Un jour, il y a eu une nouvelle maison,
dans l’enthousiasme de vies qui se construisent, d’enfants qui
apprennent à marcher un animal en peluche en guise de balancier et
de carrières qui s’installent.
Dans cette maison, était un
« grenier », bien grand mot pour décrire une sorte de
recoin mansardé, en haut d’un escalier si raide qu’il serait
plus honnête d’appeler échelle.
Un recoin toutefois assez vaste pour
accueillir toute l’obsolescence de la famille, et même une sorte
d’espace aménagé en bureau.
Les années se sont écoulées, voyant
les enfants grandir, les carrières louvoyer, et mon pas perdre de sa
superbe lorsqu’il fallait gravir les raides degrés menant à mon
recoin : sauvé par le temps des études supérieures et
l’éloignement du foyer familial, libérant des chambres où les
bestioles en peluche sont depuis longtemps des éléments de
décoration pour un usage de bureau.
Ainsi a été franchi un jalon de cette
histoire, entre l’adoption de lits jumeaux et celle de stores
électriques, un peu laids mais si pratiques…
Et puis un jour arrive, on choisit de
quitter cette maison, pour une avec des étages en moins et des cieux
à la météorologie plus agréable.
Alors, il va falloir le vider, ce
grenier : en redécouvrir le contenu, ces dizaines de petites
boîtes de toutes formes, s’atteler à l’inventaire, au tri,
s’apprêter à voir ressurgir des vagues de souvenirs pas toujours
bienvenus – et pas uniquement la vieille collection de VHS
pornographiques.
Car on sait que l’on va surtout
retrouver les carnets de dessins délaissés, les partitions jamais
déchiffrées, des cohortes de manuscrits inachevés, toutes ces
strates de projets abandonnés, faute de temps, d’idées, de
sincérité et, hélas, de talent.
Un jour, il y a une vie qui s’étiole,
usée, lasse du fardeau de tous ces rêves abandonnés, de ces
renoncements...et la fureur du nettoyage, radical, gaver toutes les
bennes à ordures du quartier jusqu’à écœurement…
Un dernier vide-grenier pour chasser les vieilleries qui emprisonnent un espoir que l’on ne veut pas abandonner.
Un dernier vide-grenier pour chasser les vieilleries qui emprisonnent un espoir que l’on ne veut pas abandonner.
je ressens bien toute la mélancolie de ce texte, pour en avoir partagé parfois des sentiments proches.
RépondreSupprimeret à la fois, c'est peut-être le moment de dépoussiérer certaines errances, et de rendre plus légères des aspirations qui vont pouvoir peut-être finalement s'épanouir...dans une troisième période de vie, pourquoi pas :)
Quel beau texte !
RépondreSupprimerJe pense à « quatre murs et un toit » tu connais ?
https://youtu.be/E8kYTPcagLU
¸¸.•*¨*• ☆
Toute ressemblance avec une autre histoire de "stores électriques laids mais bien pratiques" n'est pas vraiment fortuite...
Supprimer;)
(c'était notre rubrique "rendons à César...")
Ah oui, je n'avais même pas vu... ;-)
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
J'ai souvent déménagé et tous les objets de mon enfance ont été "bennés" depuis fort longtemps ! Mais je comprends l'émotion que tu dois ressentir en retrouvant ces "jalons" des décennies plus tard.
RépondreSupprimerVider un grenier, c'est aussi affronter les souvenirs et cela ne se fait pas sans émotion. Beaucoup de sincérité dans ce texte.
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