Le bouillon
C'était donc 8h du matin au début du mois de juillet et Athanase s'était levé en ce joli matin de juin de l'an de grâce 1956.
C'était donc 8h du matin au début du mois de juillet et Athanase s'était levé en ce joli matin de juin de l'an de grâce 1956.
Le samedi... Non ça n'est pas raviolis ! Employé à la
compagnie d'assurances "La Musaraigne" dont la devise est :
"nous ne sommes pas des blaireaux", le siège au sein duquel il œuvre
en tant qu'adjoint du sous-chef de bureau, est situé rue Laffitte, cette rue
(je dis ça pour les bouseux) offre une vue superbe sur le Sacré Cœur.
Lui et son
épouse Proserpine habitent rue de la Grande Truanderie, dans le quartier des Halles
(les anciennes, hein).
C'est sur la
pointe des pieds qu' il quitte son modeste appartement du sixième étage, sans
ascenseur évidemment, il se retrouve sur le trottoir jonché de feuilles de
laitues, fanes de poireaux, tomates éventrées, les balayeurs sont à l'œuvre
afin d'effacer les traces du marché nocturne du "ventre de Paris" .
Quelques
grossistes de la rue Saint Denis finissent de ranger leurs entrepôts, à cette
heure on fait vraiment des affaires, quelques fruits et légumes à consommer
rapidement, sont littéralement bradés, Athanase, le sait et en profite, il
connait pratiquement tous les grossistes de son quartier.
Il passe
chez Robert l'épicier de la rue Rambuteau, achète une petite boîte de bouillons
"KUB" . C'est en sifflotant qu'il rentre chez lui, au bas de son
immeuble, Lulu la ventouse, décolleté généreux, et jupe fendue jusqu'à son
paradis, attend le chaland, un petit "salut Lulu" au passage, elle lui
rend son bonjour d'un grand sourire.
Athanase
grimpe les six étages, et c'est un peu essoufflé qu'il ouvre la porte vachement
bien écaillée de son appartement.
Proserpine
dort encore, elle est un peu souffrante Proserpine, elle a dû choper un coup de
froid la semaine dernière, à pratiquer des furtifs de porte cochère en plein
courant d'air, ça ne pardonne pas. C'est une sacrée luronne Proserpine, sous
ses airs de bigotte, elle a une gueule qui ne bouffe pas que du Bon Dieu !
Il en a un
peu marre Athanase de porter les cornes, parfois il se demande s'il passerait
sous le Carrousel ! Mais tout de même il va lui préparer un bon bouillon,
voyons, il est neuf heures, il sera prêt
dans deux heures... Tout va bien.
Assis devant
la table de la cuisine, un vieux journal étalé devant lui, il épluche soigneusement,
carottes, poireaux, patates, navets, verse le tout dans un faitout, ajoute sel
et bouillon Kub, puis se dirige vers le plus haut placard, monte sur un
tabouret et saisit un sachet, alors il
verse par dessus le délicieux assemblage de légumes, deux bonnes
cuillères d'une poudre blanche, c'est de la strychnine, au siège de la
"Musaraigne" on s'en sert parfois afin d'éliminer les rats qui
prolifèrent... Des rats au siège de la Musaraigne, c'est un comble non ?
Et tu sais ce qu'ils te disent les bouseux ? Ben oui : ça va avec ! :-)
RépondreSupprimerMarité : j'adooooore à chaque fois ça fait son petit effet ! Mine de rien je vais très souvent sur la côte normande. ];-D
SupprimerIl faudrait que je retourne voir ces rues
RépondreSupprimerLaura : le quartier a bien changé, de populaire il est devenu Bobo ! ];-D
Supprimer...Je croyais que le bouillon, c'était pour reconquérir son "infidèle" ! :)
RépondreSupprimerMaryline : Athanase a mis les légumes à cuire à 9 heures, tout sera prêt dans 2 heures dit-il, donc il servira le bouillon à Proserpine à 11 heures... Voilà tout est dit ! ];-D
SupprimerAh, y a un truc que je ne comprends pas : il perd sa gagneuse Athanase en lui donnant le bouillon de 11 heures. Il est devenu fou ? ;-)
RépondreSupprimerMarité :Proserpine (la bien nommée) ne pratique les furtifs de portes cochères que pour son plaisir, et celui des heureux élus œuf corse ! La gagneuse c'est "Lulu la ventouse"... Un monde, une époque, une page d'histoire un peu écornée. ];-D
SupprimerC'est dommage, il avait l'air d'être bon ce bouillon !!! :-/
RépondreSupprimerMarie : toutefois il ne valait pas le sirop "Typhon" ! ];-D
Supprimer