Vie
de Grenier.
___ C’est quoi ton
p'tit nom ? Qu’a fait l’caporal qu’enregistrait les arrivées.
___ Heu Grenier
M’sieur pourquoi ?
___ C’est Caporal qu’on
dit mon gars, caporal, retiens bien ça ! Si j’te d’mande c’est pour savoir
mon gars, pour savoir et surtout pour
avoir un nom à graver sur la plaque que t’auras au cou jusqu’à ta mort, pardine.
Grenier avec un r à la fin ?
___ Ben oui M’sieur.
___ Caporal j’t’ai
dit d’dire. Dis donc mon garçon t’es tête en l’air toi, remarque c’est rien que
normal pour un grenier.
Et les autres autour
de s’esclaffer.
C’est qu’il n’en
menait pas large avec ses dix sept ans tout juste le petit père Grenier….
Il avait à peine
débarqué du train comme les milliers d’autres qui accouraient de toutes les
régions de France. Pas plus que les autres il ne savait ce qui l’attendait.
S’ils l’avaient su, tous, au lieu de venir le sourire aux lèvres et la fleur à
la boutonnière, ils auraient fait demi-tour et foutu le camp à grandes
enjambées.
C’est qu’on était au
début d’Août quatorze, ils avaient laissé derrière eux les champs à moissonner
et pensaient bien être de retour pour engranger le foin ou battre les blés. Ils
étaient partis en pleurant sous les sourires dès que l’affiche avait été
placardée dans les villages, dès que les Gardes Champêtres avait fait leurs
annonces sur les places accompagnés de roulements de tambour approximatifs. Et
puis, ils étaient venus dans cette région dont ils ignoraient tout, même
l’existence.
Alors, ils avaient
souffert et s’étaient battus. Pour les plus chanceux, ils avaient survécu dans
le froid, la boue, les rats, la peur, le
bruit, la faim, les bombes, les charges, les hurlements, les gaz, le sang, la
mort… Pour la plupart, ils avaient l’habitude de se battre, ils savaient
affronter plus forts qu’eux mais c’était contre les saisons, le chaud, le vent,
la pluie, le gel.
Grenier, lui s’était
battu autant que les autres. Il avait fait ce qu’on lui demandait de faire en
essayant de rester vivant.
Ça n’avait pas suffi.
En Décembre quinze, un obus en avait décidé autrement.
Il ne retournerait
jamais dans sa ferme. Il pourrirait là, en morceaux épars, dans cette tranchée
perdue.
C’était la vie de
Grenier, Jean Baptiste, dix huit ans mort dispersé, en lambeaux par un obus de
soixante seize engagé dans un canon de l’autre côté des tranchées par un gosse
de vingt…
Où lire Chri
Où voir ses photos
Où lire Chri
Où voir ses photos
magnifique !
RépondreSupprimeret cependant si triste :(
je recommande dans ce thème le film "Au revoir là haut"
et ton image du corps dispersé est tellement saisissante par rapport à certains vide-greniers :(
C'est toute l'horreur de cette guerre, des mômes qui n'avaient pas 20 ans parfois, morts sans avoir embrassé une fille une fois dans leur vie !
RépondreSupprimerBravo Chri d'avoir interprété le thème sous cet angle. Et de magistrale façon. J'ai aimé le clin d'œil "la vie de grenier". ;-)
RépondreSupprimerOn trouve de tout dans les vide-greniers... ton interprétation du thème est surprenante, touchante et triste à la fois
RépondreSupprimerExcellent ce titre calembour.
RépondreSupprimerEt belle histoire triste.
Un enfant qui meurt, c'est un enfant qui meurt, quel que soit le côté d'où viennent les bombes...
¸¸.•*¨*• ☆
Dans ce texte, un Chri du coeur, à la belle écriture.
RépondreSupprimer@A vous six.
RépondreSupprimerMerci à vous.
Quelle originalité pour répondre à cette consigne ! ... l'Histoire et l'émotion en plus... merci :-)
RépondreSupprimer@ Turquoise Merci à vous!
RépondreSupprimerCette contribution emplie d'humour noir ne plaira guerre aux anciens combattants qui officient ici ! ;-)
RépondreSupprimerah la la !!! Joe, tu ne crois pas si bien dire :)
Supprimeret nous allons finir, administrateurs des Impromptus, épars, sur le champ de bataille de l'écriture...
par contre, très heureux de voir que ce thème a plutôt bien marché, et que les commentaires vont bon train !!!
@ Joe Désolé si je vous ai froissé! :-)
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