La
poudre d’escampette
J’avais pris mon sac de classe et
quitté la maison comme si je partais au collège, alors qu’avec
mon copain François nous avions décidé d’aller voir un film, et
donc, de sécher les cours de l’après-midi.
Dans le hall d’entrée du Trianon, il
y avait pas mal de monde, heureusement je n’y ai vu personne
que je connaissais. La salle était un peu vieillotte, le tapis rouge
plutôt fatigué et les sièges grinçaient, mais qu’importe !
Nous nous sentions heureux d’être au ciné et d’avoir faussé
compagnie à notre prof de maths, le père Laubiez, surnommé La
fouine !
Une fois installés, nous avons eu
droit à la réclame : boire un canon c’est sauver un
vigneron, les 500 cadeaux Bonux, Blédine la seconde maman, la
lustreuse pour voitures Nénette...
Les actualités suivirent, pas très
réjouissantes, puis ce fut l’entracte. Une ouvreuse passait dans
l’allée avec son panier rempli de chips Flodor, de
chocolats glacés et de caramels Krema. Pendant ce temps, du
haut du balcon, des plaisantins lançaient des papiers de bonbons aux
filles se trouvant en dessous et qui protestaient énergiquement.
Ensuite, les lumières se sont éteintes
pour la projection du film dont on nous avait tant parlé, Le
Guépard. L’un des moments forts fut la première scène où
apparaît, beauté éclatante, la jeune Claudia Cardinale. Elle
s’avance, plutôt intimidée, ses cheveux noirs s’accordent
parfaitement avec sa longue robe blanche, et une rose rouge orne son
corsage. Il y a aussi ce passage émouvant, où le prince Salina,
d’ordinaire si sûr de lui, se sent subitement très seul au milieu
des invités, comme s’il se rendait compte qu’il n’est plus
tout jeune et que le monde qu’il a connu va disparaître. Et là
dessus, la musique, si envoûtante, de Nino Rota...
Les images du film encore en tête, je
récupérai rapidement mon sac chez François, et repris le chemin de
la maison.
Le soleil venait
de se coucher. La lumière devenait incertaine, les vitrines des
magasins s’allumaient l’une après l’autre, tandis que de pâles
reflets apparaissaient par moments sur l’eau sombre du canal.
Ambiance de l'interdit garantie… j'ai hâte d'en revivre plus la semaine prochaine sur ces escapades d'une autre époque. Aujourd'hui on "sèche" sur les smartphones et on s'intéresse aux cougars :)
RépondreSupprimerLes petits cinoches de quartier... Un monde, une époque, pas moins de sept à Drancy là où j'ai passé mon enfance, plus un seul aujourd'hui, vivent les chaînes câblées. ];-D
RépondreSupprimerEncore une belle séquence nostalgie digne de l'émission culte d'Eddy Mitchell : la dernière séance...
RépondreSupprimerToute une époque, comme disait Audiard quand il avait une baisse d'inspiration... ;-)
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Le chemin de l'école buissonnière...
RépondreSupprimerAh Nino Rota, le rideau n'est pas tombé !
RépondreSupprimerAh, bravo ! T'as même pas pris une raclée... Ah, on est bien ! XD
RépondreSupprimerBon pour une fois... soit... mais pas plus , hein !!! ;-))
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