boursouflé ; il a une
tête comme un moaï, notre Gonny, avec des bosses un peu bleues et
un peu rouges ! Il a un beau pansement en forme d’étoile sur
son front tout blanc ! Sur le bras, il a une estafilade, longue
comme la Cordillère des Andes !...
Son
père n’est pas encore venu le voir, à cause de son boulot mais,
je crois qu’il va lui parler du pays… Santiago, Valparaiso,
Linares, il va lui souffler toutes les grandes villes du Chili dans
les bronches ! S’il était tombé au cours d’un rodéo, dans
une « madialuna », passe encore, mais en mobylette !...
Sa
mère, quand elle prépare ses « empanadas », ça embaume
tout l’escalier ! Quand je reviens de l’école, j’ai
presque envie de taper à sa porte pour qu’elle m’en donne une
petite part !... Aussi bien, ils vont le renvoyer chez sa
grand-mère, là-bas, en Terre de Feu ; il y retrouvera ses
pumas, ses chinchillas, ses alpacas, ses lamas. Il est malheureux en
France, je le comprends ; quand il voit les gilets jaunes
défiler dans les rues, il dit que c’est comme chez lui, quand ils
fêtent le nouvel an, en sous-vêtements jaunes !...
Oui,
je crois qu’il s’ennuie chez nous, notre Nino ; le Cap Horn,
le glacier Perito Moreno, la péninsule Valdès lui manquent. Oui,
dimanche, je suis allé voir la patte à Gonny…
*C’est
toujours mieux que Pinochet et sa milice sanguinaire…
Espérons que ce ne soit pas une jambe agonie (c'est plus drôle avec patte)
RépondreSupprimerCe midi j'essaie les empanadas !
RépondreSupprimerMais parfois c'est El Niño qui met à la Gonny les côtes du Chili
RépondreSupprimerSi au lieu d'une mob, il était monté sur un lama, ça ne lui serait pas arrivé!
RépondreSupprimeralors depuis, Gonny, et sa patte folle, écoute en boucle à la radio Florent Pagny :)
RépondreSupprimerTon chili incarné par Gonny est plus vrai que nature. ;-)
RépondreSupprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Un petit bout de Chili dans le quartier ;-) Mieux qu'un voyage en terre de feu , en ce qui me concerne ;-)
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