Publié en février 2015 sous le pseudo Blick (le thème était « Au resto »), imaginé à l’occasion du lancement de la nouvelle formule du site, qui, entre autres innovations, autorisait la publication d’images pour accompagner les texte
Maladivement, je préfère les commencements
Aux Nouveaux Impromptus
« Alors, me demande Vrac, qui vient d'entrer dans le café, les cheveux trempés et collés comme les pages d'un livre oublié sous la pluie, quoi de neuf chez les Impromptus, ça fait longtemps que je n'y ai pas mis les pieds
- Tu sais qu'ils ont déménagé au mois de janvier. Histoire de dépoussiérer ...
- Ils n'avaient pas fait le ménage depuis dix ans ?
- Je ne sais pas exactement, en tout cas, donner un nouvel essor, tout en gardant le même esprit. Ils ont convié leurs meilleurs clients la semaine dernière à un dîner d'inauguration
- Il faut croire que je n'en fais pas partie, je n'ai pas reçu d'invitation
- Oh arrête, Vrac, tu l'avais un peu cherché
- Et c'est comment, alors ? Tu y es allé ?
- Oui, bien sûr. C'est pas mal. Ils ont accroché aux murs des photos et des dessins, il paraît que beaucoup d'habitués se plaignaient des murs nus, maintenant c'est plus gai, plus pimpant
- Il y avait du monde ?
- Un monde fou, oui, enfin je veux dire pas forcément nombreux, mais un peu fou
- Ça dérange un peu, l'écriture, non ? Ou le contraire. Enfin je me comprends ! Tu as rencontré des gens intéressants ?
- Tu sais, il y avait beaucoup de gens que je ne connais pas, habituellement nous ne faisons que nous croiser, sans nous dire ni bonjour ni rien, jamais un commentaire. Ce qui est amusant, c'est que quelques-uns étaient venus avec leurs chats, sans doute n'avaient-ils pas trouvé de cat-sitter pour la soirée
- Et la déco, à part les murs ?
- Tout un mur est garni d'étagères chargées de bouteilles d'encre de toutes sortes, encre de seiche, encre de chine, encre sympathique, à l'huile de lin, thermochromique, de noix de galle, chacun peut commander l'encre de son choix pour accompagner son repas
- De l'ancre de marine avec le poisson, pour les récits de naufrage, ha ha. J'imagine qu'ils ont fait aussi un mur avec des plumes à tremper dans les encriers ! Et Tisseuse, elle est comment, en vrai ?
- Tu ne vas pas le croire. Évidemment, comme tu t'en doutes, je me faisais une fête de faire sa connaissance. En arrivant, je suis accueilli par une dame très distinguée, en tailleur anthracite, aux cheveux mauves, qui, l'œil vif, semble tout régenter. Je vais vers elle pour la saluer. « Bonsoir Tisseuse », luis dis-je, mais sais-tu ce qu'elle me répond ? « Non, non, moi c'est Végas ». Interloqué, je fais « Végas ? Le grand Végas ? ». « Eh bien oui, quoi, Végas sur Sarthe ». « Celui qui ... ». « Celui qui quoi ?, me demande t'il avec une pointe d'impatience, pardonnez-moi, j'ai à faire, car le service commence. Si vous voulez voir Tisseuse, c'est le jeune homme barbu, là-bas, qui remonte de la cave, c'est lui qui s'occupe des réservations »
- Le jeune homme ? sursaute Vrac
- Comme je te le dis. Un grand jeune homme, qui pour l'heure se tient appuyé contre le chambranle de la porte qui mène aux cuisines, en pantalon de velours côtelé et pull tricoté à la main, avec une longue barbe et des lunettes à fine monture, la physionomie intelligente, l'air timide. Je m'avance vers lui et réussis à articuler « Heu, Tisseuse ? Bonjour, c'est Blick », « Enchanté » répond-il en rougissant
- Mais ils se moquent de nous depuis 14 ans et demi, s'indigne Vrac
- Oui, peut-être, mais si on y réfléchit, c'est ce que nous aimons dans lécriture, ses déguisements, ses artifices, ses illusions, ses mensonges, ses pièges peut-être ...
- Quand même, quand même ! Heureusement qu'il nous reste L'Arpenteur …
- Attends. A côté de Tisseuse, du barbu donc si tu me suis bien, se tient une petite fille, avec un tablier de gâte-sauce aux poches remplies de porte-plumes, une jupe plissée et un chemisier à fleurs au col de dentelle taché d'encre, qui suce son pouce en me regardant avec effronterie, et dont je ne jurerais pas qu'elle n'a pas essayé de me faire un croc-en-jambe lorsque je voulus gagner ma table, abasourdi. Je vais pour lui tirer l'oreille mais à ce moment Tisseuse la gronde doucement « Allons, L'Arpenteur, n'embête pas les clients, va plutôt jouer à la dînette », et la gamine de me tirer la langue
- Quelle soirée surprenante ! As-tu bien mangé, au moins ?
- Ça va. Mais figure-toi que je n'avais pas prêté garde au fait que sur l'invitation, en petit, il était marqué que l'addition resterait à la charge des invités
- Ça c'est fort. Salée ?
- Salace, plutôt ! Enfin, salace, mais ça délasse.
Ton texte m'avait bien fait rire sur le moment car c'était très bien imaginé comment pouvaient être les personnages réels sous les pseudos:)
RépondreSupprimerIl me touche tout particulièrement à présent car l'illustration est une photo que ma fille avait prise à Lyon dans un resto où nous dejeunions avec L'Arpenteur et son épouse et où nous avions probablement parlé des Impromptus...
Cela me touche aussi car tu n'as pas pu finalement apprécier la rencontre que tu as eu avec ces personnes là sur le forum de gestion : mauvais timing dans doute :(
Faire rire... toucher... j'aurais dû écrire davantage... peut-être en variant les pseudos
SupprimerJe me souviens de ce texte qui m'avait beaucoup amusé en son temps.
RépondreSupprimerPar contre j'avais oublié que j'étais "grand" :)
Attends, grand, oui, mais n'oublie pas le côté fiction, l'aspect imaginatif...
SupprimerChez Blogborygmes nous nous connaissons pratiquement tous, hélas le blog s'effiloche, 13 ou 14 ans c'est long pour un blog, je manque d'inspiration, les AUTRES aussi... Nanbanère. ];-D
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