Vegas sur sarthe - Mots obsolètes

Rififi dans le Médoc

J'avais accepté sans grand enthousiasme ce job de plumitif à « Bordeaux Madame » mais je m'étais aussitôt attelé à un sujet gourmand qui me passionnait depuis toujours : L'art ancestral de fabriquer une bonne guinette.
Pas question de rhapsoder pour décrire cet art – fleuron du patrimoine gastronomique aquitain – qui réside dans l’enrobage de la cerise dans un chocolat noir pur beurre sans en détacher la queue.
J'allais boucler le sujet quand une collègue – croque-notes à ses heures – employée à la rubrique pop-rock me fit remarquer dédaigneusement que depuis des années on utilisait des queues de cerises artificielles !
Je l'aurais bien envoyée paître si récemment – sacrifiant à la traditionnelle promotion canapé – elle ne s'était pas engantée avec le rédacteur en chef.
Soucieux de garder mon emploi j'évitai d'ironiser sur le sujet des queues synthétiques ou pas qu'elle semblait affectionner auprès du boss et je remisai mon sujet gastronomique au placard.


J'avais le choix entre les tartouillades d'un illustre barbouilleur qui sévissait à l'aquarelle en trempant pieds et pinceaux dans la Garonne et un sujet sur les tripatouilleurs viticoles qui pratiquaient dans le Saint-Emilionais la ripopée à grande échelle.
Je choisis ce dernier car au moins j'allais pouvoir me torcher aux grands crûs le temps de mon enquête.

Comme on dit dans notre jargon, j'allais pouvoir me refaire la cerise !

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