La
terre de Saint-Denis
Ce
n'était pourtant pas le poids de mes deux petits Robert qui me
courbaient l'échine chaque fois que j'allais à l'école – de
maigres attributs qui tentaient de différencier le garçon manqué
que j'étais des petits branleurs de ma classe de cm2 – pourtant
le chemin de l'école était interminable.
Ce
n'était pas non plus le poids des godillots hérités de mon frangin
ni cette jupe trop courte pour moi, héritage de ma grande sœur qui
l'avait usée en son temps sur les mêmes bancs, pourtant le chemin
de l'école était ennuyeux et semé d'ornières comme autant
d'embûches sournoises.
Pourquoi
le chemin du retour était-il plus court, alors que j'empruntais le
même petit bois, la même décharge sauvage et les mêmes ornières ?
Les
leçons de calcul que j'écoutais d'une oreille distraite du fond de
la classe ne m'ont jamais apporté d'explication.
« C'est
parce que la Terre tourne » m'avoua un jour sous la torture la
fayotte de la classe sans me persuader pour autant ; je la
renvoyai, sanguinolente à ses chères études.
La
terre je la traînais sous mes semelles un peu plus à chaque pas sur
ce chemin de campagne boueux, car à l'époque – bien avant les
barres d'immeuble et le Stade de France – Saint-Denis était à la
campagne !
C'était
une terre collante et noire que nous décrottions à la récré à la
faveur de furieuses cavalcades et poursuites.
Si
les petits branleurs couraient après les filles pour leur pincer les
fesses ou leur tirer les cheveux, j'étais du côté des petits
branleurs et je m'y étais rangée tout naturellement dès le premier
jour d'école.
C'est
sans doute pour ça que je me suis mise à aimer pincer les fesses
des filles et leur tirer les cheveux à la manière des petits
branleurs.
Je
n'avais pas choisi mon prénom mais Claude c'est bien pratique pour
semer le doute dans les esprits pervers de ceux qui osaient me
tourner autour.
Sur
le chemin du retour, ce n'était pas le poids de mon cerveau
réfractaire qui me lestait beaucoup – ce que la maîtresse
appelait instruction et que les adultes nomment bagage – car même
en jouant à la marelle dans les flaques d'eau les plus fangeuses
j'arrivais bien vite à la maison où m'attendaient tout à la fois
une grosse tartine beurrée et une raclée pour m'être « gaugée »
jusqu'aux genous ; j'ai longtemps mis un 's' à genou jusqu'à
ce qu'au collège je sois en mesure de rallonger mes jupes...
Et
puis en deux ans j'ai fini par quitter mon cm2, le chemin boueux et
les petits branleurs pour rejoindre le bahut et ses grands
boutonneux... mais ça c'est la prochaine histoire.
Végas ! Ah ces pseudos... Je te prenais pour un garçon !
RépondreSupprimerAndiamette est de Saint Denis, elle habitait l'îlot Saint Léger, une île entre le Rouillon et le Vieille mère, Saint Denis c'était la cambrousse, elle allait à l'école Marville, et ce en sabots l'hiver, biscotte la gadoue ! ça ne nous rajeunit pas ma pôv Dame . ];-D
Garçon, fille… au gré de mes élucubrations mais garçon quand même :)
SupprimerJ'ai trop peu de souvenirs de mes années Saint-Denis pour pouvoir développer; à l'époque j'habitais en caserne (en face le fort de l'Est) où mon père était motard dans la gendarmerie
Végas : Plus rapide qu'un morpion pour changer de sexe !
SupprimerIl existe toujours une caserne, près du fort de l'Est, je ne sais pas si ce sont des gendarmes.
Souvenirs d'une enfant de banlieue.
RépondreSupprimerÇa ne manque pas ni de charme, ni de pittoresque!
amusantes tes aventures androgynes :)
RépondreSupprimer… à suivre :)
SupprimerCerveau réfractaire, excellent !
RépondreSupprimerAlors ça chauffait ou pas ?
Et belle chevauchée que tu nous proposes !
ça chauffe encore… ce thème dure 2 semaines !
SupprimerÇa te va drôlement bien, la jupe... ;-)
RépondreSupprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
On me le dit souvent :)
SupprimerBelle tranche de vie.
RépondreSupprimerGenre ! Comment tu m'as scotché, garçonne ! Vibrante émotion, et sourire, bien sûr ;) T'es une chouette gars, dis !
RépondreSupprimerVivement la prochaine histoire ! ;-))
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