mardi 4 juin 2019

Tiniak - C'était donc 8h du matin

Beatnik blues


C’était donc huit heures du matin, au début du mois de juin. Après une nuit passée sur une mer mauvaise, mais pis qu’un cor au pied du fantassin, je me posais enfin sur une dune lunaire, cernée de cratères par un réveil brutal et ravageur ; je posais un cul, quoi. Et, du sable, j’en avais plus que plein la raie ! J’avais la gorge sèche d’en avoir tant bouffé avant d’arriver là. Tu parles d’une promenade balnéaire ! Impossible de regarder en arrière, en plus. Mes yeux se perdaient entre mes lacets, à recompter mes pieds, pour en être bien sûr. Deux, c’est pas compliqué à vérifier, vous me direz. Ben si ! Demandez à Herb’, Johnny, Ted, Farouk, Jonasź ou Léon – ce Léon, quel con ! il est resté sur la plage à chercher le sien, le droit, en gueulant « t’es où, connard ! » et en français dans le texte, if you please!

C’était donc huit heures du matin, au début du mois de juillet. Brooklyn se remettait à peine de ma gueule bois. Bob avait dégueulé sur ses dernières pattes de mouche; il eut du mal à en faire une chanson, cette fois-là. Au réveil, il était furax, ‘fallait voir. Et que je t’engueule Alec qui fumait de tous les côtés en marmonnant quelque mantra. Et que je te secoue Joan qui ne réagissait plus – elle avait pas l’habitude de se murger autant, la déesse. Et que je t’incrimine un complot du FBI… La totale. Jack et moi, on était pétés de rire à le voir gigoter comme un guignol de foire au square Trousseau. Huit heures du mat’, c’est cool ! Giorgio va nous faire crédit d’un café si on lui achète un paquet de brunes.

C’était donc huit heures du matin, au début du mois d’août. L’endroit grouille de
junkies chevelus et puants, moins intéressés par ce qui se fomente dans cette fabrique d’art-à-tout-vat que par les minous défoncés qui font vibrer leurs poitrines peinturlurées, dans des danses – accordons-leur – transcendantales. L’Europe est un lointain fantasme que l’on s’emploie à célébrer et dénigrer, tout un, dans nos fièvres expérimentales, à quoi nous agrippons notre dédain suprême des « valeurs supérieures » qu’on nous sert en burgers, en pâtée, oui !

C’était donc huit heures du matin, au début du mois de septembre. Quand j’y pense, je tremble encore. Je me réveille en garde-à-vue, les mains ourdies de sang séché – le mien ? On me présente au Detective Malooney… Putain, pas lui ! Et, pour un simple graffiti, il me ressort tout mon dossier. Pourtant, il a fait le Viet-Nâm. Merde, il devrait comprendre. Ouais… Encore un cuistot !

C’était donc huit heures du matin, juste à la fin du mois d’octobre. Je n’ai jamais autant aimé les fleurs qu’en Normandie, mais pas ici, bordel ! Pas ici ! Une pelletée de sable, une pierre et ça ira, merci.

C’était donc huit heures du matin, au début du mois de novembre. Hare ! Hare !

6 commentaires:

  1. Ah mon bon Tiniak, les junkies t'auraient ils refilé de leur dope ?
    La fumette ça a du bon, si c'est ce qui te fait écrire un Texte commack ! ];-D

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    1. Fut un temps, oui. Je dois donc avoir de bons restes XD

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  2. vehas sur sarthe5 juin 2019 à 18:01

    Les débuts de mois se suivent (forcément) et se ressemblent en quelque sorte ! Hare ! Hare !

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  3. Naïve que je suis : je croyais qu'on disait prendre son pied et non chercher son pied !
    Mais ils furent certainement plus d'un il y a 75 ans à perdre un pied - et plus - en Normandie. Cela vaut bien quelques fleurs. Et plus.

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  4. Waouh ! Je ne suis pas sûre d'avoir tout suivi... vous pouvez répétez ... if you please? Oh et puis après tout qu'importe, je lis et je comprends ce que je veux ! ;-))

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