Quand je regarde et/ou je lis des portraits de femmes
variées et enrichissants ou "avariés" et consternants; quand je
découvre les parcours de ces femmes d'hier et d'aujourd'hui, je me dis
qu'aurais-je été, qui serais-je si j'étais née à cette époque, sous l'Ancien
Régime, au dix-neuvième siècle comme mes arrière grand-mère, dans la première
moitié du vingtième siècle comme mes grand-mères ou ma mère encore. Il est vrai
que je me pose aussi la question lorsque je vois ou lis des portraits
d'hommes qui se sont comportés en héros ou au contraire ont agi comme des
salauds? Qu'aurais-je fait par exemple si j'avais été torturé ou poursuivi
comme mon grand-père par l'occupant? Aurais-je résisté comme lui et d'autres ou
aurais-je succombé à la pression morale et/ou la douleur, une campagne
dont je connais déjà un peu le côté pernicieux et tout simplement insupportable?
Quand je parcours dans les grandes lignes des faits divers ou
récits de monstres ordinaires ou même seulement de banalité ou bêtise affligeante,
je me dis parfois qui suis-je pour les juger ces femmes qui n'ont pas eu cette
instruction qui donne des repères, des exemples d'aînées parfois écrasants mais
aussi stimulants? Je me pose plus la question face à des femmes (que pour des
hommes) que j'admire tellement l'écart entre la hauteur de
vue de certaines et leur indépendance d'esprit (de toutes sortes) et
l'asservissement(sous divers aspects) qui a tout de même semblé
être le lot de beaucoup de femmes à de nombreuses époques et dans de nombreuses
contrées. J'ai pu voir aussi ce qu'il en était des femmes dans d'autres
pays que le nôtre où il faut, tout de même, mieux être femme qu'ailleurs:
droit à l'avortement, à la contraception, à la sexualité, à travailler etc.
Rien n'est parfait mais il me semble que c'est parfois aussi le fait des femmes
elles-mêmes , certaines paraissant oublier qu'aucun droit n'est acquis à
jamais; des femmes ont lutté avant nous, quelle force a t-il fallu à Olympe de
Gouge pour déclarer les droits des femmes? Quel courage a t-il fallu à
Simone Weil(qui avait pourtant déjà tant souffert auparavant) pour se lever
contre son propre camp, résister aux paroles abjectes de ses confrères et nous
donner le droit l'avortement, même si y recourir restera, je crois toujours une
souffrance. J'ai vu aussi un jour Gisèle Halimi dont la culture la
prédisposait peut-être autant à la soumission qu'aux combats qu'elle a menés?
Comment face à ce que j'appelle des héroïnes, des femmes de tous horizons
peuvent encore se comporter à vie comme des midinettes prépubères(que j'ai
été), croire à des histoires stupides de princes charmants et promouvoir des
modèles de pacotille qui scient la branche que nous avions atteinte par
nos glorieuses aïeules qui n'avaient pas nos droits mais devaient les arracher.
Où lire Laura
Où lire Laura
Le thème prétexte à un texte dense et engagé à juste titre bien évidemment. Un regard aigu sur les sociétés ; les trois portraits sont finalement des illustrations justifiées de ton texte ...
RépondreSupprimerMilitantisme et quelque vérités bien frappées... Mais y a encore du boulot pour les femmes.
RépondreSupprimeravec le sourire
merci pour le mot "engagement"
RépondreSupprimerje frappe plutôt la tequila
j'ai toujours le sourire
mais ces choses-là ne me font guère sourire
sans que je me sente militante
Un texte très dense, en fond et en forme... une longue méditation où, dans tous ces combats des autres, on se dit tout à coup: "Et moi, qu'aurais-je fait?"
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