J'avais l'habitude de prendre le 46, autobus parisien
réputé pour ses passages aléatoires et ses horaires fantaisistes. C'était à l’époque
où il n'y avait pas de panneau indiquant combien de minutes l'usager devait
attendre avant l'arrivée du bus.
Ce matin- là, à l'arrêt
situé juste en face du zoo, une dame
attendait...
La cinquantaine un peu dépassée, je la trouvais plutôt
jolie et très élégante dans son tailleur strict, avec sac à main assorti et un
mignon cabas, destiné aux menus achats dans un grand magasin, du moins je le
supposais.
- Pardon Madame, l'interpellai-je, il y a longtemps que
vous attendez ?
- Oui, répondit-elle, mais l'autobus vient de passer.
Tiens, elle n'attend pas le bus me dis-je . Je
m'interrogeai quelques secondes et peu importe pensai-je, j'avais eu mon info, je m'apprêtais à attendre
un bon moment...
Soudain, une voiture s'arrêta devant la dame qui s'approcha
et après avoir répondu au " Combien ?" du chauffeur, elle s'engouffra
dans le véhicule qui disparut à vive allure.
Je restai médusée et me sentis tout à fait ridicule. Je me
disais "Ma pauvre fille, tu es d'une naïveté qui confine à la
sottise". Mais elle avait l'air si respectable !
Nous nous revîmes de temps en temps. Nous prîmes l'habitude
d'échanger quelques propos anodins durant nos attentes respectives.
La conversation tournait souvent autour du temps qu'il
faisait, la pluie, le vent, les premiers jours de printemps. - il est vrai que
la météo avait une certaine importance dans l'exercice de sa profession...
Et le temps passa, Je ne la vis plus. Aujourd'hui, j'imagine
qu'elle a pris sa retraite... Mais je l'aimais bien ma respectable
respectueuse.
Les bonobos en tailleur et sac à main... mais que font les gardiens?
RépondreSupprimer« Cucullus non facit monachum. » comme nous l'a si bien rapellé Jacou...
RépondreSupprimerTrès bien amené, j'aime beaucoup.
RépondreSupprimer...d'autant qu'il est rare dans ce milieu et chez la femme, sans vouloir jouer au contradicteur, que l'habit ne fasse pas...la religieuse en cornette.
amusante méprise qui nous rappelle combien nous sommes remplis de préjugés
RépondreSupprimerBien joué... euh... avec le temps, bien dé-joué....
RépondreSupprimerMaintenant elles sont à vélo comme de respectables promeneuses et les sous-bois leur servent de lupanars.
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