Pinsonneux
On
venait de fusionner les équipes de Vancouver et de Paris et j'avais
été affecté au 318ème projet après l'abandon des tests sur le
parfum d'un shampoing papaye et mangue.
Cette
fois-ci je m'attelais au LA 440 Hertz qu'on avait décelé dans le
chant d'un pinson qui s'était invité en plein hiver sur le balcon
enneigé du grand patron …
Je
devais cette mutation au Canada à mes brillants résultats sur la
voie somatosensorielle de la caresse, étude qui m'avait – à en
croire les jaloux – trop rapproché de mes sujets d'étude.
Germaine
restée en France avec les enfants avait finalement lancé la
procédure de divorce, une décision qui perturbait une région
particulière de mon thalamus que j'avais explorée autrefois et que
je connaissais bien (la région, pas Germaine).
J'en
étais là de mes sombres réflexions devant cette grotesque cage à
oiseaux où s'agitaient quelques pinsons des Canaries quand mon
supérieur m'annonça la grande nouvelle : j'étais promu au
grade de « Pinsonneux » en chef !
A
cet instant j'étais bien loin d'être aussi gai que ces oiseaux
chanteurs, ces pinsonnes d'un gris fauve dont j'allais partager la
vie pour une durée indéterminée …
J'avais
insisté pour tester des femelles, persuadé que leur chant mélodieux
stimulerait l'ACTH – l'adrenal cortico-trophic hormone – objet de
toutes les attentions des trois cent personnes qui bossaient comme
moi sur les plaisirs minuscules.
Si
les pinsonnes chantèrent, je dus déchanter ; l'assistante
trompeusement acariâtre qu'on m'avait attribuée se révéla toute
autre dans la machine à IRM et ses orgasmes à répétition
faussaient tant les résultats des mesures que je dus la congédier,
d'autant plus que mes pinsonnes baroques traumatisées jouaient un LA
à 415 Hertz et non pas 440 !
Je
portai alors mon choix sur un cobaye autochtone, un bucheron musclé
et barbu façon ZZ Top dont j'envoyai immédiatement la photo à
Germaine dans l'espoir de la convaincre de me revenir.
Je
ne reçus qu'un SMS laconique en retour, un « Je te souhaite
bien du plaisir » qui ruina mes derniers espoirs de sauver
notre couple.
Je
me noyai dans le travail, aidé de Aaron mon barbu musclé soumis aux
gazouillis de mes pinsonnes et à la redoutable tomographie par
émission de positrons, le dernier cri de la recherche scientifique.
Un
matin, alors que je traversais la cafétéria du Centre de Recherche
« Au Bon Plaisir » je surpris une jolie blonde à
fredonner devant une chocolatine et un grand bol de café fumant et
odorant ...
Je
ressentis alors une sensation de chaleur intense au niveau du circuit
mésocorticolimbique que je mis sur le compte de sa blondeur.
Pourtant,
n'était-ce pas simplement cela que je cherchais éperdument depuis
cinq ans ?
Non,
ça ne pouvait pas être ça, ça ne devait pas être ça.
A
l'autre bout de la cafétéria, Aaron me souriait, une jolie pinsonne
bleue posée sur son deltoïde saillant … à mon poignet le
détecteur de dopamine s'emballa.
Un peu tirée par les plumes cette histoire...! C'était une vraie blonde ? Je ne dirai rien à Germaine :)
RépondreSupprimerSympa
SupprimerQuelque peu "perché" sur une branche Vegas non? ;-))
RépondreSupprimerpour une fois que je cherche quelque chose ...
SupprimerQuestion : Est-ce qu'un deltoïde saillant peut faire vizer une cuti ?
RépondreSupprimerJe ne sais pas mais une cuti peut faire virer un deltoïde !
SupprimerJe voulais dire "virer" !
RépondreSupprimer:)
Supprimerà la recherche du point G qui ne désigne pas l’initiale du prénom Germaine :)))
RépondreSupprimerOn ne sera peut-être pas trop de trois cent ! On devrait embaucher des femmes :)
SupprimerRemarquable étude sur la dopamine où l'on voit bien que, de barbe en cheveu comme de plume en poil, le fameux plaisir minuscule tient à peu de chose.
RépondreSupprimerC'est tout à fait exact et c'est prouvé scientifiquement :)
SupprimerIl semblerait que tu aies un fort taux de dopamine ! Il parait que cela évite les conduites à risque...
RépondreSupprimerJ'aime quand tu te perds dans ton cerveau limbique !
RépondreSupprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆