mercredi 6 mars 2019

Pivoine - Plaisirs minuscules


Je dédie cette moisson à celle qui vit au présent et l'écrit

Le matin, placer la tasse dans l'appareil à expresso, ne pas oublier d'insérer le petit filtre en papier dans l'appareil, mettre le sucre de canne dans la tasse aux oiseaux. Et faire couler le café. Tout apporter à table, la tasse aux oiseaux, l'assiette aux motifs de saule, récupérée dans une brocante, avec le toast, la confiture d'ananas ou le fromage. Et manger... Tout en prenant des nouvelles du monde.
Ouvrir mon ordinateur dans l'espoir d'écrire un article de blogue, ou un texte vraiment littéraire - de préférence sans un petit doigt empaqueté dans un pansement, parce que je me suis brûlée en essayant de cuire du riz à l'Iranienne, et que j'ai oublié de mettre le thermostat sur zéro.
Retrouver de vieilles photos sur cet ordinateur et se mettre à les retravailler. Ecrire pour soi. Dans le silence absolu de l'appartement.
Déguster le riz à l'Iranienne préparé par une dame, et réussi, lui, avec l'épine-vinette, sûre et sucrée ensemble, le safran, et cuit longuement à la vapeur, avec une serviette entortillée au couvercle de la casserole.
Papoter au téléphone et échanger des nouvelles sans importance.
Avoir un temps de printemps en février.
Contempler la bibliothèque qui me fait face, avec ses livres aux tranches colorées, les petits vases oranges, le pot à thé en céramique, une drôle de Bécassine en faïence venue en droite ligne de Bulgarie, la bougie aux trois couleurs nationales ramenée de Saint-Hubert, et celles aux couleurs de l'arc-en-ciel, que j'ai mis tant de temps à fabriquer.
Regarder un téléfilm sentimental - Lui au printemps, elle en hiver - ou des téléfilms policiers: celui qui se passe à Saint-Guilhem le Désert et au pont du Diable, celui qui se passe à la Piscine, à Roubaix, ou dans une aciérie en ruines dans le Nord, ou encore, à Rochefort ou à La Réunion. Regarder dix fois les mêmes scènes dans "La pièce montée", dans "Baisers cachés" ou dans "Un bébé pour noël". Se dire qu'on est vraiment très éclectique. Et qu'on est restée aussi sentimentale qu'à vingt ans. 
Toutefois, observer que dans un téléfilm policier, les petits déjeuners interrompus des inspecteurs, commissaires, etc. sont proportionnels au nombre de morts découverts au petit matin, par un joggeur matinal. Que cela doit vraiment faire baisser le taux de population de la région. Et que passé la première coupe de champagne commandée pour l'apéritif, les couples se disputent, l'un s'en va, puis l'autre - dans une direction opposée. Le champagne lui, reste là.
"Souper" sur sa table de salon, mais soigneusement réunir les miettes après.
Se décider à tout ranger le soir, avant d'aller au lit, car on n'aime pas laisser des assiettes traîner jusqu'au lendemain. Se glisser dans les draps frais, éteindre la lumière (on lit plutôt le matin, avant de se lever), fermer les yeux, et vivre la vie des personnages qui hantent votre imaginaire depuis des siècles.
En créer de nouveaux, songer à chercher la signification de leurs noms sur internet, et se dire que décidément, on aimerait bien écrire leur histoire...

13 commentaires:

  1. tout d'abord je salue le thème qui a fait refleurir Pivoine chez les Impromptus :)

    et ensuite je ne peux que louer la description précise d'une journée emplie de multiples petits plaisirs...une page de sagesse

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Tisseuse :-) j'ai manqué quelques consignes qui m'inspiraient, c'est dommage. D'autres sont parfois plus difficiles.
      J'aurais pu trouver mieux ... mais les rites font parfois les petits plaisirs du quotidien. Ce ne sont pas de grands bonheurs, mais ce ne sont pas non plus ces grandes épreuves qui perturbent parfois le quotidien .

      Supprimer
  2. Quand le quotidien devient plaisir de vivre...joli partage !

    RépondreSupprimer
  3. Parmi ces petites touches de plaisirs variés, l'écriture semble y avoir trouvé une belle place

    RépondreSupprimer
  4. Une belle journée toute fourmillante de ces petits plaisirs que tant d'autres, ne les ayant pas vus, auraient trouvé ennuyeuse.
    Et je remarque avec plaisir que, comme moi et comme beaucoup dans le sud, tu dis souper pour le repas du soir.
    (Il n'y a qu'un déjeuner possible où l'on quitte le jeûne, c'est celui du matin au lever, et le soi-disant verbe inventé "petit-déjeuner" est tellement ridicule...)

    RépondreSupprimer
  5. Le cérémonial d'une journée ordinaire avec ses menus plaisirs, ses déboires aussi. On te suit pas à pas.

    RépondreSupprimer
  6. Que j'aime tous ces détails qui donnent vie à tous ces plaisirs du quotidien ;-)

    RépondreSupprimer
  7. Un joli déroulé de quotidien aux multiples plaisirs minuscules.

    RépondreSupprimer
  8. Plaisir de vivre et de l'écrire !

    RépondreSupprimer
  9. Ne boudons pas nos petits plaisirs... ];-D

    RépondreSupprimer
  10. J'aime beaucoup tes petits plaisirs, Pivoine...
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

    RépondreSupprimer
  11. " En créer de nouveaux, songer à chercher la signification de leurs noms sur internet, et se dire que décidément, on aimerait bien écrire leur histoire... " L'histoire des gens semblable et unique comme tout quotidien ; passionnant ... Moi j'aimerai leur écrire une histoire mais je ne sais par quel bout commencer : le soir ou le matin ? ;-)

    RépondreSupprimer
  12. On ne vantera jamais assez les vertus de l'épine-vinette conjuguées à celles de la bibliothèque avec ses livres aux tranches colorées. Douceurs où l'âme erre... Merci, Miss Tiss ♥

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont précieux. Nous chercherons toujours à favoriser ces échanges et leur bienveillance.

Si vous n'avez pas de site personnel, ni de compte Blogger, vous pouvez tout à fait commenter en cochant l'option "Nom/URL".
Il vous faut pour cela écrire votre pseudo dans "Nom", cliquer sur "Continuer", saisir votre commentaire, puis cliquer sur "Publier".