Elle n’a pas de grigri, elle n’en a jamais eu. Ou
peut-être que si, mais sans le savoir.
Elle avait 9 ans quand son papa lui offrit une
poupée en celluloïd, noire et affublée d’un pagne, comme c’était la mode du
moment. Elle ne l’aimait pas beaucoup, cette poupée, mais n’en dit rien pour ne pas peiner ce papa déjà malade et qui mourut quelques mois plus tard,
les laissant seules, sa maman et elle . Son frère aîné faisait son service
militaire (deux ans à l’époque) chez les chasseurs ardennais, Il fallait tenir jusqu’à son
retour quand il retournerait au travail.
Elles eurent faim et froid. Pour se réchauffer
peut-être, elle glissa la poupée dans la poche de son manteau. Curieusement, sa
présence la réconfortait. En sortant de l‘école, elle la serrait fort, comme
une retrouvaille. Quand elle avait envie
de pleurer, elle la serrait fort, comme une consolation; quand elle étudiait de
toute son âme pour sortir un jour de l’impasse, elle la serrait fort, comme une
promesse.
Elle n’a jamais su si la poupée lui avait
porté chance. Mais aujourd’hui, se retournant sur son passé, elle le croit.
C'est vraiment trop mignon...
RépondreSupprimer¸¸.•*¨*• ☆
Un vrai merci, Célestine. :)
SupprimerJ'ignorais qu'en proposant ce thème, tu nous offrirais ce baigneur en celluloïd si attachant !
RépondreSupprimerSans le savoir, il fut un gri-gri en pagne. Bien plus qu'une poupée, je crois!
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Supprimerla poupée ou le doudou réconfort, porteur de toute l'affection de celui ou celle qui l'a offert
RépondreSupprimermerci de nous avoir conté cette histoire émouvante
dans mon langage de psy on l'appelle beaucoup moins poétiquement "l'objet de transition" qui permet de rassurer l'enfant et d'affronter les séparations en serrant fort quelque chose qui vient de sa maison, et de ses parents (ou supports d'affection et de sécurité)
Tu viens de m'apprendre ce rôle essentiel de "l'objet de transition"; j'ignorais vraiment qu'en cachant ce "gri-gri" dans la poche de son manteau, en le retrouvant et le serrant fort, la petite fille affrontait le chagrin, la solitude, le futur...Merci, Tisseuse, c'est comme un voile qui se déchire et m'aide à comprendre.
SupprimerLe doudou rassurant et porte chance, si cher aux enfants d'aujourd'hui...
RépondreSupprimerÉmouvant.
l'objet de transition c'est le Doudou des enfants , bien connu des instits de bases dont je fis partie ; chez les adulescents et adultes actuellement c'est iphone. Moi je préfère la poupée et peu importe qu'elle soit belle ou moche...
RépondreSupprimerAbsolument d'accord avec toi, Lilousoleil!
SupprimerC'était donc aussi, (mais ils ne le savaient pas) le réconfort des enfants d'autrefois. Merci, Jean-Claure
RépondreSupprimerbelle douce et tendre histoire ; les doudous, les peluches, les poupées sont de vrais personnages tellement importants pour les petits et les plus grands aussi. Ils leur parlent, racontent leurs peurs, leurs douleurs, leurs rêves et leurs jeux ...
RépondreSupprimerJe comprends bien ce que la poupée représentait pour cette enfant : un lien d'amour avec son père d'abord puis une "chose" bien à elle surtout et cela compte quand on possède peu.Je ne sais pas non plus si cette poupée a été porteuse de chance mais elle a été une présence réconfortante. C'est cela que je ressens en lisant ce beau texte.
RépondreSupprimerUne belle page intime. Page, qui appelle, en cascade, les relations parents-enfant sous tous les aspects, dont la peur de la séparation et la peur de l'abandon. Merci à Tisseuse d'apporter son regard et à Lilou, son expérience!
RépondreSupprimerMoi, j'ai aimé le style sobre, simple et si profond à la fois pour l'histoire de cette petite fille et de la toute petite poupée (puisqu'elle entrait dans la poche...)