Camille
vaque aux occupations d’un dimanche matin ordinaire : un peu de lecture et de
ménage, puis elle ira brosser ses poneys, et marcher quelques kilomètres dans
les bois, avec son chien. La météo est
incertaine mais, juste à ce moment là, un rayon de soleil à travers les
feuilles jaunies des arbres incite à la promenade.
Saturne, son rouge de Hanovre, somnole devant
l’âtre.
Le téléphone sonne.
— Allo ?
— …
— D’accord, on se retrouve dans une heure.
Le chien a dressé les oreilles et ouvert les yeux
: il sent que ce qui se prépare va lui plaire.
— Viens, Saturne, on va travailler.
En disant cela, elle prépare ses bottes en
caoutchouc, son fusil, enfile sa parka, et rejoint sa voiture.
Près d’une heure plus tard, elle retrouve le chasseur
qui l’attend au point de rendez-vous.
— J’ai touché un cerf hier, mais nous ne l’avons
pas retrouvé, dit le chasseur.
— Vous avez des traces pour le début de la piste ?
— Venez par ici, je vais vous montrer.
Saturne renifle quelques poils ensanglantés sur
une branche et, sans hésiter, s’enfonce dans le bois. Camille et le chasseur peinent à suivre son
rythme, tant il est sûr de lui.
Ils arrivent dans une clairière où se reposent
quelques biches; elles bronchent à peine, comme si elles savaient que Saturne
ne leur veut aucun mal. Hier, pourtant,
lors de la battue, les chiens étaient enragés et le gibier, coincé entre les
aboiements et les coups de fusils, n’avait qu’une envie : fuir, et très vite.
A cet endroit, Saturne hésite quelques minutes, et
Camille craint que la piste s’arrête là : les odeurs sont vraiment mélangées,
il a plu pendant la nuit, les feuilles et l’herbe sont mouillées; les indices
se sont probablement estompés.
Pourtant, le chien repart d’un pas décidé vers un
massif de ronces, que Camille écarte à mains nues : sa soeur lui demandera
encore demain d’où viennent toutes ces griffes, et pourquoi elle n’a pas mis
ses gants de sécurité; elle lui répondra qu’elle les a oubliés, dans la
précipitation du départ.
Soudain, Saturne s’arrête, et tourne autour d’un
bosquet, au milieu duquel gît le cerf : il a perdu beaucoup de sang, est très
faible, et ses yeux déjà vitreux fixent le chien, comme s’il était soulagé de
le voir arriver. Effectivement, son
calvaire s’arrête là. Une fois de plus,
Saturne a bien travaillé, et Camille le félicite chaleureusement.
Tandis que le chasseur discute au téléphone pour
organiser le transport du cervidé, ils repartent tous les deux, à un rythme
bien plus lent. Ils ont l’habitude de
marcher dans ces contrées ardennaises et pourtant, chaque saison amène ses
surprises. Contrairement aux autres
années après le 11 novembre, les arbres arborent toujours leurs chaudes
couleurs, un vent frais souffle dans les branches; comme c’est agréable !
Ensemble, ils cheminent en profitant du moment.
Je confirme qu'il faut bien un rouge de Hanovre pour ne pas se perdre dans la forêt ardennaise !
RépondreSupprimerEt pour y trouver Rimbaud, il faut marcher longtemps ! ;-)
Un texte très olfactif. C'est beau.
RépondreSupprimerJ'ai senti la mousse humide, les feuilles qui craquent, et le poil du chien qui sent l'âtre... Heureusement, pas d'odeur de cartouche ! Je n'aime pas la chasse...
¸¸.•*¨*• ☆
Je suis pas très chasseur, mais j'apprécie la balade en forêt telle que tu la relates.
RépondreSupprimerJoli récit, mais la chasse et moi ...
RépondreSupprimerDucon Trump vient d'autoriser l'importation de l'ivoire des défenses d'éléphants, Il ne Trump personne et surtout pas ceux qui en portent une ... De Trompe ! ];-D
Une scène de chasse très visuelle et sereine. Je serais de mauvaise foi en disant que je n'aime pas la chasse parce que j'aime le gibier. Qu'on me pardonne.
RépondreSupprimerMais je peux dire que je n'aime pas les chasseurs en bande qui crient, défoncent les chemins avec leurs véhicules tout terrain. Ils me font peur. Autant qu'au gibier !
difficile aussi pour moi d'imaginer la scène de chasse, et je conseille pourtant le film "L'école buissonnière" tourné en Sologne par Nicolas Vanier où il est question d'un majestueux vieux cerf...
RépondreSupprimerMerci pour vos commentaires indulgents : je n'ai jamais participé à la moindre chasse, mais la photo est de moi, lors d'une promenade, précisément dans la terre labourée par les sangliers, et les horribles ornières provoquées par les Jeeps.
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est la saison de la chasse pour le moment et il faut faire sacrément attention (même le dimanche, pendant les marches organisées). C'est donc bien décrit, encore plus si tu n'as pas participé à ce genre d'activité. Mais on reconnaît bien la région. J'aime beaucoup et pourtant, comme les autres, je n'aime pas la chasse... Il paraît que ça régule le gibier, mais bon...
RépondreSupprimerton texte est intéressant et la ballade en forêt est belle
RépondreSupprimermais je n'aime pas les chasseurs !!
J'aime beaucoup cette balade champêtre et tant pis pour ceux qui n'aiment pas les chasseurs.
RépondreSupprimer