Je souhaite vous partager ici le tout premier texte que j'ai envoyé aux Impromptus d'alors, et qui a été publié le 12 novembre 2006. C'était un thème étrange intitulé "Le vendeur de temps", et j'ai écrit un texte que je trouve étrange aussi... J'ai hésité quelques jours avant de l'envoyer, et puis j'ai guetté sa publication, et comme il a été diffusé le dimanche de fin de thème il a été peu commenté à l'époque, mais je me sentais heureuse de voir que pour la première fois un de mes petits textes étaient lus par d'autres personnes que quelques proches.
Ensuite j'ai renouvelé l'expérience, semaine après semaine...je suis devenue administratrice du site sur la proposition de Obni.
Puis Mercedes, auteure du site, et amie virtuelle, m'a ouvert un blog gratuit que j'ai investi quotidiennement de mes poèmes, en compagnie de l'Arpenteur j'ai écrit sur un blog collectif ouvert par Wictoria (autre auteure des Impromptus), puis j'ai ouvert en parallèle un 2ème blog d'écritures pour des textes plus longs...
Enfin, j'ai délaissé ces deux blogs d'écriture : manque de temps, panne d'écriture...
Aucun des contributeurs aux Impromptus d'aujourd'hui ne connait ce texte, et je trouvais intéressant de le produire, comme une sorte de boucle du temps.
Le vendeur de temps
J’ai
vendu mon temps au premier passant du matin. Je n’avais plus un sou en poche
pour nourrir ma carcasse. A quoi lui servait mon temps à ce bonhomme
moche ? Je ne lui ai pas demandé. Je n’en avais rien à foutre de savoir
s’il avait vraiment besoin de ce temps là, puisque moi je savais que si je ne
bouffais pas j’allais finir par en crever. Alors, pour moi….un peu de temps en
moins ou pas, qu’est-ce que ça changerait ? Il valait mieux céder mon
temps au premier venu, qu’en nourrir les asticots !
Il
ne m’a même pas remercié. M’a jeté quelques euros sur le trottoir. A ramassé
les précieuses heures que j’avais mises au fond d’un petit sac plastique, et
s’est précipité dans le TGV de 6h48.
Moi,
très lentement, je me suis relevé, lesté de quelques heures. Me suis dirigé
vers le buffet de la gare, et ai commandé un gros steak frites. Qu’est-ce que
ça peut me faire qu’il soit 7h du mat’ pour vous tous…alors que pour moi, il
est à nouveau 19h…à la date d’hier bien sûr.
Si
ça continue, je vais en faire commerce, de mon temps qui ne me sert qu’à
survivre, et encore…si mal. Et je vais remonter dans mon passé.
Peut-être
pourrais-je ainsi prendre d’autres chemins, plus bénéfiques…Peut-être
pourrais-je revoir ceux que j’ai perdus et aimés, et qui me manquent tant….Peut-être
que je ne gâcherais plus mon temps à l’école, comme autrefois quand j’étais si étourdi
et que je rêvassais sur les bancs de bois. Peut-être vais-je retrouver le bon
cours du temps, de celui dont je n’aurais jamais dû sortir. Peut-être vais-je
retrouver l’instinct de vie, comme lorsque j’étais enfant…….
Je
suis retourné m’asseoir, sur le quai, adossé au poteau en attendant le prochain
TGV.
Je
ne sais pas quelle heure il est, et je m’en tape.
Je
rêve déjà à maman qui me sourit en me bordant.
J'aime ce surréalisme qui ramène au désir de retour à l'enfance.
RépondreSupprimerIl était temps que tu republies ce texte, Tisseuse !
merci beaucoup Vegas :)
Supprimeril est vrai que je n'écris pas très souvent en prose, et c'était un dépassement pour moi de lancer ce texte à l'époque dans l'univers du web
complexe et attachant
RépondreSupprimermerci Laura pour ta lecture :)
Supprimertu es arrivée je crois sur Les Impromptus à la fin de l'année 2007... tu as la palme de la fidélité en quelque sorte
Vraiment des ambiances comme je les aime ! Merci.
RépondreSupprimermerci pour ce compliment :)
SupprimerO.T.A.N suspend ton vol comme disait Georges W. Bush au dessus de l'Irak... ];-D
RépondreSupprimerJolie réflexion suer l'éphémère, merci Tisseuse.
on est bien peu de chose il est vrai...
Supprimermerci Andiamo pour ta lecture !
J'aime ce texte, je le trouve précieux au sens propre, j'aurais pu l'acheter cher au kiosque de la gare pour le lire dans le train. Il est à la fois aérien, léger et bleuté comme la fumée de la pipe de monsieur Hulot, en même temps qu'il se débat avec la réalité massive des gares et des horaires et se cogne dans nos interrogations métaphysiques. J'aime ce texte propice à toutes sortes de lectures
RépondreSupprimerMerci beaucoup Bricabrac pour ce commentaire élogieux!
RépondreSupprimerIl est vrai que ce texte court en dit long sur nos vies humaines jusqu'à leur absurdité parfois.