Choupette, Zézette,
Kiki, les femmes de sa vie.
- Choupette ? Choupette ?
Jean-Mi sort de sa
voiture et se plante, là, au beau milieu de la pelouse. Que se passe
t-il ? Quelque chose cloche. Hébété, il regarde à droite, puis à
gauche, avance un peu. Il marche sur du verre brisé, lève la tête.
Les carreaux du séjour ont volé en éclat et maculent le massif
qu'il prend grand soin de fleurir chaque saison. Il remarque parmi
les débris du bleu qui rappelle celui du vase offert à sa Choupette
lors de leur voyage en Egypte pour leur vingt ans de mariage. Un
cambriolage. C'est ça, un cambriolage. Mais pourquoi ils ont cassé
le vase ? Les salauds. Il va se faire enguirlander proprement par
Choupette qui lui serine depuis des mois : "faisons installer un
système d'alarme Johnny - elle l'appelle Johnny parce qu'elle lui
trouve une ressemblance avec son idole - j'ai peur ici quand tu es en
déplacement." Il aurait dû, c'est vrai, il aurait dû.
Une idée fulgurante
traverse son esprit. Choupette ! Pourvu que... Mon Dieu ! Jean-Mi
grimpe en trombe les marches du perron. Il remarque à peine
l'amoncellement près de la porte d'entrée, fonce dans le couloir,
jette un œil dans la cuisine où règne un désordre incroyable.
Habituellement, en rentrant en fin de semaine de ses tournées, il
retrouve sa Choupette en train de lui mitonner ses plats préférés.
Jean-Mi se déplace dans tout l'hexagone pour vendre des boites à
outils, des casques et autre matériel de sécurité pour les
chantiers. Il aime son métier mais adore les fins de semaine,
peinard, chez lui avec sa femme.
Jean-Mi fonce dans le
séjour. A propos de chantier...en voilà un beau ! On dirait qu'une
tempête a passé par ici. Une tempête, que dis-je ? Un ouragan, un
cyclone, une tornade. Chaises renversées, tiroirs de commode béants,
vaisselle empilée sur la table n'importe comment. Même le tapis du
salon, tout taché a atterri sur les livres de la bibliothèque qui
jonchent le parquet.
Bon sang, mais que se
passe t-il s'interroge encore Jean-Mi et où est donc Choupette ? Qui
a bien pu foutre un tel boxon dans leur belle maison ? Il entend un
grognement de rage, se retourne et aperçoit Choupette vautrée sur
le canapé, à demi nue. Près d'elle, deux cadavres : une bouteille
de whisky, une autre de vin. Échevelée, le visage violacé, les
yeux hagards, on dirait une folle. Il n'en revient pas, elle si
soucieuse de son apparence.
- Mon Dieu, elle a été
violée pense Jean-Mi. On l'a saoulée en plus. Qui, mais qui a pu
commettre ça ? Il se précipite, prend sa femme dans ses bras mais
avec une force insoupçonnée, celle-ci le repousse et il tombe à la
renverse, incrédule.
- Mais enfin Choupette,
ma chérie ? Je suis là. Qu'est-ce qu'on t'a fait ? Raconte. Je
vais appeler un médecin. Ça me rend fou.
Choupette se redresse et
articule difficilement :
- Je n'ai pas besoin de
toubib. Fous-moi le camp. Je veux plus te voir, t'entendre. Tiens, je
te vomis.
Là-dessus, Choupette
inonde le costume de Jean-Mi d'une giclée rougeâtre puant l'alcool.
- Choupette ? Mais je ne
comprends pas. C'est moi, tu me reconnais, dis ? Ton Johnny...qui
t'aime.
Choupette ricane et se
met à chanter à tue-tête : "Johnny, Johnny, tu n'es pas un
ange..."
Jean-Mi pâlit. Une idée
émerge dans sa tête. Non, impossible. Elle ne sait pas. Elle ne
peut pas savoir, il prend tellement de précautions. Il attrape la
bouteille de whisky. Plus une goutte. Il a besoin de réconfort. Il
se dirige vers le bar. Mais avant qu'il l'atteigne, Choupette se rue
sur lui, le pousse vers leur chambre et là, là...Il n'en croit pas
ses yeux.
- Regarde, regarde,
salaud ! Tu m'as bien prise pour une conne hein. Mais c'est fini,
fini. Tu vois tes fringues, ton bordel, j'ai tout foutu dehors. Et
toi avec. Dégage.
Jean-Mi fixe bêtement
Zézette, étalée sur le lit. Zézette, c'est leur poupée
gonflable, celle des tendres moments partagés. Elle ne porte plus
son beau corset en latex noir mais arbore la petite culotte en soie
de Marie-Christine. Celle que sa douce Kiki lui a dédicacé : "
A mon Johnny. Que je t'aime."
On ne peut pas être doué en boîtes à outils et dans tous les autres domaines
RépondreSupprimerBen ouiche ! Avoir un mari bricoleur n'est pas toujours une sinécure. ;-)
SupprimerAh la la, garder pareil trophée ! Pas malin Jean MI, mais Choupette devrait savoir qu'après autant d'années de vie commune, l'important pour le ménage, c'est que l'un comme l'autre rentre le soir... Point barre ! ];-D
RépondreSupprimerMon petit doigt me dit que tu te serais montré bien plus futé hein Andiamo ? ;-) Mais, mais, mais, attention aux intuitions féminines !
SupprimerEt dans quelques années, elles se battront pour l'héritage ?
RépondreSupprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
peut-être qu'ils pourraient finalement remplacer Zézette par Kiki ?
RépondreSupprimer:))))
Choupette.
RépondreSupprimerTout un poème !!!
Sacrée garde-robe, la Barbie!
RépondreSupprimerMettre une culotte à une poupée gonflable, je n'y aurais jamais pensé !
RépondreSupprimerMais bon, j'ai plein de lacunes en latex ! ;-)
Merci à vous d'avoir parcouru les décombres de mon chantier et de les avoir commentés. ;-)
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