jeudi 29 novembre 2018

Antoine Delmonti - Le chemin de l'école

La poudre d’escampette

J’avais pris mon sac de classe et quitté la maison comme si je partais au collège, alors qu’avec mon copain François nous avions décidé d’aller voir un film, et donc, de sécher les cours de l’après-midi.

Dans le hall d’entrée du Trianon, il y avait pas mal de monde, heureusement je n’y ai vu personne que je connaissais. La salle était un peu vieillotte, le tapis rouge plutôt fatigué et les sièges grinçaient, mais qu’importe ! Nous nous sentions heureux d’être au ciné et d’avoir faussé compagnie à notre prof de maths, le père Laubiez, surnommé La fouine !

Une fois installés, nous avons eu droit à la réclame : boire un canon c’est sauver un vigneron, les 500 cadeaux Bonux, Blédine la seconde maman, la lustreuse pour voitures Nénette...
Les actualités suivirent, pas très réjouissantes, puis ce fut l’entracte. Une ouvreuse passait dans l’allée avec son panier rempli de chips Flodor, de chocolats glacés et de caramels Krema. Pendant ce temps, du haut du balcon, des plaisantins lançaient des papiers de bonbons aux filles se trouvant en dessous et qui protestaient énergiquement.

Ensuite, les lumières se sont éteintes pour la projection du film dont on nous avait tant parlé, Le Guépard. L’un des moments forts fut la première scène où apparaît, beauté éclatante, la jeune Claudia Cardinale. Elle s’avance, plutôt intimidée, ses cheveux noirs s’accordent parfaitement avec sa longue robe blanche, et une rose rouge orne son corsage. Il y a aussi ce passage émouvant, où le prince Salina, d’ordinaire si sûr de lui, se sent subitement très seul au milieu des invités, comme s’il se rendait compte qu’il n’est plus tout jeune et que le monde qu’il a connu va disparaître. Et là dessus, la musique, si envoûtante, de Nino Rota...
Les images du film encore en tête, je récupérai rapidement mon sac chez François, et repris le chemin de la maison.


Le soleil venait de se coucher. La lumière devenait incertaine, les vitrines des magasins s’allumaient l’une après l’autre, tandis que de pâles reflets apparaissaient par moments sur l’eau sombre du canal.

7 commentaires:

  1. Ambiance de l'interdit garantie… j'ai hâte d'en revivre plus la semaine prochaine sur ces escapades d'une autre époque. Aujourd'hui on "sèche" sur les smartphones et on s'intéresse aux cougars :)

    RépondreSupprimer
  2. Les petits cinoches de quartier... Un monde, une époque, pas moins de sept à Drancy là où j'ai passé mon enfance, plus un seul aujourd'hui, vivent les chaînes câblées. ];-D

    RépondreSupprimer
  3. Encore une belle séquence nostalgie digne de l'émission culte d'Eddy Mitchell : la dernière séance...
    Toute une époque, comme disait Audiard quand il avait une baisse d'inspiration... ;-)
     •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

    RépondreSupprimer
  4. Le chemin de l'école buissonnière...

    RépondreSupprimer
  5. Ah Nino Rota, le rideau n'est pas tombé !

    RépondreSupprimer
  6. Ah, bravo ! T'as même pas pris une raclée... Ah, on est bien ! XD

    RépondreSupprimer
  7. Bon pour une fois... soit... mais pas plus , hein !!! ;-))

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont précieux. Nous chercherons toujours à favoriser ces échanges et leur bienveillance.

Si vous n'avez pas de site personnel, ni de compte Blogger, vous pouvez tout à fait commenter en cochant l'option "Nom/URL".
Il vous faut pour cela écrire votre pseudo dans "Nom", cliquer sur "Continuer", saisir votre commentaire, puis cliquer sur "Publier".