Le coup de pied de Vénus
(Le procès d’un beau salopard)
Aurore
s’était endormie sur le siège passager. Sa chevelure brune encadrait son visage
à l’ovale raphaélique. Je garais le véhicule et la réveillais en soufflant
doucement sur ses paupières.
- Nous sommes arrivés.
Elle s’étira, mis ses bras autour de mon cou et m’embrassa doucement.
- Je crois avoir un peu dormi. Où sommes-nous ?
- Nous sommes arrivés.
Elle s’étira, mis ses bras autour de mon cou et m’embrassa doucement.
- Je crois avoir un peu dormi. Où sommes-nous ?
- Dans l’endroit le plus extraordinaire que je connaisse.
- Mais encore ?
- Au Cosmos Hôtel. Allez, viens.
Je
prenais nos bagages quand un groom se précipita.
- Heureux de vous revoir, monsieur. Vous avez fait bon voyage ? Où dois-je monter vos bagages ?
- Sur Vénus, bien entendu, Joshua. Je glissais un billet dans sa main et entraînais Aurore vers la réception.
- Heureux de vous revoir, monsieur. Vous avez fait bon voyage ? Où dois-je monter vos bagages ?
- Sur Vénus, bien entendu, Joshua. Je glissais un billet dans sa main et entraînais Aurore vers la réception.
L’architecture
du Cosmos Hôtel était pour le moins avant-gardiste : un arbre gigantesque
composé de huit branches étagées le long d’un tronc monumental, et orientée
chacune vers une planète du système solaire. Chaque branche comportait une
dizaine de suites dotée d’une immense baie vitrée dont la partie centrale était
en tout point semblable à la lentille d’un énorme télescope. Faire l’obscurité
dans la pièce et activer électriquement cette lentille vous plongeait dans
l’espace pour un voyage immobile centré vers la planète choisie. Celle-ci
devenait parfaitement visible, comme accessible. L’expérience vécue alors se
révélait unique. Allongé confortablement sur des banquettes suspendues, on
flottait dans l’immensité galactique. Mieux encore, l’arbre hôtel en entier
pivotait doucement sur un axe accompagnant le mouvement perpétuel de la voie
lactée.
Aurore
était la huitième à me suivre là-bas. J’avais gardé Vénus pour elle, parce que
son prénom évoquant la naissance du jour, s’accordait avec l’apparition de
Vénus à la nuit tombée. J’avais encore en ce temps-là des lubies de cet ordre.
Au gré des derniers mois, j’avais offert Neptune à Ondine, découvert Mercure
avec Pénélope, visité Saturne auprès de Claire, et Mars sur les ailes de la
douce Colomba. J’avais marché sur Jupiter avec Indira, voyagé vers Pluton avec
Lucille et avec Estelle vers Uranus.
-
Je rêve, murmura simplement Aurore en découvrant la chambre et le salon
attenant.
Le
jour glissait vers le crépuscule qui nous environnait peu à peu. Nous avions la
suite la plus haute de toutes, la branche Vénus étant elle-même la plus élevée
de toutes les ramifications du Cosmos Hôtel. Un léger souffle parfumé pénétrait
par la baie entrouverte. Côte à côte, appuyés à une rambarde transparente, nous
avions l’impression d’être à la proue d’un navire intersidéral parti à la
conquête de l’infini.
La
nuit qui s’ensuivit fut toute entière dédiée à Vénus, à tout point de vue. Au
matin clair, réveillé par les oiseaux, je trouvais une Aurore au regard un peu
trouble et prête à sortir. J’en éprouvais moi-même une sorte de malaise. Elle
s’approcha et d’une voix posée :
- Tu sais, Sol, aujourd’hui sera pour toi, un jour un peu ... spécial.
- Et en quoi donc ? Elle échappa, mutine, à mon étreinte.
- Rejoins-moi au salon Alpha du Centaure vers onze heures. Elle déposa un baiser léger près de mon oreille et sortit, me laissant interdit.
- Tu sais, Sol, aujourd’hui sera pour toi, un jour un peu ... spécial.
- Et en quoi donc ? Elle échappa, mutine, à mon étreinte.
- Rejoins-moi au salon Alpha du Centaure vers onze heures. Elle déposa un baiser léger près de mon oreille et sortit, me laissant interdit.
A
onze heures, je poussais la porte du salon. Il y régnait une pénombre habitée.
Au fond, une grande table derrière laquelle étaient assises plusieurs personnes
que je ne pouvais deviner.
- Assieds-toi, Sol. Dans le fauteuil, juste devant toi. La voix était ferme mais sans agressivité. J’obéis.
- Assieds-toi, Sol. Dans le fauteuil, juste devant toi. La voix était ferme mais sans agressivité. J’obéis.
La
lumière se fit progressivement dans la pièce et devant mes yeux éberlués je
découvris mes huit conquêtes. Mais derrière chacune d’elle se tenait, imposant,
le dieu ou la déesse de l’Olympe protecteur de la planète que nous avions
connue ensemble. Ce fut Aurore qui parla la première :
- Aujourd’hui, cher Sol, va se dérouler ton procès en séduction. Comme tu peux le voir, chacune de nous sera aidée par une divinité. Mais pour que l’équilibre et l’équité soient respectés, toi-même sera sous la protection d’un Dieu. Cependant, nous ne savons pas lequel a pris ce risque, lequel a choisi de tenir ce rôle.
- Aujourd’hui, cher Sol, va se dérouler ton procès en séduction. Comme tu peux le voir, chacune de nous sera aidée par une divinité. Mais pour que l’équilibre et l’équité soient respectés, toi-même sera sous la protection d’un Dieu. Cependant, nous ne savons pas lequel a pris ce risque, lequel a choisi de tenir ce rôle.
Il
y eu un grand bruit et une forme se matérialisa derrière moi. Je sentis une
main se poser lourdement sur mon épaule. En même temps, un rire colossal
parcourut l’aréopage qui me faisait face. Un rire inextinguible où les voix
claires de mes maîtresses et des déesses se mêlaient aux timbres puissants des
dieux.
Je
me retournais.
Derrière moi, venait de prendre place, inquiétant et superbe, le dieu Pan.
Derrière moi, venait de prendre place, inquiétant et superbe, le dieu Pan.
Nom de Zeus, en voici un périple !
RépondreSupprimerPan ne serait-il pas le protecteur des bergers...
Belle imagination, et toujours le trait superbe et sûr, chapeau !
Je renchéris quelle imagination !
RépondreSupprimerMais Pan n'est-il pas Éros un dieu de l'amour ? (Jouer à zizi-panpan).
Une sacrée aventure entre dieux et planètes... et une belle écriture pour la porter. Bravo !
RépondreSupprimerpar Belzébuth, le grand Bouc se tient derrière lui :)
RépondreSupprimerUne histoire de septième Ciel... :)
RépondreSupprimerC'est ça, aussi ! de vouloir jouer dans la cour de grands :p
RépondreSupprimerTu m'épateras toujours, vieille branche ;)
Un texte passionnant qui me rappelle le finale de "Don Giovanni..." et le Commandeur....
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