17 Octobre 1961
Protestant contre l'instauration d'un couvre-feu les algériens manifestent à Paris.
La police tirera sur la foule, faisant 80 morts et plus de 500 blessés.
Venus des bidonvilles de Nanterre, de Puteaux ou de Courbevoie où j'habite à l'époque 10 000 manifestants algériens se dirigent vers le Pont de Neuilly pour gagner l'Etoile en une marée humaine qui submerge les forces de l'ordre et s'accroche à elles comme des abeilles à un essaim.
Alors on tire et du haut de notre 8ème étage j'assiste au spectacle de ceux qui veulent fuir et qui sont rattrapés sauvagement par des militants pour rentrer dans le rang.
A 14 ans on se demande bien qui est ce Ben Bella qu'il faudrait libérer.
C'est pourtant à cette même fenêtre dominant l'avenue que j'écoute émerveillé les flonflons de la fête à Neu-Neu qui s'installe chaque année dans la chaleur étouffante des étés parisiens.
Fenêtres grandes ouvertes à la quête d'un air respirable il est difficile de dormir tant montent à nos oreilles d'adolescents les flonflons, les cris et surtout les coups sourds que font les badauds cherchant à s'échapper du labyrinthe de verre – le Palais des Glaces – installé fort à propos au pied de notre immeuble.
Ici aussi on tire … sur des ballons ou des cibles dans l'espoir de gagner le lot suprême, un gigantesque ours en peluche.
Alors on sort du lit et – permission de minuit en poche lestée de deux francs – on s'habille pour descendre rejoindre la foule en liesse aux relents de sueur et de barbe à papa … que je crois sentir encore
Octobre 61 j'avais 22 ans, je travaillais à la Porte de la Chapelle, une petite boîte dans laquelle on fabriquait des machines à cartes perforées, les ancêtres des ordis !
RépondreSupprimerC'était hier et c'est si loin déjà. Ben Bella, le F.L.N, l'O.A.S, Chalan, Zeller, Jouhaud, Challe... Qui s'en souvient encore ? ];-D
Ben mon vieux :)
SupprimerDans l'enfance il n'y a pas que des bons souvenirs...mais la mémoire olfactive les font durer très très longtemps !
RépondreSupprimerLes goûts et les odeurs … ça ne se discute pas
Supprimerça me fait une impression étrange, ces deux souvenirs accolés, le tragique et le festif...
RépondreSupprimerDeux visions bien différentes du monde pour un ado à sa fenêtre
Supprimerd'un même point de vue, la vie peut sombrer ou la vie peut rire
RépondreSupprimerc'est ainsi que va la vie, quelque soit la fenêtre
C'est tellement juste
SupprimerTout dépend où l'on pose le regard... la vie est pleine de contradictions, de surprises, de joies et d'atrocités. Heureusement qu'il y a la fête... en tout temps, elle reste utile ! ;-)
RépondreSupprimerVive la fête !
SupprimerC'est bien cela, tous ses noms qu'on entend, on ne comprend pas tout , on pressent que c'est important mais on n'a pas les clés...
RépondreSupprimerC'est aussi cette année-là que sont arrivés les "pieds noirs" dans notre collège. On se demandait bien ce que voulait dire cette appellation bizarre. Et eux aussi, d'ailleurs, on les trouvait bizarres et déboussolés. Mais ils se sont vite intégrés dans notre milieu scolaire.
RépondreSupprimerLes souvenirs olfactifs sont les plus prégnants dans la mémoire...
RépondreSupprimerSuper bien décrite, l'ambiance de l'époque.
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