En descendant la ruelle, un matin d'été, je sens bien que
quelque chose en moi accroche les sourires et les regards. Mais quoi ? Je porte
un petit haut échancré jaune paille et une jupe qui virevolte en haut de mes
longues cannes de cigogne, dorées par un juillet flamboyant. Je balance à tout
bout de bras un petit panier d'osier bleu roi, et mes sandales clipiticlopent
sur les pavés glissants. J'ai faim du monde et de la vie. J'ai envie de rire
aux éclats. Je bouge en liberté mon corps de quatorze ans et demi monté en
graine, avec cette innocence charmante de l'enfance à peine close.
Je vois qu'un homme au visage huileux, assez vieux, (il doit
avoir au moins… quarante ans !) pas très beau, me déshabille de haut en bas
avec des yeux bizarres. Jamais vu encore ce genre de
regard. J'ai l'impression soudaine de n'être plus qu'une poire, ou une grosse
brioche. Il passe sa langue sur ses lèvres en un geste obscène. Son sourire
libidineux m'éclabousse. Pourtant, en même temps, je reste là, coincée entre
attirance et répulsion, un peu tétanisée par le maelström qui m'agite. Est-ce
bien ? Est-ce mal ?
Je devrais prendre mes jambes à mon corps. Je ne bouge pas,
comme fascinée par un python.
Quelle imprudence ! Porter un petit panier d'osier bleu roi ...
RépondreSupprimerInsouciance de la jeunesse... ;-)
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Oh comme on se sent salie alors, comme si leur langue baveuse avait approchée notre peau juvénile :(
RépondreSupprimerMais j'ai pensé ensuite que c'était eux-mêmes que ces hommes dégradaient lorsqu'ils se comportaient ainsi, sifflant sourdement entre leurs dents à mon passage dans les ruelles de Saint Étienne, comme des cigales malfaisantes.
Merci Celestine d'être revenue écrire!
Et j'aime beaucoup le commentaire de Vegas :)
Et tu as tout à fait raison de penser cela, chère Tisseuse.
SupprimerHeureuse d'être parmi vous pour ce chant du Cygne impromptu.
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Sans doute voulait il tout simplement porter la main à ton joli panier bleu ? ];-F
RépondreSupprimerHé hé ...Peut-être bien !
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Ah, tu racontes au mieux ce pan.
RépondreSupprimer+
Rien à voir :
Le 100 ne fit qu'un tour, et devint 101.
;-)
Eh oui...le chiffre, du coup, est beaucoup moins rond que mon panier...
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Au Maroc, quand j'y ai vécu 3 ans, il y a 10 ans, ça m'arrivait sans cesse
RépondreSupprimerCe n’est pas une sensation très agréable d’etre déshabillée du regard...sauf par l’homme que l’on aime 😊
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Mais pourquoi restions-nous sans réaction devant de tels agissements ? Cela me rappelle le métro parisien et mes 19 ans. Suivie dans la rue aussi avec des mots...des mots...L'horreur !
RépondreSupprimerOn dit la jeunesse actuelle insolente. Pas toujours bien venu mais dans ces cas-là, aujourd'hui, elle ne se laisse pas faire et j'en suis très heureuse.
Oui, les jeunes femmes d'aujourd'hui sont beaucoup moins formatées, et c'est bien tu as raison...
SupprimerMae West disait : « chaque fois que j'ai rencontré un homme, il a voulu me protéger...Mais me protéger de quoi ? » Oui, de quoi, si ce n'est des hommes eux-mêmes, de leurs pulsions, et des idées reçues selon lesquelles une femme est une proie potentielle...
Bisous ma belle
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Se rendre compte que l'on est observée peut-être agréable mais pas comme dans ton récit, bien sur...et pas à quatorze ans ! Heureusement, la majorité des hommes y mettent plus de retenue.
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