Le ciel, comme un ruban bleu.
Je pourrais vous parler sans me lasser de toutes ces ruelles en pentes…
Les ruelles du Haut-Var, de Sillans, de Cotignac, d'Aups ou de Salernes où mes pas aiment à m'égarer. Celles où mes yeux se réjouissent car ils attendent les panoramas dévoilés au travers d'une ouverture à l'arc roman.
Je pourrais vous narrer celles des Alpes de Haute Provence ou des Alpilles.
Celles qui offrent en cadeau, le paysage languedocien ou toscan….
Elles sont sublimes.
Et pourtant, c'est ailleurs que je vous emmène.
En Haute-Savoie. A Annecy.
Dix années au plat pays, m'avaient aidée à construire la notion d'horizontalité !
Trois semaines dans la Venise savoyarde contribueraient à construire la notion de verticalité.
Je n'avais jamais rien vu ni entendu de pareil.
Le nom de la rue : Côte Saint Maurice.
Son aspect : sombre, en escaliers, entre des maisons à quatre étages.
Le ciel par-dessus ressemblait à un long ruban bleu intense où le soleil faisait son apparition entre onze et treize heures.
Dans cette rue, je connus les plus belles émotions.
J'aimais d'abord monter, au plus loin qu'il m'était permis d'aller, vers le château.
Le ciel était plus large, les toits des maisons s'alanguissaient au soleil, moi aussi.
Alors, les yeux plein de lumière, je redescendais les marches, lentement, car je savais que l'obscurité me percuterait bientôt.
J'arrivais devant la maison d'Hélène. Elle était jolie.
La maison, aux mille géraniums.
Hélène, des yeux malicieux, une chevelure sauvage dans laquelle j'aimais plonger mes doigts. Elle était mon modèle pour quand je serais grande.
Nous nous asseyions sur un bac de pierre. Elle posait du vernis rouge. Sur mes ongles d'abord et puis sur les siens. Nous nous quittions sur un bisou claquant. Je dansais sur les marches et j'arrivais
devant la maison, celle où nous logions. Le rideau se balançait doucement et je criais : « Je descends »
Quelques marches plus bas, je me plaquais contre la façade « de l'autre côté » de la maison de l'Italienne. Ça criait du matin au soir. Et pourtant, je ne voyais personne. Juste des assiettes qui volaient et s'écrasaient parfois en mille éclats blancs sur les vieilles marches de la Côte Saint-Maurice. Je me demandais quel saint il fallait invoquer pour me protéger de la chute de faïences.
Je continuais la descente, me réjouissant d'avance de la vitrine contre laquelle j'allais, une fois de plus, écraser mon nez et bavarder avec « ma » poupée.
Elle était magnifique. De vrais cheveux aux courtes boucles blondes. Une robe au corsage rose et à la jupe plissée, délicatement fleurie.
Ses bras et ses jambes étaient en plâtre peint mais son visage… Son visage avait une peau de bébé.
J'étais en adoration, en pâmoison.
Et puis, je m'enhardissais. Plus bas encore. Je m'adossais contre la maison aux grosses pierres d'angle apparentes.
J'écarquillais mes yeux et me gavais du spectacle de la rue sainte Claire où se nichaient, sous les arcades, les boutiques aux mille couleurs, aux mille saveurs. Je respirais. Je vivais.
Le clocher de La Visitation sonnait, je comptais.
Il était temps de remonter la pente.
j'aime ton texte et j'aime aussi beaucoup Annecy ... je me suis permis de rajouter une photo de la Côte Saint Maurice (qui doit avoir 2 ou 3 ans) ...
RépondreSupprimerPour bien connaitre l'endroit, je l'ai retrouvé avec grand plaisir!!!
RépondreSupprimerJolie promenade dans des souvenirs encore bien présents
RépondreSupprimerMerci, Arpenteur, je suis très touchée par ton attention!
RépondreSupprimerCe récit se situe dans les années 58-59...r
Merci aussi à Chri et Vegas!
RépondreSupprimerAnnecy est une ville très romantique. Je l'ai découverte la première fois à 10 ans. La Côte était nettement moins colorée que sur la photo.(Jolies couleurs et belles rénovations!)
J'y suis retournée dans les années 80...
Peut-être à remettre au programme de mes sorties pour cette année!