dimanche 9 juin 2019

Lilousoleil - C'était donc 8h du matin

C'était donc 8h du matin au début du mois de juin

Levée de bon matin, Manon avait décidé de partir à la recherche du temps perdu. Comme elle ne savait évidemment pas où il était perdu, sinon elle ne serait pas partie à sa recherche, elle chercha sur internet. L’ami wiki l’envoya piocher dans des définitions aussi fantaisistes que réelles du temps puis tomba sur un certain monsieur Proust, Marcel de son prénom (elle qui ne connaissait que Gaspard soi-disant humoriste) qui en avait écrit tout un roman ! Elle lut quelques paragraphes, bailla lourdement, s’ennuya mais ne trouva pas de piste pour ce fameux temps perdu. Et puis d’abord fallait-il chercher le temps astral ou le temps sidéral ; vaste question. 
Elle prit une carte pédestre, chercha les meilleurs chemins. Elle prit boussole, bouteille thermos, une loupe, deux citrons,  du pain d’épices, des pastilles de  menthe ; ah, oui aussi des pansements pour les ampoules.
Elle s’engagea sur le chemin caillouteux derrière le moulin de la galette ; en fait c’était celui du pépère Martin, un descendant probable de maître Cornille.  Elle n’avait aucune idée du temps qu’elle avait perdu à tourner et tergiverser avant d’enfiler chaussettes et baskets.
Ses pas la menèrent dans une clairière, où des touffes de plantes odoriférantes émergeaient ça et là. Elle cueillit des brins d’herbe fraîche et les mâchouilla, fit deux pas en avant, trois en arrière, s’arrêta pour écouter les chants des oiseaux, en particulier un merle moqueur mais ne vit pas de cerisier. Plus loin quelques marguerites sauvages ouvraient les corolles blanches et rosées. Elle les effeuilla murmurant des « je t’aime, un peu, etc., tomba sur à la folie » et se dit que Max finalement l’avait lâchement abandonnée et  ne la kiffait plus du tout.  Elle se posa deux minutes pour examiner à la loupe les fleurs essayant de se souvenir de ses leçons de  choses. En s’agenouillant elle aperçut des fourmis qui cheminaient, travailleuse et courageuses. Elle observa leur manège un moment puis elle s’assit, posa son sac à dos, s’en fit un oreiller et regarda le ciel où s’étiraient des nuages blanc. Elle vit un mouton, la carte de France, un poisson, une cuillère…puis … puis le sommeil l’envahit.
Bien plus tard, elle reprit sa route, fit le chemin en sens inverse ; ne retrouva pas le temps perdu. Etait-ce vraiment du temps perdu ? Elle fredonna la chanson de Barbara ; le temps perdu ne se rattrape plus.

5 commentaires:

  1. Tu prêches une convaincue : errer dans la campagne n'est jamais du temps perdu !

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. En voilà une jolie idée le matin au réveil... partir à la recherche du temps perdu.. ;-))

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  4. Ah ce fameux temps "perdu" ! Jolie trouvaille.
    Étrangement, je mangerais bien un peu de pain de la même famille. Celui-ci est plus simple à retrouver !

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  5. vegas sur sarthe10 juin 2019 à 19:24

    Un joli chemin semé de références !

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