J’ai écrit ce texte il y a quelques années. Il parle de la « grande guerre » et d’un soldat écrivant un poème dans une tranchée, avant un improbable assaut. Etait-il un voleur de feu ?
Peut-être, peut-être pas. Mais dans son cœur brûlait un puissant feu intérieur. Il raconte les infinies douleurs des femmes et des hommes et imagine un dialogue avec Dieu, tellement éloigné de son humanité.
Avant l’assaut
Peut-être, peut-être pas. Mais dans son cœur brûlait un puissant feu intérieur. Il raconte les infinies douleurs des femmes et des hommes et imagine un dialogue avec Dieu, tellement éloigné de son humanité.
Avant l’assaut
Et nous voilà encore à l’aube des batailles
L’orage n’a cessé son grondement d’enfer
L’angoisse m’envahit le cœur et les entrailles
Car demain s’abattra le déluge de fer.
Serré contre les autres dans un obscur silence
Chacun va ressassant la douleur qui l’étreint
Et pense tristement à ses bonheurs anciens
A celle qui l’attend toujours dans l’espérance
Et moi je suis assis dans le froid de la terre
Je devine les rats qui courent sur ma capote
Un briquet d’amadou un court instant éclaire
Un visage harassé, d’une lueur falote
Je revois la Margot et sa jolie tournure
Son regard de pervenche son délicat sourire
Sa main serrant la mienne montant dans la voiture …
… La guerre a tant brisé de tendres avenirs
Bientôt le jour va poindre. Comme je le redoute !
A l’aboiement des ordres il nous faudra surgir
Et devenir des fauves, et étouffer nos doutes
Oublier que jamais cela ne va finir
Moi je crois que ce soir nous verrons le Bon Dieu.
Nous lui viendrons debout, tout couvert de vermines
Certains seront sans bras, d’autres seront sans yeux
D’autres auront laissé leurs jambes sur les mines …
Et lui sera assis environné d’archanges.
Et je m’avancerai appuyé sur un autre
Peut-être le Marcel, le Joseph ou le Jacques
Pour demander combien encore de patenôtres
Ou d’Ave Maria pour cesser les massacres.
Pour demander aussi à quoi sert la douleur
Des femmes effondrées devant les sépultures
Quel pêché payons-nous, quelle indicible erreur
Mérite autant de haine et autant de blessures
Et puis je lui dirai ; regarde-nous Seigneur
Regarde nos visages comme vieilles passoires
Plus criblées par les trous que ne sont dés à coudre.
Nous puons le malheur malgré Tes encensoirs
Les relents de la mort ne peuvent se dissoudre
Dans les odeurs d’encens enveloppant les chœurs.
L’orage n’a cessé son grondement d’enfer
L’angoisse m’envahit le cœur et les entrailles
Car demain s’abattra le déluge de fer.
Serré contre les autres dans un obscur silence
Chacun va ressassant la douleur qui l’étreint
Et pense tristement à ses bonheurs anciens
A celle qui l’attend toujours dans l’espérance
Et moi je suis assis dans le froid de la terre
Je devine les rats qui courent sur ma capote
Un briquet d’amadou un court instant éclaire
Un visage harassé, d’une lueur falote
Je revois la Margot et sa jolie tournure
Son regard de pervenche son délicat sourire
Sa main serrant la mienne montant dans la voiture …
… La guerre a tant brisé de tendres avenirs
Bientôt le jour va poindre. Comme je le redoute !
A l’aboiement des ordres il nous faudra surgir
Et devenir des fauves, et étouffer nos doutes
Oublier que jamais cela ne va finir
Moi je crois que ce soir nous verrons le Bon Dieu.
Nous lui viendrons debout, tout couvert de vermines
Certains seront sans bras, d’autres seront sans yeux
D’autres auront laissé leurs jambes sur les mines …
Et lui sera assis environné d’archanges.
Et je m’avancerai appuyé sur un autre
Peut-être le Marcel, le Joseph ou le Jacques
Pour demander combien encore de patenôtres
Ou d’Ave Maria pour cesser les massacres.
Pour demander aussi à quoi sert la douleur
Des femmes effondrées devant les sépultures
Quel pêché payons-nous, quelle indicible erreur
Mérite autant de haine et autant de blessures
Et puis je lui dirai ; regarde-nous Seigneur
Regarde nos visages comme vieilles passoires
Plus criblées par les trous que ne sont dés à coudre.
Nous puons le malheur malgré Tes encensoirs
Les relents de la mort ne peuvent se dissoudre
Dans les odeurs d’encens enveloppant les chœurs.
C’est pour ça qu’il fallut que Tu me fasses naître ?
Pour que pleure ma mère devant Ton abandon ?
Je verrai dans Ses yeux une larme paraître
Et peut-être qu’alors il me dira « Pardon »
A genou devant moi. Et pleureront les anges.
Alors, la chère Madone toujours fleurie de roses
De la petite église où j’allais le dimanche
M’ouvrira ses bras blancs, pour qu’enfin je repose.
Pour que pleure ma mère devant Ton abandon ?
Je verrai dans Ses yeux une larme paraître
Et peut-être qu’alors il me dira « Pardon »
A genou devant moi. Et pleureront les anges.
Alors, la chère Madone toujours fleurie de roses
De la petite église où j’allais le dimanche
M’ouvrira ses bras blancs, pour qu’enfin je repose.
Collection bibliothèque municipale de Dijon |
Sans voix devant tant de profondeur... Mille soupirs et un bravo, l'ami.
RépondreSupprimerpfou ! c'est beau, mais c'est trop attristant en ce jour :(
RépondreSupprimerpourquoi "en ce jour" ?
Supprimerc'est vrai que ce poème est triste, mais je l'aime particulièrement. Et puis mon grand père maternel, Dragon jusqu'à Verdun écrivait des textes de chansons sur un cahier (non inventées par lui, mais familières) dans les tranchées, avant d'être fait prisonnier, puis de partir dans une ferme allemande où il vécut correctement jusqu'à la fin de la guerre
En ce jour, parce qu'en France c'est la fête des mères...
SupprimerCela n'enlève rien à la splendeur de ce texte.
Bises cher arpenteur
¸¸.•*¨*• ☆
J'ai pas les mots tant c'est fort, poignant, criant de cette vérité qui fait que l'homme sera toujours contraint de tuer l'homme et d'en souffrir - sous les yeux d'un "D"ieu tellement indifférent...
RépondreSupprimerAh ! Cher Arpenteur, « la guerre a tant brisé de tendres avenirs »... Magnifique ton texte l'Arpenteur ! Merci !
RépondreSupprimerUn poème très fort. "Quel péché payons-nous ?" Qui peut répondre ici bas ? Oui, très fort.
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