mardi 26 janvier 2016

Clémence - Fantastique

Le ciel est vert.

Elle ferme doucement la porte de l'appartement et descend au garage. La voiture est prête.
L'aventure commence à trois heures du matin.
Première pause. Refaire le plein, boire un petit café, se rafraîchir. Tout va bien.
Les vignes s'invitent dans le paysage. Deuxième pause. Boire un café, grignoter un croissant, se rafraîchir. Tout va bien. Les heures et les kilomètres se déroulent dans une paisible régularité.
Les indications chantent la Provence, les cigales aussi.
Le ciel et le soleil ne se sont pas avares de leur plénitude.
Son coeur s'emballe. La Saint-Victoire n'est pas loin.

Enfin, sa silhouette apparaît, toujours aussi belle.

La fatigue se manifeste par de légers picotements aux yeux et au bout des doigts. Elle décide de prendre la prochaine sortie. Quelques minutes perdues sur trois semaines de vacances, ce n'est pas grave !

Elle est troublée. Le paysage semble ne plus être celui qu'elle connaissait. Et pourtant, elle n'a pas quitté l'autoroute. La prochaine sortie n'est pas encore annoncée.
Elle passe une main sur son visage et respire profondément. Elle a retrouvé son assurance.

La sortie est annoncée. Elle se prépare à prendre la bretelle. Un éclair l'éblouit. Lorsque sa vision redevient normale, elle se rend compte qu'elle a raté la sortie de Saint-Maximin.
- Va pour la suivante...

Elle prend la sortie suivante. Tout va bien. Elle connaît l'itinéraire comme sa poche. Et pourtant le paysage semble ne plus être le même.
Elle entend de petits crépitements, comme le sable qui crisse entre les doigts.
Le feuillage des chênes descend plus bas, laissant apparaître trois ou quatre branches maîtresses nues.
« Une lièvre » traverse la route, les quatre fers en l'air.
Le monde tourne un peu fou….
Le soleil est bas et il est à peine quinze heures.
Une heure ou deux de décalage, à l'heure d'été ?
Les nuages défilent comme une rivière pétillante.
Depuis les inondations, des travaux de vigilance sont réalisés…
Les oliviers ont déposé leur couronne à terre.
Ce n'est pas la période pour les tailler. Ou c'est de la négligence !
Les panneaux sont à l'envers….
Encore des petits rigolos….
L'air devient lourd….
Le réchauffement climatique ? Ma clim est-elle défaillante ?
Le ciel devient turquoise.
Le Verdon ne coule pas ici…
Le ciel est vert. L'herbe est bleue.
Le temps et l'espace se sont effacés.

Un choc. Elle n'existe plus.
Un grondement. Les roues tournent dans le vide.
Elle cligne des yeux, bouge la tête. 

- Rassurez-vous, vous vous en sortez avec quelques contusions..

6 commentaires:

  1. "Le ciel est vert. L'herbe est bleue."
    ça sentait le "tonneau" à plein nez!
    Moi aussi, quand j'entends parler de cigales et de Sainte-Victoire j'ai envie d'appuyer sur le champignon comme si j'allais à la rencontre de Pagnol que j'adore.

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  2. Il y a tonneau et tonneau ! ;)))

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  3. il y a comme un malaise :(

    j'ai repensé au film "tandem" de Patrice Leconte, dans lequel un "chien rouge" est responsable d'un accident

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  4. Bien vu, j'aime !
    Méfions nous des climatisations déréglées dont les émanations vous tournent les sens et vous envoient au fossé...

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  5. Arpenteur d'étoiles28 janvier 2016 à 19:03

    excellent Clémence ... un 'tit tonneau avec de simples contusions c'est une véritable aventure qui peut faire basculer le monde :o)

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  6. Ouf! Plus de peur que de mal. Et combien de trouvailles

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