jeudi 29 novembre 2018

Vegas sur sarthe - Le chemin de l'école

La terre de Saint-Denis

Ce n'était pourtant pas le poids de mes deux petits Robert qui me courbaient l'échine chaque fois que j'allais à l'école – de maigres attributs qui tentaient de différencier le garçon manqué que j'étais des petits branleurs de ma classe de cm2 – pourtant le chemin de l'école était interminable.
Ce n'était pas non plus le poids des godillots hérités de mon frangin ni cette jupe trop courte pour moi, héritage de ma grande sœur qui l'avait usée en son temps sur les mêmes bancs, pourtant le chemin de l'école était ennuyeux et semé d'ornières comme autant d'embûches sournoises.
Pourquoi le chemin du retour était-il plus court, alors que j'empruntais le même petit bois, la même décharge sauvage et les mêmes ornières ?
Les leçons de calcul que j'écoutais d'une oreille distraite du fond de la classe ne m'ont jamais apporté d'explication.
« C'est parce que la Terre tourne » m'avoua un jour sous la torture la fayotte de la classe sans me persuader pour autant ; je la renvoyai, sanguinolente à ses chères études.
La terre je la traînais sous mes semelles un peu plus à chaque pas sur ce chemin de campagne boueux, car à l'époque – bien avant les barres d'immeuble et le Stade de France – Saint-Denis était à la campagne !
C'était une terre collante et noire que nous décrottions à la récré à la faveur de furieuses cavalcades et poursuites.
Si les petits branleurs couraient après les filles pour leur pincer les fesses ou leur tirer les cheveux, j'étais du côté des petits branleurs et je m'y étais rangée tout naturellement dès le premier jour d'école.
C'est sans doute pour ça que je me suis mise à aimer pincer les fesses des filles et leur tirer les cheveux à la manière des petits branleurs.
Je n'avais pas choisi mon prénom mais Claude c'est bien pratique pour semer le doute dans les esprits pervers de ceux qui osaient me tourner autour.

Sur le chemin du retour, ce n'était pas le poids de mon cerveau réfractaire qui me lestait beaucoup – ce que la maîtresse appelait instruction et que les adultes nomment bagage – car même en jouant à la marelle dans les flaques d'eau les plus fangeuses j'arrivais bien vite à la maison où m'attendaient tout à la fois une grosse tartine beurrée et une raclée pour m'être « gaugée » jusqu'aux genous ; j'ai longtemps mis un 's' à genou jusqu'à ce qu'au collège je sois en mesure de rallonger mes jupes...
Et puis en deux ans j'ai fini par quitter mon cm2, le chemin boueux et les petits branleurs pour rejoindre le bahut et ses grands boutonneux... mais ça c'est la prochaine histoire.

13 commentaires:

  1. Végas ! Ah ces pseudos... Je te prenais pour un garçon !
    Andiamette est de Saint Denis, elle habitait l'îlot Saint Léger, une île entre le Rouillon et le Vieille mère, Saint Denis c'était la cambrousse, elle allait à l'école Marville, et ce en sabots l'hiver, biscotte la gadoue ! ça ne nous rajeunit pas ma pôv Dame . ];-D

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    1. Garçon, fille… au gré de mes élucubrations mais garçon quand même :)
      J'ai trop peu de souvenirs de mes années Saint-Denis pour pouvoir développer; à l'époque j'habitais en caserne (en face le fort de l'Est) où mon père était motard dans la gendarmerie

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    2. Végas : Plus rapide qu'un morpion pour changer de sexe !
      Il existe toujours une caserne, près du fort de l'Est, je ne sais pas si ce sont des gendarmes.

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  2. Souvenirs d'une enfant de banlieue.
    Ça ne manque pas ni de charme, ni de pittoresque!

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  3. amusantes tes aventures androgynes :)

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  4. Cerveau réfractaire, excellent !
    Alors ça chauffait ou pas ?
    Et belle chevauchée que tu nous proposes !

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    1. ça chauffe encore… ce thème dure 2 semaines !

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  5. Ça te va drôlement bien, la jupe... ;-)
     •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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  6. Genre ! Comment tu m'as scotché, garçonne ! Vibrante émotion, et sourire, bien sûr ;) T'es une chouette gars, dis !

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  7. Vivement la prochaine histoire ! ;-))

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