Prunelles - Anaphores

Tout le monde et moi seul

Tout le monde, est en bas. Moi seul au-dessus d'eux. Tout le monde marche. Moi seul je vole droit, aspiré par le haut. Tout le monde est seigneur de son corps. Moi seul m'égare et je navigue à vue. Tout le monde suit son parcours. Moi seul, je vibrionne. Tout le monde s'entend, se voit, se sourit et se touche. Moi seul je crie, je poursuis et je cherche ; et je suis effaré. Tout le monde s'aime. Moi seul si détaché et pourtant encore là. Tout le monde travaille. Moi seul, j'ai oublié pourquoi.

Tout le monde ; moi seul en spectateur. Moi seul spectateur après tous, courant et galopant. Moi seul spectateur à mon corps, à mon corps défendant devenu élastique comme un corps étranger sinuant. Moi seul spectateur à mon cœur, à mon cœur défendant mon foyer devenu dense et lumineux.

Tout le monde est en bas et puis je me retourne. Moi seul alors devant l'arcade.

Tout le monde m'attend, tout le monde réjoui. Tout le monde m'accueille. Moi seul vacille. Moi seul m'enivre. Moi seul je sens l'audace revenir. Moi seul et mon opalescence. Enfin j'ai retrouvé tout le monde et moi seul. J'avais éteint Moi Seul en perdant Tout Le Monde. J'avais troublé Tout Le Monde et toutes ses merveilles en laissant ma dépouille.

Je Nous ai retrouvés et vous m'avez cherché depuis l'autre côté. Je me dirige sans détours. Riez.

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