vendredi 24 novembre 2017

Turquoise - Vide-greniers

La neuvième

Ce dimanche de novembre, Félix est seul avec Hugo, son fils ainé. Son épouse s’est levée avant l’aube pour participer à une brocante « vide-grenier » et Victor, le plus jeune, passe la journée chez un copain, qui fête son anniversaire.

Père et fils ont rarement l’occasion de passer une journée à deux, et ils ont décidé de se faire plaisir.

Vers quinze heures, ils se dirigent vers la Salle Philharmonique de Liège, où est programmée la Neuvième; le Chœur Philharmonique de Bonn (ville natale de Beethoven) est l’invité d’honneur de cette représentation.

La salle est magnifique, elle a été entièrement rénovée, et son acoustique est l’une des meilleures que Félix ait jamais expérimentée




Ils sont à l’aise dans cet environnement : Hugo étudie le violon au Conservatoire de Musique, ils échangent quelques mots avec de nombreuses connaissances, et s’installent.

L’orchestre se prépare, de tous côtés surgit ce fameux « la » qui mettra tout le monde d’accord : bois, instruments à vent ou à corde, personne ne prendra le risque de la moindre dissonance.

Le chef fait son entrée, les archets sont prêts à attaquer la première note, le public retient son souffle.

Félix et Hugo sont assis au deuxième rang, juste assez près de la scène pour sentir le signal de départ, et quelques instants suffisent pour que la magie opère.

Le premier mouvement commence tout en douceur, de façon presque mystérieuse. Les thèmes s’enchainent ensuite, alternant fortissimo et interventions beaucoup plus subtiles des instruments à cordes. D’où ils sont, Félix et Hugo peuvent suivre le moindre mouvement des musiciens, les basses qui invitent les violons à entrer en scène, le premier violon qui répond au reste de l’orchestre; plus rien n’existe autour d’eux, ils sont subjugués.

Tout à coup, Félix se sent transporté devant sa télévision, le neuf novembre mille neuf cent quatre-vingt neuf quand, de la foule en liesse, s’est élevé le son du violoncelle de Rostropovitch qui jouait l’ode à la joie, qui sera désormais le symbole de la construction européenne.

Il est très vite ramené ici et maintenant; la salle devient trop petite, les chœurs transcendent l’espace, renforcés par des percussions qui sont restées très discrètes jusqu’au final, particulièrement majestueux.

La dernière note retentit, suivie d’un moment de silence; le public se lève, applaudit fort et longtemps, plein de reconnaissance pour la beauté de ce moment.

Père et fils cheminent maintenant côte à côte, presque sans parler.

A la maison, ils retrouvent Victor et sa maman; le repas du soir sera animé, chacun racontera sa journée, et partagera les moments forts avec les autres.

12 commentaires:

  1. Entre un vide-grenier et un concert symphonique, je sais bien ce que j'aurais choisi, moi... ;-)
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. J'ai pour principe, chaque fois que c'est possible, de laisser de côté les tâches désagréables... ça s'appelle de la procrastination :-)

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  2. Seule fausse note, la consigne, peut-être; mais le samedi tout est permis... :-)

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    1. J'ai effectivement retenu la version la plus minimaliste de la consigne, mais j'ai une excuse : je n'ai pas de grenier :-)

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  3. Question : est-ce que la maman a pris autant de plaisir que ses hommes à tenir son vide-grenier ? ;-)

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    1. J'en sais rien, je n'ai pas encore raconté le repas du soir :-)

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  4. la mère leur aura peut-être ramené quelques cors, ou harmonicas :)))

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    1. Bonne idée ! En fait, ce texte est le premier jet d'un travail que je dois finaliser en décembre ; il est donc amené à évoluer...

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  5. De Liège je ne connais que la station de métro avant Saint Lazare (ligne 13) ... Bon je sors !!
    Blague à part tu y étais ?

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    1. Non, je n'y étais pas : j'ai construit le récit sur base d'une conversation que j'ai entendue en prenant un café dans un bistrot... à Liège !

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  6. Tu fais bien de nous le rappeler : le 16 décembre, c'est l'anniversaire de Beethoven !

    https://vignette.wikia.nocookie.net/peanuts/images/d/dc/19581215.gif/revision/latest?cb=20130818142209

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  7. Ambiance de concert très bien rendue, comme si on y était (j'y vais fréquemment à Toulouse). Et belle salle.

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