Bernard attendait impatiemment Catherine.
Il avait besoin d'elle. Un besoin impérieux, grandissant et inconfortable.
" Qu'est-ce qu'elle fait? " gémissait-il, le nez au ras des herbes folles." J'en peux plus! Catherine!" appelait-il.
• Oui, je suis là.
• Mais où, là? Je ne te vois pas. Tu l'as trouvée?
• Non, y'en avait plus.
• C'est impossible! J'en ai envie! Tu ne peux pas savoir.
• Moi aussi.
Les voilà, tous deux, couchés dans les hautes herbes, désespérés. Catherine rampe vers Bernard. Devant eux, un vaste champ.
• Regarde! dit triomphante Catherine.
• Quoi?
• Là! Le champ! Y'en a plein!
• Plein de quoi?
• De l'herbe!
• Et alors, nous voilà bien avancés! T'as vu la hauteur de la clôture?
• Réfléchissons. Doit y'avoir moyen d'y entrer dans ce pré.
• Moi, j'en peux plus. Toi, réfléchis, si tu as encore la force. Mais fais vite! Ça me manque trop.
• Y'a un portail!
Haletant, ils avancent vers le portail, trainant leurs corps du plus vite qu'ils peuvent. Atteignent enfin le portail, qui ne s'ouvre pas. Au comble du désespoir, ils s'affalent devant cette ouverture condamnée. Le bonheur est à portée de main, mais comment faire pour l'atteindre!
• Je sais! jubile Catherine. Attends-moi. Je reviens tout de suite.
• Fais vite. J'en ai trop besoin.
• Moi, aussi.
Elle revient, un instant plus tard, triomphante.
• Je l'ai!
• Quoi?
Et levant bien haut sa main, dans laquelle brille un objet, Catherine répond, tout sourire: "Le sésame!"
• Du sésame! C'est tout ce que tu as trouvé!
• Suis-moi!
Ouvrant le portail, suivie d'un Bernard ragaillardi, Catherine pénètre dans ce champ. Tous deux s'y roulent exaltés, écrasant cette herbe si longtemps désirée, humant cette suavité odorante, cette herbe, ah ! cette herbe! Retrouvant un instant de lucidité, Bernard demande:
• Comment t'as ouvert?
• Avec le sésame, je te l'ai déjà dit! C'est bon d'être ici. Je plane!
• Te moque pas de moi.
• Je suis retournée à la ferme. Derrière la porte, accrochée à un clou, la clé des champs. Je l'ai prise. Allez, viens planer avec moi.
Bonsoir!
RépondreSupprimerEt vous la prêtez cette clé? :-)
Merci pour ce joli texte, surprenant et amusant.
Jolie serrure!
RépondreSupprimeret cette clé pour "l'herbe à planer" est en vente libre?
RépondreSupprimersuper bien amené. Je me suis demandé jusqu'à la fin où tu voulais nous embarquer !
RépondreSupprimerla clé des songes aussi
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