Costa dei Trabacco
J'étais installée à une terrasse, face à la mer lorsque mon portable sonna. Je souris lorsque je vis le nom s'afficher sur l'écran. En une fraction de seconde, je me remémorai les beaux jours que nous avions passé en Ombrie, sur les rives du lac Trasimène.
Mariella : Où es-tu ?
J'étais étonnée par cette question. C'était comme si elle savait que j'étais là, près de chez elle.
Moi : Rocca di...Non, Fossacesia. Bord de mer.
Mariella : J'arrive demain matin.
Je lui communiquai mon adresse.
Tout se passa très bien. Les retrouvailles furent chaleureuses. Nous avions tant de choses à nous raconter.
- A toi l'honneur, me dit-elle.
Je lui fit un résumé de tous les chambardements qui avaient secoué ma vie, lui faisant grâce de certains détails encore douloureux.
- A ton tour, lui-dis-je.
Elle remonta ses lunettes solaires dans sa chevelure où brillaient quelques fils argentés. Je la fixai dans les yeux. J'y décelai un petit quelque chose qui éveilla mon attention.
Elle posa sa main sur mon poignet, respira profondément et commença d'une voix lente.
- Te souviens-tu de Massimo ?
- Oui … il avait l'air sympathique, tu étais heureuse, non ?
- Au commencement, oui. Mais l'amour rend aveugle...
- Ne me dis pas que tu as été aveuglée. Toi ? Impossible…
- Jure moi que ce que je vais te dire restera un secret entre nous…
- Tu me fais peur. Est-ce si terrible ?
- ….
Mariella raconta son histoire avec Massimo. Ou : « Comment le prince charmant est devenu le diable en personne ».
Banal. Comme tant d'histoires d'amour qui virent au fiasco…Et pourtant, la suite allait se révéler moins banale.
- Un jour d'été, nous nous étions affreusement querellé. Je menaçai de porter plainte pour…
- Le salaud ! m'écriai-je ?
- ...il me proposa de passer quelques jours non loin d'ici, pour se faire pardonner. Mais, le temps du repentir fut bref. Le cauchemar prit le relais. Ses colères se succédaient au rythme des bouteilles qu'il vidait…Un soir de répit, il me proposa d'aller voir les trabucco.
- Les ????
- Oui, tu sais, ces filets de pêche suspendus près d'un ponton…
- Ah, les carrelets.
- Lorsque nous arrivâmes, il me proposa de descendre de voiture et d'aller vers le carrelet, le temps qu'il gare sa voiture. Je voulais encore y croire, un peu, un tout petit peu...Alors, j'ai cru qu'il arriverai avec une bouteille de champagne et un bouquet de roses…
- Et il arriva les mains vides….
- Et imbibé, comme un baba au rhum…Je l'ai regardé. Fixement. Platement. J'étais muette. Cela l'a désarçonné. Puis une colère foudroyante a explosé. Les cris, les injures, la main levée...Je continuai de le regarder. Froidement. Sans crainte. J'avançais vers lui, une main en poche. Il prit peur et recula.
- Et …
- Non, je n'avais pas besoin d'arme ! Non… il s'en est chargé tout seul. Sa colère et l'alcool le faisaient tituber. J'avançais, il reculait. Et…
- Il tomba à la renverse, dans le filet, c'est cela ?
- Oui. Le treuil s'est déclenché. Deux ou trois grincements. Je ne bougeais pas. Il posa un pied sur l'autre. Il croisa ses mains sous sa tête. Il me semblait qu'il souriait. Installé à son aise dans le filet. Je regardais, hypnotisée par ce spectacle insolite.
- Et….
- Et rien. Je suis restée, plantée là. Je regardais. J'attendais. Il y eut encore quelques grincements.
- Et ?
- Les grincements se sont rapprochés. J'ai entendu un immense « splatch »…. Et je me suis retournée et je suis partie.
- Comme ça ?
- Oui, sans regrets et sans remords. Je suis rentrée chez nous… euh, chez moi….
- Que s'est-il passé ensuite ?
- Rien, j'ai attendu. La police est arrivée un soir. Elle m'a demandé si je connaissais un certain Massimo… J'ai dit « oui ». Ils ont enchaîné:
- Son corps a été découvert dans un trabucco. Ivre mort et mort à la fois….
Elle eut un étrange sourire.
- Ne le dis à personne. Jure….
- Promis, répondis-je….
Je sais qu'aujourd'hui , que je romps ma promesse en vous racontant son histoire. C'est de votre faute. Il ne fallait pas publier cette photo sur le blog. Mais je vous fais confiance, je suis sûre que vous ne nous trahirez pas….
Compte sur nous le secret est bien gardé !
RépondreSupprimerJ'y comptais bien. D'ailleurs, je me demande si ma requête n'était pas superflue....
SupprimerPas un mot.
RépondreSupprimerNi même deux, hein;))
SupprimerPromis, Clémence.
SupprimerMes amies me connaissent de réputation : avec moi, les secrets sont toujours bien gardés, n'est-ce pas ? Ah, un coup de fil, c'est Marion, il faut quand même que je lui raconte ça, c'est une très bonne amie. Mais tout ça restera entre nous.
RépondreSupprimerOui, oui, Anne, je connais ta réserve! D'ailleurs, tu n'as (jamais) rien vu venir d'autre que le soleil qui poudroie...
SupprimerMais quoi? Qu'ouïs-je? Marion? Pour sûr, elle va tout balancer sur la ErTéBéef...
On assassine impunément, ha ha...
RépondreSupprimerLa peste soit des alcooliques.
J'aime ta conclusion bicéphale!
Supprimerc'est ce qui s'appelle "appâter avec du lourd" :)
RépondreSupprimerLogique !!! Tu nous a bien appâté(e)s avec ta jolie photo!
SupprimerUn thème-photo qui a particulièrement suscité les émotions et les sensibilités ...
Je suis muette d'admiration...tu ne risques donc rien ! ;-)
RépondreSupprimer¸¸.•*¨*• ☆
Merci Célestine! Je vais pouvoir dormir tranquille cette nuit encore!
SupprimerLes coups de filet... c'est plutôt dans l'autre camp, non ?
RépondreSupprimerFaut bien casser la routine....
Supprimerles secrets bien gardés finissent toujours par être révélés :o)) et l'alcool aide parfois à s'en débarrasser ... une petite flûte de champagne ?
RépondreSupprimerEuh....pour la petite flûte, j'hésite. ...trop peur d'en dire de trop....
SupprimerBoh, ça va, y a pas mort d'h... Ah, si. Ben, tfasson, t'as bien dû changer les prénoms pour en faire une fiction Non ?... Nooon !! :D
RépondreSupprimerLà, Tiniak, je laisse planer le doute sur le changement des prénoms. P't'être que oui, p't'être qu'non...va savoir ;)))
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